Le ministre français des AE est reparti mais les spéculations sur les résultats de sa visite à Beyrouth vont bon train. Même si dans tous ses entretiens avec les personnalités libanaises Jean-Yves Le Drian a répété pratiquement le même message – un mélange de solidarité et de soutien, en même temps qu’il tirait la sonnette d’alarme –, des analystes ont préféré estimer qu’il y avait derrière ces propos publics des initiatives cachées dont les résultats devraient apparaître bientôt. Ce genre de spéculations avait d’ailleurs commencé avant même l’arrivée du ministre français, lorsqu’une chaîne de télévision avait annoncé qu’il comptait soumettre aux Libanais un plan de relance global. Il est clairement apparu qu’il n’y avait rien de tel dans ses bagages. D’autres ont ensuite annoncé que lors de sa rencontre avec le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, il aurait adopté son appel à la neutralité du Liban et qu’il aurait promis de soumettre ce dossier au Conseil de sécurité de l’ONU, en l’assurant du soutien de la France et des États-Unis.
Des sources politiques et diplomatiques qui ont suivi les préparatifs et le déroulement de la visite de M. Le Drian à Beyrouth ne cachent pas leur étonnement face à ces informations. Selon ces mêmes sources, la visite du ministre français n’est aucunement liée à la proposition d’accorder le statut de neutralité au Liban. Certes, le sujet a été évoqué avec le patriarche maronite et le ministre français a écouté l’exposé du cardinal Raï sur le concept de « neutralité positive ». M. Le Drian a d’ailleurs relevé des similitudes entre ce concept et la politique de dissociation à l’égard des conflits régionaux qui avait été adoptée dans le cadre de la déclaration de Baabda (2012). Mais l’idée de le soumettre au Conseil de sécurité n’a même pas été mentionnée, sachant que ce concept n’a aucun fondement en matière de droit. De plus, le conseil de tutelle des Nations unies ne fonctionne plus. Il a tenu sa dernière séance en 1995, après l’indépendance des îles Palau le 1er octobre 1994. Ces îles sont en effet le dernier territoire sous tutelle (avec une gestion américaine) de l’histoire contemporaine.
Face à une telle réalité, qui a donc intérêt à lancer de telles rumeurs et à faire croire aux Libanais qu’une telle démarche est non seulement possible, mais qu’elle serait sur le point d’aboutir ?
En fait, depuis que le patriarche Raï a lancé son fameux appel à la neutralité le 5 juillet, plusieurs parties politiques ont tenté de récupérer l’idée et de l’utiliser pour tenter de modifier les rapports de force internes libanais. De nombreuses personnalités politiques, principalement dans la mouvance du mouvement du 14 Mars, se sont d’ailleurs rendues à Bkerké ou à Dimane pour affirmer leur appui à l’appel du patriarche et pour l’orienter indirectement contre le Hezbollah, accusé d’entraîner le Liban dans l’axe dit de la résistance, contre sa tendance naturelle en faveur de l’Occident.
Même la visite du chef du Courant patriotique libre, l’ancien ministre Gebran Bassil, à Dimane a été interprétée comme s’il venait compléter la couverture politique chrétienne à l’appel du patriarche en faveur de la neutralité, pour qu’elle soit totale. D’autant que cette visite est intervenue après celle d’une délégation des Forces libanaises, du chef du parti Kataëb et d’une délégation des Marada. Pourtant, Gebran Bassil avait expliqué depuis Dimane que le statut de neutralité exige d’abord une entente interne libanaise et ensuite une reconnaissance internationale. De plus, la neutralité d’un pays ne signifie pas qu’il doive renoncer à ses éléments de force. Or, ces conditions ne sont pas vérifiées et il faut mener un véritable dialogue sur ce sujet.
De même, le patriarche Raï a eu beau expliquer à Baabda que son appel n’est dirigé contre aucune composante libanaise, les commentaires lancés par la suite par ses visiteurs allaient dans le sens d’une mise en cause de la politique du Hezbollah. Et pour donner plus de poids à l’appel du patriarche, il a même été dit qu’il s’apprêtait à se rendre au Vatican pour en parler avec le pape François et ses adjoints et qu’ensuite, il devrait se rendre aux États-Unis toujours pour expliquer cette idée et solliciter l’appui des dirigeants du monde. Or, les sources de Bkerké affirment qu’aucune visite au Vatican n’est prévue sous peu, alors qu’une visite aux États-Unis n’est même pas envisagée.
Face à ces données, il semble donc que ni Jean-Yves Le Drian n’ait promis d’agir activement en faveur de la neutralité positive prônée par le patriarche, même si la France continue d’appuyer la politique de distanciation, ni le patriarche lui-même ne soit sur le point de défendre son point de vue auprès des instances internationales.
Pourquoi, dès lors, certaines parties politiques et médiatiques ont-elles sciemment voulu faire croire qu’il s’agit d’un grand projet bénéficiant d’un appui international et pouvant aboutir à une reconnaissance internationale du statut de neutralité pour le Liban ? Selon les sources proches de Bkerké, en lançant l’idée, le patriarche Raï n’avait nullement l’intention de provoquer un conflit politique intérieur à un moment où les Libanais subissent une crise économique et sociale sans précédent. Il voulait simplement initier un dialogue interne en aidant les différentes parties à trouver des terrains d’entente entre elles, de manière à assurer une certaine protection au Liban. Il ne s’agit donc pas de dresser des parties politiques ou confessionnelles contre le Hezbollah, mais d’essayer, ensemble, de trouver des solutions. Le patriarche Raï ne veut donc pas ajouter un problème à ceux qui existent déjà, mais au contraire contribuer à les résoudre. Et le dialogue reste le seul chemin utile.
Il faut donner ma parole à tous mes chers amis !! N’oublions pas le fameux dicton d’un grand philosophe je ne suis pas d’accords avec ce que vous dites ou défendez mais je ferais tous mon possible pour que vous puissiez le dire !! Ne devenons pas comme eux !! Nous sommes libres nous devons être fort, honnête et droit ce n’est que comme ça que l’on peut former une Nation
18 h 35, le 27 juillet 2020