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Nos Lecteurs ont la Parole

Le 4 août aurait pu être un jour comme les autres

En cette fin d’après-midi ensoleillée, la petite Alexandra se serait assise sur la plage, un sourire innocent sur ses lèvres. Après une longue journée, Joe aurait été s’allonger sur l’herbe à l’ombre d’un chêne et aurait contemplé la vallée du haut de sa montagne. Margo aurait lu le journal et se serait endormie en regardant son émission préférée à la télé, depuis le vieux fauteuil en cuir où elle avait fait son nid.

Mais rien de tout cela ne survint. La petite s’en alla sans comprendre pourquoi ou comment. Sans même savoir ce que c’était que de mourir. Joe attendit trois jours sous les décombres, avant que l’on vienne à son secours. On ne retrouva alors que son corps sans vie, écroulé sous le poids du temps passé sous les ruines, la main sur le crucifix doré qu’il portait autour du cou. Lui aussi céda sa place parmi nous. La fière Margo, du haut de ses quatre-vingt-treize ans, aurait dû suivre le fil de la longue rivière du temps jusqu’à son embouchure. Mais le cours de ses jours, comme pour tant d’autres, fut coupé, rompu, détruit par le malheur qui affligea notre terre. Après ce jour, il n’y aura plus de jours heureux pour beaucoup d’entre nous, qui erreront désormais dans le labyrinthe de la nostalgie.

Les morts ne verront jamais la justice de leurs propres yeux. La vengeance n’est que celle des vivants. Ceux-ci qui, par malheur ou par bonheur, blessés ou indemnes, se tiennent toujours parmi nous. Ceux qui, comme l’un de ces oliviers centenaires, courbent le dos pour ne pas rompre. Ceux qui espèrent toujours et ceux qui ont cessé de croire. Parce que l’espoir est trop difficile lorsque chaque bataille se solde en défaite. Ceux qui se demandent pourquoi ils sont toujours en vie alors que d’autres ont péri et que d’autres encore croupissent encore sous les cendres froides.

Rien de tout cela n’aurait dû advenir. Le 4 août aurait pu être une journée comme les autres, avec son train régulier de joies et de soucis bénins. Mais nous ne sommes pas pour autant un peuple maudit. Ce n’est pas la destinée qui nous afflige. Ce n’est pas un Zeus qui nous punit. Ce n’est pas un volcan qui nous incinère. Ce n’est pas l’éclair qui nous frappe. Ce n’est pas la Terre qui nous ensevelit.

C’est l’avarice, la cupidité, l’ego, le narcissisme de ceux pour qui le pouvoir est une raison d’être. Ceux pour lesquels la vie n’a de sens que s’ils dominent et écrasent les autres. Ceux qui ne se satisfont que du malheur des autres. Cette race d’hommes dont la place n’est qu’au fin fond du plus noir des cachots. Ceux pour lesquels nous inventâmes la géhenne, l’infernal abîme où nous aimerions les voir dépérir pour l’éternité, à défaut de pouvoir les amener à comparaître devant la justice des hommes.

Chez les Égyptiens d’antan, les portes du paradis n’étaient ouvertes qu’à ceux dont le cœur avait la légèreté d’une plume. Ne vous faites pas d’illusions, chers « dirigeants », les vôtres sont du plomb le plus infect. J’espère juste que nous vous mettrons aux fers sur cette terre, que vous ne tuerez plus, avant que les tréfonds ne vous emportent.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

En cette fin d’après-midi ensoleillée, la petite Alexandra se serait assise sur la plage, un sourire innocent sur ses lèvres. Après une longue journée, Joe aurait été s’allonger sur l’herbe à l’ombre d’un chêne et aurait contemplé la vallée du haut de sa montagne. Margo aurait lu le journal et se serait endormie en regardant son émission préférée à la télé,...

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