
Beaucoup de Libanais restent inconscients du danger et ne se conforment pas aux gestes barrières ; ni port de masque ni distanciation, comme ici lors d’une manifestation devant un bureau d’Ogero. Marc Fayad/Photo d’archives
Pour beaucoup moins que les 156 nouveaux cas de contamination au Covid-19 annoncés hier, les Libanais sont restés confinés pendant un mois et demi l’hiver dernier. On était loin à l’époque de la contamination communautaire à laquelle on fait face aujourd’hui, et pourtant, les autorités restaient alarmistes pendant qu’elles s’attelaient à préparer les hôpitaux à une déferlante. Aujourd’hui, la situation est sur le point d’échapper à leur contrôle, et elles s’attellent curieusement à en minimiser l’importance en insistant sur le fait que la transmission reste limitée, même si elle est source d’inquiétude. « Nous sommes à un tournant critique (...) Il y a une transmission communautaire du virus. Le nombre de cas aujourd’hui est de 161 en principe, ce qui laissera un impact négatif sur le moral des Libanais, surtout que la situation diffère du passé lorsque les contaminations étaient par groupes de 20 à 25 au maximum. Aujourd’hui, elles sont par centaines à raison de deux cas par-ci et de deux autres par-là, ce qui est un signal très négatif, mais cela reste limité », a déclaré le ministre de la Santé Hamad Hassan dans la matinée, lors d’une tournée à l’hôpital gouvernemental de Dahr el-Bachek (Metn) qui est prêt à recevoir dès lundi les malades, selon les explications du ministre.
Dans l’après-midi, il s’est avéré que le nombre d’atteintes au coronavirus est de 156. Sur ces nouveaux cas, 132 ont été signalés localement et 24 autres parmi les voyageurs arrivés à Beyrouth. Parmi les 132 cas locaux, 28 ont été enregistrés dans le caza de Aley, 22 à Beyrouth, 13 à Tyr, 11 dans le Metn, 8 à Tripoli, 6 à Baabda, 4 à Jbeil, 4 à Marjeyoun, 2 à Saïda, 2 à Baalbeck, 1 dans le Chouf, 1 à Zghorta, 1 à Zahlé, 1 à Hasbaya et 1 à Bint Jbeil. Il reste à déterminer dans quels cazas ont été enregistrés les 27 autres cas.
Un laxisme ?
Il y a trois jours, M. Hassan avait annoncé que le pays se trouvait désormais dans une phase intermédiaire entre les phases trois et quatre de l’épidémie, cette dernière se référant à la transmission communautaire. Plusieurs experts, dont certains sont membres de la commission nationale chargée de la lutte contre le coronavirus, contestent cependant cette approche un peu trop rassurante à leur avis d’une situation qui est à leurs yeux très grave. Pour ces experts, le Liban est bel et bien dans la phase quatre, celle qui se caractérise par une difficulté à tracer les cas de contamination, et devrait faire preuve de plus de fermeté dans l’application des mesures de prévention, indispensables pour freiner la propagation du virus. Le port du masque et la distanciation restent dans ce cas indispensables, or même à ce niveau, les autorités ne sont pas en train de s’imposer, ce qui affole ces experts et fait soulever des interrogations quant aux raisons pour lesquelles celles-ci font preuve aujourd’hui d’un certain laxisme après avoir excellemment géré et d’une main de fer l’épidémie de coronavirus. Est-ce parce qu’elles se croient en mesure de souffler maintenant que les hôpitaux publics sont en principe prêts à accueillir les personnes atteintes du virus ? Est-ce pour éviter un nouveau confinement qui coûterait cher à un pays en proie à une crise économique et financière excessivement grave ?
Même au niveau des mesures barrières à suivre, les autorités ne font pas suffisamment d’efforts pour faire en sorte qu’elles soient respectées et se contentent d’appeler la population à s’y conformer, sachant qu’une partie de celle-ci avait toujours refusé de s’y conformer même au temps « fort » de l’épidémie.
La situation est cependant aujourd’hui suffisamment grave pour imposer une réunion extraordinaire de la commission ad hoc au cours de laquelle des spécialistes vont essayer de convaincre les ministres concernés de la nécessité d’un reconfinement. La réunion est prévue aujourd’hui à 13h.
Un reconfinement est inévitable, selon ces spécialistes, si l’on veut éviter une situation qui échappe à tout contrôle et qui fera que les autorités se retrouveront impuissantes face à une seconde vague prévue entre septembre et octobre et qui, selon le président de la commission parlementaire de la Santé Assem Araji, « menace d’être plus dangereuse que la première ». La commission parlementaire, qui a tenu hier une réunion pour discuter de l’évolution de l’épidémie, a insisté sur l’importance des gestes barrières.
Dans la matinée, Firas Abiad, directeur de l’hôpital gouvernemental Rafic Hariri, en première ligne dans la lutte contre le coronavirus au Liban depuis février, avait déjà affirmé que le pays était « clairement entré dans la phase de transmission communautaire ». C’est ce que démontre selon lui l’existence d’« une multitude de petits foyers ou d’individus éparpillés géographiquement », alors que « près de la moitié des cas locaux n’ont aucune histoire claire de contact avec des personnes contaminées ». « L’augmentation du nombre de cas est réelle », avait-il averti, et n’est pas causée par l’intensification des campagnes de dépistage.
Des villages isolés
Hier dans l’après-midi, le mohafez du Liban-Nord, Ramzi Nohra, a ordonné, à la demande du ministre de l’Intérieur Mohammad Fahmi, l’isolement de la ville côtière de Qalamoun où des cas de contamination d’origine inconnue ont été détectés, ainsi que la fermeture du sérail de Tripoli où un moukhtar atteint du virus a été en contact avec un grand nombre de personnes. Le même cas s’est présenté à Furn el-Chebback où des tests de dépistage du coronavirus vont être effectués aujourd’hui sur un grand nombre de personnes qui auraient pu être en contact avec un moukhtar également testé positif.
Dans le caza de Tyr, le village de Kabrikha a été isolé et celui de Chahour va l’être pendant 72 heures après la détection de plusieurs cas de coronavirus.
Dans le cadre de la lutte contre la propagation du Covid-19, le ministère de l’Intérieur a publié dans la journée une circulaire instaurant un renforcement des mesures de prévention, demandant notamment à tous les lieux publics, clos ou ouverts (entreprises, supermarchés, restaurants, bars, boîtes de nuit, hôtels, etc.), de mettre à disposition des clients des produits désinfectants s’ils le peuvent, dans les entrées et les ascenseurs.
La directive rappelle l’obligation pour les employés comme pour les clients de porter des masques, sous peine de se voir interdire l’entrée dans les établissements et de devoir s’acquitter d’une amende de 50 000 LL. La circulaire insiste aussi sur la nécessité de respecter la distanciation sociale et l’obligation de ne recevoir des clients qu’à hauteur de 50 % des capacités d’accueil des établissements. Enfin, il est totalement interdit de proposer des narguilés aux clients dans les lieux de restauration clos ou ouverts, sous peine d’amende et de fermeture. Cette dernière mesure avait suscité des protestations de la part de nombreux professionnels du secteur du tourisme, sans infléchir la position du gouvernement. Le ministre demande enfin aux Forces de sécurité intérieure d’intensifier leurs patrouilles pour s’assurer du respect de ces règles. Dans la circulaire, le ministère de l’Intérieur a indiqué qu’en vertu de la loi, les citoyens qui ne respectent pas les mesures pour contrer la propagation de la pandémie s’exposent à des sanctions pouvant aller jusqu’à 6 mois de prison, et rappelle que quiconque donne la mort sans volonté de la donner encourt une peine comprise entre un an et trois ans, en plus d’une amende.
Décès d’un médecin
Sur un autre plan, l’Agence nationale d’information a annoncé le décès, au Koweït, d’un médecin libanais de 56 ans, Abdel Mouttaleb Abbas Wazni, qui avait contracté le coronavirus. Le Dr Wazni était originaire de la localité de Mazraat Mechref, dans le caza de Tyr. Il était marié et père d’un enfant.
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13 h 52, le 24 juillet 2020