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Société - Coronavirus

Berry fait miroiter la promesse d’une loi d’amnistie

La proposition du chef du législatif de réunir le bureau de la Chambre a redonné quelques espoirs aux détenus.


Berry fait miroiter la promesse d’une loi d’amnistie

Des détenus dans l’enceinte de la prison de Roumieh. Photo d’archives DR

Et rebelote. La loi d’amnistie, maintes fois amendée et examinée à l’Assemblée pour finalement être soit rejetée, soit renvoyée en commission, pourrait se voir de nouveau parachutée au sein de l’hémicycle, sous prétexte de lutter contre le Covid-19, qui se propage dans la prison de Roumieh, le plus grand centre pénitentiaire du Liban.

C’est ce qui transparaît de la convocation adressée hier par le président du Parlement Nabih Berry aux membres du bureau de la Chambre, invités à une réunion mercredi pour étudier notamment le texte relatif à l’amnistie générale.

Réclamée à cor et à cri par des proches de détenus, alors que de nombreux cas de coronavirus ont été enregistrés dans la prison de Roumieh, l’adoption d’une loi d’amnistie a longtemps été instrumentalisée pour des raisons plus politiques qu’humanitaires. Ayant fait l’objet de marchandages destinés à trouver un équilibre communautaire parmi les détenus susceptibles être graciés – des sunnites, tout comme des chiites et des chrétiens –, plusieurs textes ont déjà été présentés à ce jour, sans toutefois faire l’unanimité parmi les différents blocs parlementaires.

Pour mémoire

Plus de double urgence à la loi d'amnistie : un revers pour le tandem chiite

Le dernier texte qui devait être voté en mai dernier a fini par être retiré par le chef du Parlement du fait des tiraillements qui se sont manifestés entre les défenseurs, principalement les sunnites et chiites, et les détracteurs de cette loi, en majorité les députés et partis représentatifs des chrétiens.

En plus de l’amnistie concernant près d’un millier d’islamistes qui croupissent depuis des années en prison, certains sans avoir été jugés, la dernière mouture prévoyait également l’annulation des mandats d’arrêt dont font l’objet plusieurs dizaines de milliers de repris de justice, des chiites en grande majorité, et la libération de détenus liés à des affaires de drogue. L’amnistie des Libanais et de leurs familles réfugiés en Israël depuis le retrait de l’État hébreu du Sud-Liban avait été ajoutée à cette dernière version, une revendication défendue par le Courant patriotique libre.

On ignore toujours quel sera le texte retenu cette fois-ci par le Parlement, sachant que les précédentes versions ont déjà circulé sans jamais susciter d’accord entre les différents blocs.

Selon une source qui suit de près ce dossier, l’appel de M. Berry ne serait pas innocent. Le chef de l’Assemblée ferait ainsi d’une pierre deux coups en calmant les esprits au sein de la prison de Roumieh, menacée de mutinerie, et damant le pion au chef de l’État.

Une minifronde en préparation

C’est qu’un vent de révolte souffle sur le centre carcéral en raison de la surpopulation et des conditions inhumaines de détention. Dans une vidéo qui a circulé tout récemment sur les réseaux sociaux, on peut voir des dizaines de prisonniers massés dans la cour de l’établissement pénitentiaire et l’un d’entre eux dire : « Nous avons donné une semaine à l’État pour nous sortir de prison. Le délai se termine demain (hier soir). Nous demandons aux forces de l’ordre de ne pas nous faire face. Nous avons promis que nous sortirons. Nous allons ouvrir les prisons. Nous demandons à nos proches de se rendre nombreux à la prison lundi, mardi… et jeudi. » De sources concordantes, la vidéo provient principalement des détenus du bâtiment D, et non des islamistes incarcérés, lesquels ne tarderaient pas à recourir à leur tour à l’escalade si une solution n’était pas entre-temps trouvée, comme le relève un prédicateur proche de ces milieux. « Pour l’instant, leur demande est en priorité une loi d’amnistie. À défaut, la réduction des peines et l’accélération des procès pour tous ceux qui n’ont pas été jugés », commente le prédicateur. Quoi qu’il en soit, ce serait donc pour calmer cette fronde que M. Berry aurait convié le bureau de la Chambre à une réunion mercredi prochain, faisant ainsi miroiter, une fois de plus, l’espoir d’une amnistie que les proches des détenus ont réclamée une fois plus hier lors d’un sit-in organisé devant la prison.

« L’annonce a déjà produit ses effets », confie à L’Orient-Le Jour une source sécuritaire qui souligne que cette nouvelle promesse d’examiner la loi d’amnistie a quelque peu « anesthésié » les frondeurs.

Une réplique au chef de l’État ?

L’autre objectif que viserait le chef du législatif serait, soutiennent certains analystes, de riposter à la proposition formulée hier par le chef de l’État, Michel Aoun, dans laquelle il se prononce en faveur de la rotation de l’attribution des portefeuilles ministériels régaliens. En somme, ce faisant, le président s’est ouvertement positionné contre le monopole du tandem chiite au sujet du ministère des Finances auquel sont attachés Amal et le Hezbollah. « La loi d’amnistie serait donc une sorte de contre-défi qu’aurait lancé ainsi M. Berry », commente une source qui suit de près ce dossier.

Le président du Parlement peut en effet espérer obtenir la majorité simple requise pour l’adoption de cette loi, maintenant que les huit députés qui s’y opposaient farouchement ont démissionné. Sauf qu’il serait quand même rattrapé par le contreseing du chef de l’État, qui est requis.

Volet sanitaire

Entre-temps, c’est sur le volet sanitaire que tentent de plancher les autorités. Hier, la direction des Forces de sécurité intérieure (FSI) a publié un communiqué dans lequel elle explique les mesures d’urgence et de prévention qu’elle compte mettre en place en coopération avec le ministère de la Santé. Un plan d’urgence a été examiné pour tenter d’endiguer le fléau au sein du plus grand centre de détention au Liban qui regroupe près de 4 500 détenus répartis dans des locaux prévus pour en accueillir trois fois moins.

À la fin de la semaine dernière, le ministre sortant de la Santé, Hamad Hassan, avait dévoilé l’existence des premiers cas de Covid-19 au sein de la prison de Roumieh. Des contaminations qui ont augmenté en flèche au cours des derniers jours, jusqu’à atteindre plus de 326, selon les derniers chiffres fournis hier par les FSI.

Je.J.

Et rebelote. La loi d’amnistie, maintes fois amendée et examinée à l’Assemblée pour finalement être soit rejetée, soit renvoyée en commission, pourrait se voir de nouveau parachutée au sein de l’hémicycle, sous prétexte de lutter contre le Covid-19, qui se propage dans la prison de Roumieh, le plus grand centre pénitentiaire du Liban. C’est ce qui transparaît de la convocation...

commentaires (4)

C'est parce que j'ai dit que N. Berry a des attitudes démagogiques que j'ai été censurée ce matin? Ou parce que j'ai dit qu'on allait rarement en prison par hasard? Peut-être parce que j'ai demandé s'il était en train de se faire plus de place... car certains n'y vont jamais en prison bien que ça soit un secret de Polichinelle qu'ils méritent amplement de s'y trouver.

Sybille S. Hneine

19 h 59, le 22 septembre 2020

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Commentaires (4)

  • C'est parce que j'ai dit que N. Berry a des attitudes démagogiques que j'ai été censurée ce matin? Ou parce que j'ai dit qu'on allait rarement en prison par hasard? Peut-être parce que j'ai demandé s'il était en train de se faire plus de place... car certains n'y vont jamais en prison bien que ça soit un secret de Polichinelle qu'ils méritent amplement de s'y trouver.

    Sybille S. Hneine

    19 h 59, le 22 septembre 2020

  • le duo infernal semble sentir le vent- le mauvais nauseabond vent - les frapper durement. essayer a ce stade d'appâter des partisans en est une preuve irrefutable !

    Gaby SIOUFI

    13 h 24, le 22 septembre 2020

  • Presque tous les crimes graves sont commis par des anciens détenus, donc récidivistes. Consultez le registre de la police, et notez cette réalité. Avec la turbulence sociale actuelle, tout faux pas, risque de mener au chaos sécuritaire.

    Esber

    11 h 11, le 22 septembre 2020

  • aurait il besoin de bras? J.P

    Petmezakis Jacqueline

    00 h 19, le 22 septembre 2020

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