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Politique - Diplomatie

Paris ne laissera pas s’effondrer le réseau des écoles francophones

Paris ne laissera pas s’effondrer le réseau des écoles francophones

À son arrivée au Collège Carmel Saint-Joseph, Jean-Yves Le Drian est reçu par la directrice de l’établissement, sœur Antoinette Awit, dite Mariam Nour. Mohamed Azakir/AFP

C’est au Carmel Saint-Joseph à Mechref que s’est déroulée hier la dernière étape de la visite officielle de deux jours du chef de la diplomatie française, Jean-Yves le Drian. Une visite axée sur la solidarité de la France envers l’enseignement français et francophone au Liban, qui a vu le déblocage d’une enveloppe de 15 millions d’euros aux 52 établissements homologués et conventionnés du pays (soit 136 milliards de LL environ si l’on compte le dollar au taux de 8 000 LL) dès la rentrée scolaire 2020-2021, et l’annonce d’un fonds parallèle baptisé Fonds Personnaz de deux millions d’euros aux écoles chrétiennes francophones du Liban, accordé à égalité par l’État français et l’association L’Œuvre d’Orient. Un fonds qui pourrait voir ses moyens renforcés, sur décision du président français Emmanuel Macron. Et ce alors que le pays du Cèdre traverse une crise économico-financière inédite et que la livre libanaise s’effondre face aux devises étrangères, mettant en péril plusieurs secteurs parmi lesquels l’enseignement privé.

Sans actions, le risque de dérive
Mais au-delà de cette aide exceptionnelle aux établissements et aux élèves libanais qui constituent « un modèle franco-libanais d’excellence » et la « première puissance éducative de la région » et au-delà de la promesse de la France de « ne pas laisser la jeunesse libanaise seule face à la crise » et « de ne pas laisser s’effondrer le réseau des écoles francophones », le chef du Quai d’Orsay n’a pas manqué de rappeler avec fermeté « les exigences de réformes » de la France. « Ce message d’exigence que j’ai porté aux trois présidents, je le maintiens, a-t-il dit devant la presse. Ce pays est au bord de l’abîme. Et si des actions ne sont pas entreprises, il risque de devenir un pays en dérive. Car il y a des voies de redressement et la France est prête à les accompagner. »

L'éditorial de Issa GORAIEB

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Alors, aux trois pôles du pouvoir qu’il a rencontrés, le chef de l’État, Michel Aoun, le président du Parlement, Nabih Berry, et le Premier ministre, Hassane Diab, il a réitéré la nécessité de « conclure avec le Fonds monétaire international », avec qui les négociations entamées mi-mai restent au point mort, d’engager « la réforme de l’électricité » et d’assurer « la transparence dans les marchés publics ». « Ce sont les exigences de la France et je crois avoir été entendu, a-t-il dit. J’ai entendu le président Aoun faire des déclarations très fortes sur sa volonté de lutter implacablement contre la corruption. » Et sur sa rencontre avec Mgr Raï, le chef de la diplomatie française a estimé, en réponse à une question, que le concept de neutralité prôné par le patriarche maronite n’est autre que de la « neutralité positive ». « Cela veut dire pour moi la distanciation, la souveraineté et la neutralité du Liban (…). Ce message, nous le partageons totalement avec le patriarche », a-t-il assuré.

Sans aucun doute, Jean-Yves Le Drian n’a pas mâché ses mots lors de ses rencontres avec les représentants institutionnels du pays. « Il a été extrêmement ferme, clair et exigeant à l’égard de tous. C’était un discours de vérité et de responsabilité, mettant sur la table les enjeux et la nécessité qu’il y avait pour l’ensemble des acteurs de se fixer ensemble des objectifs de redressement. Sinon ce pays allait partir à la dérive », note à ce titre un haut responsable français. Et les réformes sont la condition sine qua non pour le déblocage de toute aide au pays du Cèdre, mis à part les aides humanitaires ou éducatives. « Tant que les réformes ne sont pas au rendez-vous, la France ne fera pas d’engagement financier au Liban pour combler les déficits divers et variés, sauf pour l’éducation et l’humanitaire. Elle a d’ailleurs cru comprendre que c’est ce que voulaient les Libanais, précise-t-il. S’il y a des réformes, il y aura un engagement de la France pour qu’elles puissent aboutir et pour que la solidarité avec le Liban permette une mobilisation internationale. » Car le problème, c’est que la communauté internationale doute aujourd’hui des capacités des autorités libanaises à mettre en œuvre leurs promesses. « Le problème, ce sont les actes. Car les discours sont finis. Personne n’a plus confiance. Et avec le doute, vous ne pouvez rien bâtir avec la communauté internationale », fait remarquer le haut responsable. Sauf que « la France y croit encore. Mais il commence à se faire tard ».

Renforcer le partenariat
Au Carmel Saint-Joseph, pour accueillir M. Le Drian, qui était accompagné notamment de l’ambassadeur de France, Bruno Foucher, les grosses pointures de l’enseignement privé francophone et des écoles chrétiennes. Parmi elles, le secrétaire général des écoles catholiques, le père Boutros Azar, également président de la Fédération des associations éducatives privées, la représentante de la Mission Laïque française, Andrée Daouk, mais aussi la directrice de l’établissement de Mechref, sœur Antoinette Awit. Un établissement « fort en symboles », révèle le chef de la diplomatie française, parce que ce collège chrétien à programme français qui scolarise une majorité d’élèves de confession musulmane dans le Chouf est connu pour sa mobilisation en faveur du vivre-ensemble, de la paix, de la diversité et de la pluralité. Parce que ce collège se bat aujourd’hui pour sa survie, comme tant d’autres, vu la crise économico-financière qui ravage le pays. Parce que ce sont ces mêmes élèves accompagnés de leurs parents, qui, quelques jours avant le soulèvement populaire du 17 octobre 2019, se sont mobilisés auprès des pompiers, pour protéger leur école de l’incendie qui a ravagé leur région, au péril de leur vie.

En toute liberté, de Fady NOUN

Aide-toi, la France t’aidera

Alors à ce public académique, attaché à sa mission et à la francophonie, Jean-Yves Le Drian a adressé un message d’amitié et de solidarité. Car le Liban compte « plus de 60 000 élèves dans le réseau de l’enseignement français, plus de 330 écoles chrétiennes essentiellement francophones, et plus d’un million d’élèves scolarisés dans des établissements à filières francophones ». Ce qui représente « 10 % des établissements du réseau français dans le monde et 15 % de ses élèves ». Et la France estime nécessaire « de renforcer et d’approfondir son partenariat avec les écoles francophones du Liban qui souffrent de la crise économique et sanitaire ». Le ministre a déploré à ce titre la grande souffrance des familles qui « ne parviennent plus à payer les écolages », celle des établissements qui « n’arrivent plus à payer les salaires de leurs enseignants », insistant sur la nécessité de « briser » cet engrenage et de « ne pas laisser sur le caniveau les établissements partenaires » de la France. « Nous sommes mobilisés pour sauver l’enseignement français. Et nous n’abandonnerons pas », a-t-il conclu, gardant en ligne de mire l’objectif du président français de « doubler les effectifs » de l’enseignement français dans le monde.

C’est au Carmel Saint-Joseph à Mechref que s’est déroulée hier la dernière étape de la visite officielle de deux jours du chef de la diplomatie française, Jean-Yves le Drian. Une visite axée sur la solidarité de la France envers l’enseignement français et francophone au Liban, qui a vu le déblocage d’une enveloppe de 15 millions d’euros aux 52 établissements homologués et...

commentaires (3)

Merci à la France, On aurait aimé voir un geste identique d'amitié de l'Iran ou de l'Arabie... pourquoi pas de la chine puisque... il faut se tourner vers l'est pour certains ?

Aboumatta

14 h 19, le 26 juillet 2020

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Merci à la France, On aurait aimé voir un geste identique d'amitié de l'Iran ou de l'Arabie... pourquoi pas de la chine puisque... il faut se tourner vers l'est pour certains ?

    Aboumatta

    14 h 19, le 26 juillet 2020

  • C’est LÀ que nous voyons la différence et la qualité des amitiés. Ceux qui avaient opté pour l’anglais exclusivement dénigrant la langue Française et la dédaignant sous prétexte que les affaires se parlent en anglais. Ceux qui ont obligés les libanais à singer les pays du golf en passant du trilinguisme au bilinguisme anglais arabe... voilà.. l’AUH jette ses équipes anglophones alors que la France préserve la langue de la culture. La culture s'écrit, se crée et se répand en Français . La culture RESTE. Les affaires... ca passe et disparaît au fil des temps. MERCI A LA CULTURE..A LA LANGUE FRANÇAISE..A MON ÉCOLE ET FACULTÉ FRANCOPHONE et A la France. Amitiés et attachement profond

    LE FRANCOPHONE

    18 h 25, le 25 juillet 2020

  • GRAND MERCI A LA FRANCE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 48, le 25 juillet 2020

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