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Nos Lecteurs ont la Parole

« Aidez-nous à dévoiler les méfaits d’une clique moribonde, mais qui résiste »

La vie sociale au Liban reste très rythmée par les rituels et les rites. Les Libanais vous sont déjà reconnaissants d’avoir effectué une première visite de condoléances le 6 août, alors qu’aucun des (ir)responsables politiques libanais n’a eu la décence de dire à la population éprouvée les mots attendus de regret ou de consolation. Serait-ce qu’ils sont morts eux-mêmes ?

Quand il y a deuil, les visiteurs venus présenter leurs condoléances posent immanquablement deux questions :

Qu’a-t-il/elle eu ?

Quel âge avait-il/elle ?

Vous vous garderez bien de poser la question de l’âge du Liban. Vous ne le connaissez que trop bien. Cent ans. Vous en êtes le parrain. Vous êtes un témoin privilégié de sa vie sans doute aussi romanesque que tumultueuse. En général, les gens posent la question de l’âge pour s’éviter émotions et épanchements excessifs à partir d’un seuil, fixé de manière très personnelle. Cent ans d’une vie pleine de turpitudes devraient placer le pays moribond (?), mort (?) dans la catégorie de ceux pour lesquels on n’attend même pas une larme furtive. Il a vécu. Bien ? Mal ? Qu’importe !

À la question de la cause de l’agonie, on vous fournira un faisceau de diagnostics contradictoires. Pays mal né, mal formé. Pays-message, comme l’a dit Jean-Paul II, ou pays boîte aux lettres à l’usage « des axes » ? Ce pays n’est pas notre patrie, il est notre enfant. Et quel que soit l’âge et la condition d’un enfant, c’est toujours une immense douleur pour un parent d’être désenfanté.

Cette douleur, nous la vivons chacun dans sa chair et collectivement. Un politologue résume les responsables de nos drames et tragédies en « m & m » : la conjonction de la milice et de la mafia.

Vous aviez conseillé, recommandé, en août, la formation d’un gouvernement d’union nationale, ne sachant peut-être pas qu’au Liban, ce terme désigne la collusion des chefs de partis confessionnels responsables de la bérézina actuelle. Ceux-là sont aujourd’hui malades de déni et s’accrochent au pouvoir pour assurer leur impunité. Ils s’étaient d’ailleurs installés au lendemain de la guerre civile au moyen d’une loi d’amnistie les absolvant des crimes commis durant la guerre. Vous nous dites : « Vous les avez élus. » Ils peuvent donner l’impression d’être arrivés par des voies démocratiques, mais c’est toujours à travers des lois électorales taillées à leur mesure et le verrouillage des scrutins.

Les jours qui ont précédé votre arrivée ont posé un sourire sur nos visages affligés tant était risible leur précipitation à bâcler les consultations pour faire montre de leur zèle et éviter que vous ne les gourmandiez. Je pense que votre retour a aussi encouragé les acteurs de la société civile et de la révolution d’octobre à donner un coup de collier à leurs négociations et à l’annonce d’un pacte coalisant les acteurs qui ne se sont pas sali les mains pendant les trente dernières années. Merci !

Plutôt que de tisser un linceul pour le Liban, peut-on vous demander, au titre de bailleur et comme condition préalable au déblocage des fonds CEDRE, FMI, GIS… de contraindre m & m à adopter une loi, une seule sur laquelle un nouveau Liban peut espérer se refonder. Une loi sur la transparence de tous les comptes de toutes les administrations publiques.

Au lieu de poser un linceul sur le corps moribond du Liban, s’il vous plaît, Monsieur Macron, aidez-nous au contraire a dévoiler les méfaits criminels d’une clique certes moribonde, mais qui résiste. Je vous le demande entre deux sanglots, au titre de l’assistance à population en souffrance, en danger, au titre du devoir d’ingérence pour un pays en voie de disparition.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

La vie sociale au Liban reste très rythmée par les rituels et les rites. Les Libanais vous sont déjà reconnaissants d’avoir effectué une première visite de condoléances le 6 août, alors qu’aucun des (ir)responsables politiques libanais n’a eu la décence de dire à la population éprouvée les mots attendus de regret ou de consolation. Serait-ce qu’ils sont morts eux-mêmes ?...

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