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Nos Lecteurs ont la Parole

Je reste... pour rendre ce pays meilleur

Le changement au Liban a pointé le bout de son nez un 17 octobre, avec des manifestations qui se sont vite transformées en révolution. Toujours est-il qu’il ne suffit pas de détrôner les dirigeants d’une nation pour renouveler l’âme d’une population et pour altérer des stéréotypes ancrés dans un inconscient collectif forgé depuis des années à la soumission au « chef », à l’indifférence face à la situation du pays ou, très souvent, à une ignorance indirectement imposée à une catégorie bien définie de la population.

Même si les révolutionnaires ne sont plus présents dans la rue pour continuer de crier leur mécontentement et leur rage, la révolution demeure présente partout parce que les vraies révolutions, celles qui modifient le destin d’un peuple, sont celles qui s’accomplissent à un rythme lent… Les grandes révolutions sont celles qui touchent les mœurs et les pensées d’une société.

Dans le livre VII de La République, Platon décrit la situation de captifs enfermés depuis leur naissance dans une caverne et incapables de bouger de leur place ou de tourner leur tête afin de regarder du côté de la lumière. Ils ne voient ainsi que les ombres des objets et des hommes et les considèrent par conséquent comme réels. Lorsque les liens de ces hommes sont détachés et qu’on les oblige à regarder du côté de la lumière, leurs yeux souffrent et ils trouvent une grande difficulté à s’accommoder à la forte lumière. Ils jugent ainsi les ombres plus réelles puisqu’ils pouvaient les regarder sans difficulté. Le prisonnier qui sort de la cave et qui se met en contact direct avec les images réelles éprouve certainement le besoin de revenir chez ses semblables afin de leur faire part de ses découvertes. Cette entreprise se révèle d’une extrême difficulté pour lui, étant donné qu’il a grand mal à s’adapter de nouveau à l’obscurité de la cave. Il lui incombe de même de combattre l’incrédulité de ses semblables qui, n’ayant pas oublié la douleur aux yeux causée par la forte lumière, préfèrent ne rien regarder et donc ne point changer leur conception.

Platon expose en termes imagés l’incapacité des hommes à accéder à la réalité ainsi que la difficile transmission de la connaissance. Les partisans, vivant dans l’incompréhension et le confort des habitudes, sont hostiles à tout changement. Afin d’en séduire le plus grand nombre possible, ainsi que par méprise de la part des membres, les dirigeants parviennent à propager une politique porteuse de promesses de prospérité, faisant miroiter aux yeux des adeptes des espérances utopiques, tout en adoptant une idéologie basée sur le mensonge et la manipulation des masses.

Or la génération d’aujourd’hui, plus clairvoyante et mieux informée, ne supporte plus le laisser-aller, la passivité et la velléité dont elle a été témoin depuis sa naissance. Il n’existe probablement pas encore des statistiques qui mesurent le détournement des adeptes qui deviennent de plus en plus conscients des promesses mensongères, mais ce qui est certain, c’est qu’il n’est plus question d’une révolution au Liban… Il s’agit plutôt d’une évolution et, comme le dit Gustave Le Bon, « l’âme des peuples est issue d’un délicat dosage entre malléabilité et rigidité ». De ce fait, les partisans politiques se feront de moins en moins nombreux parce que la rigidité d’esprit n’aura plus sa place dans la société actuelle et qu’elle conduira prochainement à la décadence et à l’autodestruction de ces groupes sociaux qui suivent toujours, sans aucun sens de discernement, un « chef ».

À ceux qui suivent aveuglément un politicien, aux vieux d’esprit, aux rigides, aux hommes des cavernes qui refusent de voir clair… vous avez eu l’occasion de travailler comme bon vous semble et sans aucun professionnalisme… Le résultat ne nous plaît guère, il ne plaît à personne d’ailleurs … En dépit de l’état désastreux du pays que vous nous avez laissé en héritage, je reste… Je reste pour ne pas avoir un jour honte de regarder mon fils dans les yeux et avoir à trouver des excuses parce que j’ai voulu prendre le chemin le plus facile, celui de la passivité, du manque de volonté, du laisser-aller, du « ce n’est pas grave », du « ça va s’arranger de toute façon », du « ça a toujours été comme ça »… et de toutes ces expressions que j’ai entendues durant mon enfance. Je reste pour essayer, jusqu’à mon dernier souffle, de faire de mon mieux pour rendre ce pays meilleur. Je reste pour vous prouver, vous les partisans bornés, que suivre un politicien n’a eu que des inconvénients, que seuls les principes, les idéologies, les programmes électoraux et le travail concret, laborieux et sérieux comptent.

Non, je ne serai jamais prête à sacrifier mon sang pour « un chef », ni à me courber devant un politicien pour demander une faveur ! Non, mon pays ne va pas « vers l’enfer », Monsieur le Président, parce que la charogne que vous êtes n’est pas en mesure de tracer l’avenir d’une génération bouillante de vie, de rêves et d’énergie.


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Le changement au Liban a pointé le bout de son nez un 17 octobre, avec des manifestations qui se sont vite transformées en révolution. Toujours est-il qu’il ne suffit pas de détrôner les dirigeants d’une nation pour renouveler l’âme d’une population et pour altérer des stéréotypes ancrés dans un inconscient collectif forgé depuis des années à la soumission au...

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