
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Nassif Hitti, lors d'un Conseil des ministres à Baabda, le 6 février2020. REUTERS/Mohamed Azakir
Plusieurs responsables politiques libanais ont réagi lundi à la démission du ministre des Affaires étrangères, Nassif Hitti, notamment les représentants des formations politiques notoirement opposées au cabinet de Hassane Diab et au pouvoir, et qui ont appelé les autres ministres à démissionner également.
Samir Geagea, chef des Forces libanaises : "D'abord, je salue le ministre Hitti pour sa transparence, sa bonne foi et sa sobriété car il est rare qu'au Liban un ministre démissionne par fidélité à ses convictions (...) Ensuite, il ressort clairement de la lettre de démission de M. Hitti, que les forces politiques accrochées au pouvoir réel vont transformer le Liban en un Etat failli. Troisièmement, le témoignage de M. Hitti, qui en vaut mille, intervient après un exercice pratique de plus de six mois (...) Enfin, la situation au Liban ne s'améliorera pas tant que le Hezbollah, le Courant patriotique libre et leurs alliés tiendront le pouvoir au Liban par le cou". Dans la matinée, le député FL Eddy Abillama, a estimé que cette démission "est un revers pour le gouvernement car il s'agit d'un des ministères régaliens". Cela signifie que le cabinet est impuissant, et c'est ce que M. Hitti a exprimé (...) J'estime que les autres ministres doivent présenter aussi leur démission car ce gouvernement s'est disloqué, a-t-il ajouté.
Samy Gemayel, chef des Kataëb : "Nous saluons l'initiative de Nassif Hitti qui montre le caractère stérile et les tergiversations du gouvernement dans les dossiers économiques, sa subordination aux partis sur lesquels repose système, son éloignement de la réalité, le discrédit du Liban et les atteintes à ses relations avec les pays qui le soutiennent. La démission du gouvernement est devenue une nécessité nationale". Plus tôt dans la journée, le député Kataëb Élias Hankache, avait déclaré que "la démission de Nassif Hitti est normale pour tout responsable qui se respecte, d'autant que rien de ce qu'il a prévu ou promis ne s'est réalisé", et de conclure : "En attendant les autres !".
Dima Jamali, député du Courant du Futur : "Nassif Hitti était peut-être le seul ministre à mériter le titre de technocrate. Lorsqu'il s'est rendu compte que le gouvernement de Hassane Diab n'était qu'une façade pour faire passer le plan de destruction du Liban, il a pris la fuite. En attendant les autres !"
Marwan Hamadé, député joumblattiste : "Nous retrouvons Nassif Hitti, l'ami, le compagnon et le collègue des conférences internationales, l'ami des grands au sein de la Ligue arabe et des Nations Unies, l'ambassadeur exceptionnel de la Ligue à Paris et à Rome", a déclaré M. Hamadé. "Il s'est révolté contre le cadavre du gouvernement actuel pour revenir dans les rangs du peuple et de la révolution, croyant en un Liban libre, indépendant, démocratique et arabe", a-t-il ajouté avant de conclure : "Ne cherchez pas de remplaçant, rentrez tous chez vous". "Celui qui se respecte, et qui respecte son pays et la volonté de son peuple ne peut pas rester ministre", a renchéri son collègue au sein du bloc Henri Hélou, exprimant l'espoir que cette démission "ouvre la voie à un nouveau gouvernement à la hauteur des espérances des Libanais".
D'autres responsables, proches du Hezbollah et de ses alliés qui parrainent le cabinet Diab, ont également réagi.
Jamil el-Sayyed, député du groupe parlementaire du Hezbollah : "Le ministre des Affaires étrangères a démissionné. Une démission, c'est soit du courage, soit de la lâcheté. Une démission est courageuse si elle a pour raison une absence d'accomplissement ou un dégoût de la corruption. Dans cet État en échec et qui suscite le dégoût, j'admire les présidents, les leaders, les juges et les officiers qui s'accrochent au pouvoir et profitent de la corruption. J'aime également les députés qu'on n'entend pas sur la corruption ou la douleur des gens", dit-il en ironisant.
May Khoreiche, vice-présidente du Courant patriotique libre : "Nassif Hitti a démissionné sans en avoir informé ou coordonné avec (le leader du CPL) Gebran Bassil (...) Vous nous croyez maintenant lorsque l'on vous dit qu'il n'y a pas de ministre CPL au sein du gouvernement ?".
Par ailleurs, le coordinateur spécial de l'ONU au Liban, Jan Kubis, a estimé que la démission de Nassif était un "message". "Ce cri de profonde frustration va-t-il pousser le Liban à enfin travailler sur des réformes et des mesures prenant soin des Libanais, qui plongent tous les jours un peu plus profondément dans la pauvreté et le désespoir ?", s'est-il interrogé sur Twitter.
Sur le plan international, le député français de Lorient Gwendal Rouillard, proche collaborateur du chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, a rendu hommage à Nassif Hitti. "Mes pensées chaleureuses pour @HittiNassif suite à sa démission du gouvernement libanais. Un homme d’Etat attaché à la neutralité positive, à la souveraineté, aux indispensables réformes et aux liens profonds avec la France. Il était là pour servir et, non, pour se servir...", a écrit l'élu français sur Twitter.
Mme May Kharaeich n'en n'est pas à sa première ineptie. Rappelons-nous de son immonde tweet concernant Mme May Chidiac et celui qui lui a valu les foudres de Dar el Fatwa, pour lequel elle a bien voulu s'excuser.
01 h 17, le 05 août 2020