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Nos Lecteurs ont la Parole

Lettre à ma mère

Lettre à ma mère

Quand tout va mal, quand la tristesse m’envahit, je pense à toi maman en égrenant ton chapelet noir qui continue à sentir ta bonne odeur.

La vie est-elle belle là-haut, ou c’est comme chez nous ? Avez-vous des difficultés au quotidien, comme la famine, les virus, l’insécurité, la pauvreté, le chômage ? Comment se comportent les anges qui vous gouvernent là-haut ? Sont-ils justes, honnêtes et travailleurs ? Ou sont-ils comme la majorité de nos dirigeants ?

Chez nous, il ne fait pas bon vivre; le rire, la joie, le mezzé, le dabké et le reste ont presque disparu de notre vie. On ne chante plus, on ne danse plus, on manque d’électricité, de carburant, de viande, de... On passe nos journées à ressasser nos malheurs en attendant la délivrance et la sortie de cette vie cauchemardesque.

Maman, le Liban agonise peu à peu, assommé par ceux qui sont censés le guérir. J’ai peur pour lui, je ne veux pas qu’il meurt, essaye de t’arranger avec Dieu pour le sauver par un miracle divin, plaide sa cause, fais-toi aider par la diaspora céleste libanaise, sollicite saint Charbel, saint Maron, l’imam Moussa Sadr, Mgr Grégoire Haddad, le général Fouad Chéhab, le mufti Hassan Khaled et les autres.

Maman, tu as eu raison, le malheur des Libanais réside dans leur incapacité à dépasser le clivage confessionnel en continuant à se soumettre aux marchands de religieux et leurs banquiers qui règnent sur le pays en maîtres absolus.

Maman, si tu croises papa, embrasse-le pour moi, rassure-le que notre grande smala ne manque de rien et continue à te promener avec lui dans les allées vertes du paradis en vous asseyant de temps en temps sous un arbre, un figuier ou un cèdre, par exemple.

Maman, je t’aime ; mon Liban, je te hais d’amour.

Sami GHADDAR

Architecte, professeur

d’université, écrivain

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Quand tout va mal, quand la tristesse m’envahit, je pense à toi maman en égrenant ton chapelet noir qui continue à sentir ta bonne odeur.La vie est-elle belle là-haut, ou c’est comme chez nous ? Avez-vous des difficultés au quotidien, comme la famine, les virus, l’insécurité, la pauvreté, le chômage ? Comment se comportent les anges qui vous gouvernent là-haut ? Sont-ils justes,...

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