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Politique - Dialogue à Baabda

L’opposition reste sceptique en attendant d’y voir plus clair

La présidence ne semble pas vouloir établir un ordre du jour de la rencontre.

L’opposition reste sceptique en attendant d’y voir plus clair

Les quatre anciens Premiers ministres réunis hier au domicile de Nagib Mikati à Tripoli. Photo ANI

Le dialogue national élargi prévu à Baabda le 25 juin sous la houlette du chef de l’État, Michel Aoun, risque d’être compromis. Et pour cause : l’écrasante majorité des composantes politiques, notamment celles hostiles au pouvoir en place, préfère temporiser et attendre l’ordre du jour de la réunion avant de prendre la décision adéquate. Certains de ces protagonistes multiplient, toutefois, les signes d’un très probable boycottage du dialogue, réduisant ainsi les chances de son succès.

Sauf qu’à Baabda, rien ne porte à croire qu’un véritable ordre du jour sera établi. Un proche de la présidence explique ainsi à L’Orient-Le Jour que les questions que les participants au dialogue devraient évoquer sont connues. « Il s’agit des dossiers de l’actualité chaude et des crises qui secouent le pays », dit-il. Mais une source informée confie à L’OLJ que le chef du législatif, Nabih Berry, serait en train d’œuvrer pour la mise en place d’un ordre du jour pour convaincre tout le monde de prendre part à la réunion.

Le proche de Baabda indique, en outre, que M. Berry est entré en contact par téléphone avec les chefs des blocs parlementaires pour les inviter à la réunion, à laquelle ne sont cependant pas conviés les députés indépendants. Il fait savoir que les invitations seront remises aux personnalités concernées dans les prochaines 24 heures, insistant sur l’importance de la présence de tous les chefs de file.

Selon notre correspondante à Baabda Hoda Chédid, le chef du Parlement est entré en contact avec le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, pour tenter de le convaincre de se rendre au palais présidentiel, tout comme il l’avait fait lors de la réunion du 6 mai dernier, consacrée à l’examen du plan de redressement économique du cabinet. Mais dans certains milieux FL, on exclut la présence de M. Geagea, dans la mesure « où le mandat a échoué et a besoin des protagonistes politiques pour camoufler son échec », pour reprendre les termes de Wehbé Katicha, député FL du Akkar, contacté par l’agence al-Markaziya.

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Toujours selon Hoda Chédid, et dans le cadre de ses efforts, Nabih Berry recevra aujourd’hui le chef des Marada, Sleiman Frangié, qui avait récemment « déclaré la guerre ouverte » contre le binôme Baabda-CPL, sachant que les rapports entre les deux camps sont gelés depuis la présidentielle. M. Berry tentera naturellement de pousser le leader maronite à participer au dialogue national, en dépit de son opposition à Michel Aoun. Le leader zghortiote pourrait se rendre à la Maison du Centre pour rencontrer le chef du Futur, Saad Hariri, autour d’un déjeuner.

Pour la toute première fois, M. Aoun a convoqué ses prédécesseurs au dialogue élargi. Il s’agit notamment d’Amine Gemayel et Michel Sleiman. Mais de source informée, on apprend que les deux hommes attendent toujours une invitation officielle et préfèrent examiner l’ordre du jour de la rencontre avant de dire leur dernier mot. Quant à Émile Lahoud, il ne participe traditionnellement pas à ce genre de rencontres, depuis la fin de son mandat, en 2007.

Tout comme les ex-chefs d’État, les quatre anciens Premiers ministres, Saad Hariri, Fouad Siniora, Tammam Salam et Nagib Mikati, sont également invités à se rendre à Baabda. S’ils n’ont pas encore pris leur décision, les ex-chefs de gouvernement se sont réunis hier chez M. Mikati à Tripoli. À l’issue de la réunion, ils ont publié un communiqué dans lequel ils ont renouvelé leurs attaques contre le mandat et le cabinet. Ils ont reproché à l’équipe Diab de « n’avoir pris aucune décision à même de lancer le processus de réformes ». Ils ont par ailleurs estimé que « le mandat Aoun est celui qui se caractérise par les infractions à la Constitution et les atteintes à Taëf et à l’indépendance du pouvoir judiciaire (…) ». S’agit-il d’un signe de boycottage de la rencontre de Baabda? « Nous exprimons notre point de vue au sujet des questions d’actualité », se contente de répondre Fouad Siniora dans une déclaration à L’OLJ. Mais il se pose la question de savoir « quel est l’intérêt de la participation au dialogue, tant que les mentalités n’ont pas encore changé ? Pourquoi ne pas discuter de la stratégie de défense à titre d’exemple ? ». « Parce que certains n’en veulent pas », déplore-t-il.

Tout comme M. Siniora, Michel Pharaon, ancien député de Beyrouth, s’est posé la question de savoir pourquoi la stratégie de défense ne sera pas discutée lors de la réunion de Baabda. Dans un communiqué publié hier, il a rappelé que « cette stratégie est à même de préserver la souveraineté, d’autant que ce sont précisément les atteintes à celle-ci qui ont causé les problèmes actuels ».

Hariri et Joumblatt

De son côté, Saad Hariri, dont les rapports sont gelés avec le tandem Baabda-Courant patriotique libre depuis l’enterrement définitif du compromis présidentiel, le 14 février dernier, a laissé entendre qu’il ne prendra pas part à la réunion de Baabda. S’exprimant à l’issue d’une rencontre avec le leader du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt, à la Maison du Centre, il a pris le soin de manifester son attachement au « principe du dialogue ». « Mais dans le cas de crises comme celle que nous traversons aujourd’hui, tout dialogue sans résultat concret est inutile », a-t-il déclaré dans ce qui sonne comme une pique en direction du chef de l’État et une annonce d’échec de la réunion.

A contrario, Walid Joumblatt a annoncé, depuis la Maison du Centre, qu’il répondra présent à l’invitation présidentielle. Une décision qui ne devrait naturellement pas être dissociée de la volonté de M. Joumblatt de « gérer son conflit avec la présidence et le CPL », comme il l’avait déclaré depuis Baabda, le 4 mai dernier, à l’issue d’une rencontre avec Michel Aoun. Selon lui, il s’agit d’un moyen de garder la Montagne druzo-chrétienne à l’abri des tensions à caractère confessionnel, en dépit du désaccord politique.

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Cette fois-ci, on veut passer à l’acte...

Toujours dans le camp de l’opposition, le chef des Kataëb, Samy Gemayel, semble temporiser avant de prendre une décision. Lors d’une conférence de presse au siège de son parti à Saïfi, il a annoncé que « lorsqu’un ordre du jour clair sera défini, le bureau politique Kataëb avisera ».

Si le CPL et le tandem chiite seront naturellement présents à la réunion, étant les parrains du mandat et du cabinet, il reste que la rencontre a été rapidement critiquée dans le camp loyaliste, suscitant plusieurs interrogations. En témoigne un tweet posté mardi soir par Jamil el-Sayyed, député de Baalbeck-Hermel proche du Hezbollah. Il avait stigmatisé le fait que les invités à Baabda s’étaient partagé les postes de l’État par le passé et avaient mené le pays à la situation actuelle.

Le dialogue national élargi prévu à Baabda le 25 juin sous la houlette du chef de l’État, Michel Aoun, risque d’être compromis. Et pour cause : l’écrasante majorité des composantes politiques, notamment celles hostiles au pouvoir en place, préfère temporiser et attendre l’ordre du jour de la réunion avant de prendre la décision adéquate. Certains de ces protagonistes...

commentaires (8)

Est-ce le moment de « dialoguer »? Ils sont vraiment cretins ces gens... la planète leur demande d’AGIR puisqu’ils sont au pouvoir... et eux? Ils tendent un piège à tous pour protéger la syrie du ceasar act...Au lieu que les « soi disant spécialistes  indépendants ministres » agissent... ils demandent à Joumblatt, gemayel, hariri et autres de passer à baabda pour se redonner une virginité et dise que « voilà.. moi j’agis mais ce sont eux qui ne veulent pas »!!! AMATEURS DU DIMANCHE laissez agir les spécialistes pour sauver le LIBAN et non sauver LA SYRIE !!!!

LE FRANCOPHONE

00 h 11, le 19 juin 2020

Tous les commentaires

Commentaires (8)

  • Est-ce le moment de « dialoguer »? Ils sont vraiment cretins ces gens... la planète leur demande d’AGIR puisqu’ils sont au pouvoir... et eux? Ils tendent un piège à tous pour protéger la syrie du ceasar act...Au lieu que les « soi disant spécialistes  indépendants ministres » agissent... ils demandent à Joumblatt, gemayel, hariri et autres de passer à baabda pour se redonner une virginité et dise que « voilà.. moi j’agis mais ce sont eux qui ne veulent pas »!!! AMATEURS DU DIMANCHE laissez agir les spécialistes pour sauver le LIBAN et non sauver LA SYRIE !!!!

    LE FRANCOPHONE

    00 h 11, le 19 juin 2020

  • Il est vain et inutile de participer à des dialogues nationaux élargis ou restreints tant qu'ils ne traitent pas de la stratégie de défense et des armes du Hezbollah pro-iranien. Les armes sont l'apanage exclusif de l'armée et des FSI de la Nation libre, souveraine et indépendante.

    Un Libanais

    16 h 37, le 18 juin 2020

  • Je suis tout à fait d’accord que si l’invitation du palais en carton n’est pas accompagnée d'un ordre du jour détaillant les points à discuter, il ne sert à rien de se déplacer pour avaliser par leur présence la feuille de route destructrice qui est en marche. Les points qui doivent être discutés pour trouver une solution devraient être la condition sine qua non de leur présence sinon tous les protagonistes devraient boycotter cette réunion fantoche qui permettrait aux vendus de poursuivre leurs manœuvres et serait un un signe de soumission. Déplacer du vent pour meubler l’agenda du président n’est plus à l’ordre du jour. Des décisions concrètes devraient voir le jour à la sortie de cette réunion si les conditions sont rassemblées pour qu’elle ait lieu.

    Sissi zayyat

    11 h 06, le 18 juin 2020

  • Boycotter les réunions finit par s'apparenter à une démission. Ne vaut-il pas mieux y participer et afficher ses lignes de conduites, de défense, rouges, vertes, que sais je. DEBATTRE pour faire vivre la démocratie, idéalement cette reunion devrait être retransmise en direct. Les déclarations des uns et des autres, sans avis contradictoire, sont dépassées et insuffisantes. Allez, tous au charbon.

    Desperados

    09 h 35, le 18 juin 2020

  • Sur la photo illustrant cet article = zéro plus zéro...plus zéro...plus zéro...= UN GRAND ZERO !!!

    Irene Said

    09 h 02, le 18 juin 2020

  • Il faut arrêter ces réunions inutiles qui n'ont pour but que d'afficher sa tronche à la télé... Tous ces soi-disant politiciens sont corrompus jusqu’à la moelle. Vivement un tsunami qui balaie tout cette crasse...

    Fadi Chami

    07 h 29, le 18 juin 2020

  • A regarder cette photo, on se dit que rien n'a changé, qu'ils n'ont toujours pas compris, que ces huit mois n'ont servi à rien... Au lieu de se cacher, ils ont un sacré culot.... honte de rien... et continuent à tout bloquer pour leurs intérêts paersonnels....

    NAUFAL SORAYA

    06 h 35, le 18 juin 2020

  • ILS SONT TOUS AVEUGLES ET SOURDS. EN SUS D.IGNORANTS, D,INCOMPETENTS ET DE CORROMPUS. MAIS EN PAROLES EN L,AIR TOUS DES MAITRES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 55, le 18 juin 2020

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