La rue se mobilise avant la réunion de Baabda

La rue commençait à s'agiter mardi soir à la veille de la rencontre de dialogue national, à laquelle le président Michel Aoun a convié les principales figures politiques du pays. Si cette réunion continuait mercredi de faire l'objet de critiques acerbes de la part des opposants au mandat, la présidence a confirmé qu'elle sera bel et bien maintenue.

Tard dans la soirée, des manifestants se sont ainsi rassemblés sur la voie-express du Ring à Beyrouth. Peu de temps après les forces anti-émeute se sont déployées sur les lieux. D'autres manifestants ont protesté devant le siège de la Banque du Liban à Hamra. Le tunnel Salim Salam reliant le centre-ville de Beyrouth à l'intersection Cola ainsi que la route principale de Aïn el-Mreissé et de Corniche Mazraa étaient également coupés. A Jounieh, des protestataires ont coupé la route devant le Sérail. Plus tôt dans la journée, ils s'y étaient rassemblés pour protester contre l'interpellation d'un manifestant. 

Dans la Békaa, des protestataires ont coupé la route de Saadnayel dans les deux directions. D'autres ont coupé la route au niveau du rond-point de Zahlé, en direction de Chtaura.  Au Sud, à Saïda, la route était coupée au niveau de la place Elia, rapporte notre correspondant sur place Mountasser Abdallah. Selon lui, les commerces seront fermés dans la ville jeudi. Et demain en soirée, une seconde manifestation doit avoir lieu.  Parallèlement, plusieurs personnes ont coupé la route principale liant Nabatiyé à Nabatiyé al-Fawqa. Les protestataires se sont allongés sur la route pour bloquer le passage aux voitures, ce qui a provoqué des embouteillages dans la région. Toujours dans le Sud, des protestataires ont coupé la route de Tyr menant à la place Abou Dib. Ils ont ensuite marché dans les rues de la ville. La route a aussi été coupée au niveau de la place al-Nour, à Tripoli, au Liban-Nord. Et à Aley, des manifestants ont coupé la route principale à l'aide de pneus enflammés.

Ces manifestations visent à protester contre la dégradation de la situation économique et la hausse du taux de change. Elles interviennent aussi à la veille de la réunion de dialogue national qui se tient demain à Baabda, à l’initiative du président Aoun, malgré le grand nombre de personnalités conviées ayant décidé de la boycotter. Dernier en date à ajouter son nom à la liste des absents, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a fustigé mercredi une réunion dont les objectifs "ne sont que de la poudre aux yeux". Mardi, le chef des Marada Sleimane Frangié et celui des Kataëb Samy Gemayel ont eux aussi annoncé qu'ils n'y participeraient pas. Lundi, une annonce similaire avait été faite par les anciens Premiers ministres Nagib Mikati, Tammam Salam, Fouad Siniora et Saad Hariri. Les anciens présidents de la République Amine Gemayel et Emile Lahoud ont également décliné l'invitation du président Aoun, alors que Michel Sleiman a fait savoir qu'il y participerait. Malgré les critiques et les boycotts, Baabda a affirmé mercredi, via un communiqué, que le chef de l'Etat présidera bien, à 11h jeudi, la "rencontre nationale". 

Le Liban connaît depuis le 17 octobre 2019 une révolte populaire inédite contre la classe politique et économique accusée de corruption et d'incompétence. Le pays fait face à sa pire crise économique et financière depuis 30 ans, une crise aggravée par la pandémie de coronavirus.