Le 25 janvier 2008, Wissam Eid trouvait la mort dans l’explosion d’une voiture piégée au passage de son véhicule à Hazmieh. Survenu dans la foulée des assassinats politiques qui avaient suivi la révolution du Cèdre de 2005, l’attentat avait tué six personnes et fait une quarantaine de blessés. L’officier du renseignement au sein des Forces de sécurité intérieure de 31 ans, ingénieur en télécommunication et originaire de Deir Ammar (Denniyé), se rendait à Monteverde au siège de la commission d’enquête du Tribunal spécial pour le Liban (TSL). Il y était déjà allé la veille pour un complément d’enquête sur l’attentat qui a coûté la vie à Rafic Hariri, le 14 mars 2005. Les investigations du président de la commission d’enquête, le juge Daniel Bellemare, avaient pris une nouvelle direction depuis plusieurs mois déjà. Le travail de l’officier au sein du département dirigé alors par le général Wissam el-Hassan (lui-même assassiné en octobre 2012) avait donc été considéré comme crucial pour l’évolution de l’enquête internationale de l’ONU, ouverte au lendemain de l’assassinat de l’ancien Premier ministre. Chargé de la coordination entre les FSI et la commission d’enquête internationale, il avait contribué à constituer un dossier suffisamment solide pour justifier la mise en place d’un Tribunal spécial pour le Liban.
Dans un rapport qu’il avait fourni sur une série d’appels téléphoniques effectués avant et après l’attentat, Wissam Eid déchiffrait les données téléphoniques liées à l’assassinat de Rafic Hariri. Il montrait, grâce aux antennes-relais et à la géolocalisation des téléphones mobiles, qu’un certain nombre d’appareils avaient suivi l’itinéraire des six voitures du convoi de Rafic Hariri, quelques minutes avant son assassinat. Et que ces téléphones avaient cessé d’émettre, deux minutes avant l’attentat. Des informations qui n’avaient jamais été exploitées jusque-là par les enquêteurs, notamment les prédécesseurs du juge Bellemare, Detlev Mehlis et Serge Brammertz. Le juge Bellemare les a exhumées avec le rapport du capitaine. Même après la mort de ce dernier, elles constitueront pour les enquêteurs internationaux, intégrés à partir de 2009 au TSL, de précieux documents.
Selon nombre de ses pairs, Wissam Eid, promu à titre posthume au grade de commandant, était « la tête pensante de l’équipe », « un travailleur solitaire », « un grand talent », voire un « génie discret » qui a contribué à établir le lien logique entre les éléments de preuve de nature téléphonique. « L’ingénieur aurait identifié un réseau de huit lignes interconnectées. Un lien présumé entre ce réseau et une ligne fixe dans la banlieue sud de Beyrouth aurait de plus été retracé », selon L’Orient-Le Jour du 25 janvier 2018.
L’assassinat de Wissam Eid est survenu au lendemain d’un rendez-vous qu’il a eu avec les enquêteurs de l’ONU et au moment où ces derniers commençaient à se réorienter vers la piste du Hezbollah plutôt que celle de Damas. Ce qui a permis de penser que son élimination n’était « pas un hasard ». « L’ironie du sort est que cet assassinat ait été coordonné sur place au moyen de talkie-walkie, c’est-à-dire selon les vieilles méthodes. C’est dire que les commanditaires avaient compris ou ont été informés du travail de déchiffrage des données téléphoniques qui s’opérait au sein des FSI. »
Douze ans après l’assassinat de Wissam Eid, aucune responsabilité n’a été déterminée et les coupables courent toujours. Il y a deux ans, sa mère regrettait dans une interview à L’OLJ que justice n’ait toujours pas été rendue. « J’aurais voulu avoir la consolation de savoir que, dix ans après son assassinat, le sang de mon fils et de tous les autres martyrs n’a pas coulé en vain », déplorait-elle. « Si la vie de mon fils était le prix à payer pour que notre pays connaisse de meilleurs jours, j’aurais pu comprendre ce qui nous est arrivé. Mais ni la justice n’a été rendue ni la vérité dévoilée », ajoutait-elle. Mme Eid dénonçait aussi que « personne n’ait voulu dévoiler au grand jour l’identité des assassins, encore moins œuvrer dans ce sens ». « Tout ce que nous voulions savoir, c’est qui a tué notre fils, ce jeune homme de 31 ans, d’une intelligence atypique, qui excellait partout, à l’école, à l’université et au sein des FSI... », disait-elle encore.
Toutes les pseudoinstitutions étaient à l’époque infestées de criminels et d’espions. Et maintenant, c’est pire encore... comment les déraciner ? Ni armée , ni Les renseignement ni les marionnettes du pouvoir ne seront dire à un pays tout entier la vérité qu’on connaît tous. Wissam Eid, paix à son âme, est une victime tout comme les victimes des attentats de 2005 et du 4 août et a droit à un verdict similairement à celui délivré par TSL le 18 août . Antoine Dagher s’en est pris au blanchiment d’argent et fraudes du parti de Dieu/Mafia et a été assassiné en silence. Paix aux victimes morts en silence au Liban car justice mafi !
15 h 32, le 19 août 2020