Le Liban, qui affronte des taux records de contaminations au coronavirus et des hôpitaux débordés par les malades du Covid-19 et les blessés de la gigantesque double explosion du 4 août au port de Beyrouth, est entré vendredi dans une période de reconfinement de 17 jours, décrété par les autorités, qui ne semble cependant être respecté que de manière relative. Assorties d'un couvre-feu quotidien de 18h à 6h, ces mesures ne concernent pas les quartiers sinistrés par la double explosion meurtrière. L'aéroport international de Beyrouth fonctionne, lui, normalement.
Selon la circulaire du ministère de l'Intérieur précisant les modalités de ce reconfinement, les sociétés privées et commerciales, les magasins, les centres commerciaux et les marchés populaires, les restaurants, les cafés et les boîtes de nuit, les corniches maritimes, les centres touristiques, les terrains et les clubs de sport, les piscines, les parcs d'attraction et les salles de jeu électroniques seront fermés durant cette période de 17 jours. Les rassemblements et les événements sociaux seront également interdits durant cette période. Pour les restaurants, seuls les services de livraison à domicile et les commandes de plats à emporter sont autorisés entre 6h et 17h. Les banques, elles, resteront ouvertes. D'autres exemptions ont été décrétées. Selon une nouvelle circulaire publiée dans la journée, les bureaux de change, ainsi que les employés de deux opérateurs de téléphonie mobile Alfa et Touch, ont été exemptés de ces mesures, tout comme les sociétés acheminant du matériel de réparation pour les habitations endommagées (carrelage, peinture, matériel sanitaire, électroménager...). Par ailleurs, les librairies pourront ouvrir de 6h à 17h.
Vaccin russe
Malgré ce reconfinement, la circulation était très dense dans la capitale et ses alentours en début de journée. A Halba, dans le Akkar (Nord), et ses alentours, les mesures de confinement étaient très peu respectées. Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), la majorité des cafés et des restaurants de la région, tout comme des magasins, ont ouvert leurs portes en violation des dispositions de ce reconfinement. La plupart des riverains ne portent pas de masques et la distanciation sociale n'est pas respectée, précise l'agence. Les forces de l'ordre ont ainsi dressé plusieurs procès-verbaux et demandé aux commerces ayant ouvert de fermer. A Tripoli, au Liban-Nord, l'armée a effectué des rondes dans les rues de la ville pour demander notamment aux magasins de fermer leurs portes. Selon l'Ani, les mesures de confinement ont été partiellement respectées dans la Békaa et le Hermel. Dans le Sud, les habitants de Tyr et de sa région respectent relativement mieux, à raison de 60 à 70 %, les mesures de confinement. Des barrages de police ont été installés dans plusieurs points de la ville afin de contrôler le port du masque, rapporte encore l'Agence.
"Nous allons publier les noms des contrevenants", a prévenu le ministre démissionnaire de la Santé, Hamad Hassan, à l'issue d'une réunion de la cellule de crise au siège du ministère de la Santé. "Les médecins des cazas et des mohafazats rédigeront des rapports quotidiens sur le respect dans les régions des mesures prévues par la mobilisation générale, et nous agirons en conséquence", a-t-il ajouté.
Hamad Hassan a en outre annoncé que le Liban a réservé, en accord avec l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), des vaccins russes contre le coronavirus, malgré le scepticisme de la communauté internationale au sujet de ce vaccin qui doit encore être testé. "Nous avons obtenu un accord avec l'OMS pour réserver la part du Liban du potentiel vaccin, et une coordination est en cours avec les autorités russes pour obtenir une part du vaccin russe", a-t-il affirmé. Jeudi, Moscou a annoncé le début la semaine prochaine d'essais cliniques auxquels participeront plus de 40.000 personnes pour son vaccin contre le coronavirus, annoncé le 11 août et perçu avec scepticisme par la communauté internationale. Le Spoutnik V, nom donné en référence au premier satellite artificiel de l'histoire, a été perçu avec scepticisme dans le monde, notamment à cause de l'absence de phase finale des essais au moment de son annonce.
De son côté, le président de la commission parlementaire de la Santé, Assem Araji, a regretté dans la journée que le pays n'ait pas été totalement bouclé. "Ce bouclage partiel ne réduira pas considérablement la propagation du coronavirus. Il aurait fallu que le confinement soit total, sans exemptions, pour réduire la vitesse de la propagation de la pandémie", a-t-il déclaré à la radio.
Dans un communiqué, la direction des wakf islamiques au Liban a pour sa part annoncé la fermeture de toutes les mosquées et l'interruption temporaire des prières publiques, à partir de vendredi soir, afin de lutter contre toute propagation du virus.
Jeudi, le Liban avait enregistré quatre décès des suites du coronavirus et 605 nouveaux cas de contamination, portant ainsi à 10.952 le nombre cumulé de cas depuis le début de la pandémie en février, au nombre desquels on dénombre 113 décès.
Un premier confinement d'un mois avait été imposé à la mi-mars, avant d'être progressivement levé, mais l'aéroport n'a rouvert que le 1er juillet avec une activité réduite. Un nouveau confinement a été imposé fin juillet mais n'a duré que cinq jours car levé le jour de l'explosion.
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Un vaccin non validé par la communauté scientifique attention danger Et de surcroît obligatoire Attention à la recrudescence de la sclérose en plaques dans quelques années Dr Fadi Labaki
fadi labaki
17 h 41, le 24 août 2020