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Nos Lecteurs ont la Parole

Lettre ouverte aux Libanais, champions du discours paradoxal !

Nous savons tous, nous les enfants du Levant, que l’appartenance religieuse au Liban primait sur toutes les autres. Elle définissait et continuait de définir pour chacun de nous son mode de vie, son prénom, son nom, son quartier, son école, son équipe de football, son député, son mariage, son accent, son parti politique et même ses affinités en politique étrangère. Nous le savons bien, il suffit de demander le prénom à un Libanais pour savoir sa confession et son lieu de naissance, et peut-être son appartenance politique. Chaque confession a un pays étranger protecteur qui a son mot à dire pour désigner le président de la République, le Premier ministre et le reste. Chaque confession possède plusieurs partis politiques gérés d’une main de fer par les seigneurs de nos guerres civiles ou leurs descendants, avec des objectifs constants : maintenir le système confessionnel et clientéliste, empêcher toute démocratie et transformer les institutions sociopolitiques en chasses gardées de nos parrains, les chefs de nos cartels, les zaïms.

Mais nos guerres civiles successives, nos crises économiques à répétition, notre situation géopolitique et la famine qui frappe à nos portes nous ont démontré qu’aucune communauté libanaise n’a le droit ou le pouvoir de dominer les autres communautés. Nous vivons et survivrons ensemble, à la vie, à la mort. Cela ne nous empêchera nullement de pratiquer et perpétuer nos croyances religieuses et autres qui font et feront partie de notre richesse nationale.

Certains intellectuels libanais laïcs, modernes, cultivés et révolutionnaires continuent paradoxalement de militer, disserter et rêver d’un État fédéral « laïc » composé des deux entités religieuses :

- l’une chrétienne parrainée par l’Occident, protégée par l’ogre israélien ;

- pour l’autre entité de leur rêve, nos intellectuels éclairés n’ont imaginé qu’une seule chose : des sans-dents, des réfugiés palestiniens, et de tout ce qu’ils considèrent comme racailles de migrants, cette entité sera la sœur jumelle libanaise de Gaza, de Jérusalem et de la Cisjordanie, à savoir une grande prison à ciel ouvert, gardée, surveillée et affamée par les nazillons israéliens.

Mes chers amis isolationnistes, votre rêve sera le nouveau cauchemar du Liban, il aboutira forcément à une troisième guerre civile avec son lot de destruction, de massacres et de malheurs. La dernière guerre civile a provoqué la mort de 150 000 personnes et n’a réglé aucun problème politique; par contre, elle a permis aux seigneurs de la guerre et aux marchands de religion de renforcer leur pouvoir et de continuer à s’enrichir.

Mes chers amis sécessionnistes, beaucoup d’entre vous ont participé aux dernières manifestations de contestations qui ont secoué le Liban; vous étiez fiers de défiler ensemble et de scander des slogans contre le confessionnalisme et contre les politiciens mafieux et véreux. Vous étiez ravis de marcher les uns à côté des autres sans vous soucier de l’appartenance religieuse des uns et des autres puisque nous sommes tous dans le même bateau, nous avons tous le même ennemi, nous subissons tous ce système antidémocratique, confessionnel et corrompu qui nous mène aujourd’hui à la catastrophe et même à la famine !

Mes chers amis fédéralistes, revenez à la réalité. Vos songes détruiront nos rêves unionistes de construire un Liban souverain avec ses 10 542 km², un Liban laïc et démocratique, et enfin un Liban indépendant doté d’une seule et unique armée nationale forte et capable de protéger nos frontières et nos ressources.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Nous savons tous, nous les enfants du Levant, que l’appartenance religieuse au Liban primait sur toutes les autres. Elle définissait et continuait de définir pour chacun de nous son mode de vie, son prénom, son nom, son quartier, son école, son équipe de football, son député, son mariage, son accent, son parti politique et même ses affinités en politique étrangère. Nous le savons...

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