D’une semaine à l’autre, les appels aux manifestations se multiplient pour mobiliser le plus grand nombre de Libanais contre la corruption d’une classe au pouvoir qui a conduit le pays à une crise économique et financière sans précédent. Mais force est de constater que les réponses sont souvent irrégulières. Parfois, les protestataires déferlent en masse dans les rues. Parfois, ils se regroupent dans de petits rassemblements épars. Lorsque jeudi dernier, des rumeurs ont circulé sur une envolée inédite du dollar, les foules ont investi les places à travers le pays, mais les jours suivants elles se sont repliées comme peau de chagrin. L’affaiblissement du mouvement du 17 octobre est d’ailleurs déploré dans les rangs de la communauté internationale. Une source diplomatique occidentale estime ainsi qu’en raison de la baisse de la pression populaire, les dirigeants restent dans le déni quant à la gravité de la situation et s’abstiennent d’entamer des réformes structurelles. Du côté de la société civile, on réfute toutefois cette impression d’essoufflement de la révolte, estimant que loin de se fatiguer, celle-ci est vouée à s’amplifier. Mais alors pourquoi ne ressent-on pas cette tendance sur le terrain ? S’agit-il d’une mauvaise organisation de la contestation ? De la peur du climat de haine propagé par des groupes liés à des composantes politiques et confessionnelles ? De la crainte d’une contamination par le Covid-19 ? Ou d’un mélange de tous ces facteurs ?
Pour Amine Issa, coordinateur de la direction politique du Bloc national, le mouvement du 17 octobre ne diminue pas et ne diminuera pas. « Il s’agit d’une lame de fond que rien ne peut freiner ni arrêter », affirme-t-il, soulignant que « c’est le pouvoir qui guide la révolte ». Comprendre que tant que le gouvernement faillit à son devoir d’améliorer le contexte socio-économique et ne remédie pas aux causes de l’effondrement, les gens continueront à descendre dans la rue. M. Issa reconnaît toutefois que « la peur causée par le coronavirus et celle suscitée par les violences contribuent à modifier le rythme de la contestation ». Il fait notamment référence aux jeunes partisans du tandem chiite (Amal-Hezbollah) qui, le 6 juin, avaient fait irruption sur les lieux de sit-in pacifiques pour provoquer des heurts en lançant des slogans confessionnels. Leurs intentions ayant été connues au préalable, aucune composante du mouvement du 17 octobre, hormis le parti Sabaa et le collectif Khat Ahmar, n’avait d’ailleurs appelé à manifester ce jour-là, indique Amine Issa.
Quant à l’organisation de la société civile que d’aucuns décrivent comme mauvaise, il estime que si elle n’est pas encore « idéale », un tronc commun formé de thèmes considérés comme essentiels est déjà constitué. Il révèle également une coordination du BN avec nombre de groupes de la société civile, dont Li Hakki, le Parti communiste, Aammiyat 17 techrine (octobre), l’Observatoire populaire pour la lutte contre la corruption et Beyrouth Madinati. Hassane Ramadan, membre du comité de coordination au sein de Beyrouth Madinati, confirme également « une coopération entre différentes factions qui tiennent un discours unique ». Pour ce qui est de savoir pourquoi cette coordination a tardé à se mettre en place, le militant soutient que dans une première phase, c’était à la masse des contestataires de s’exprimer, conformément au principe de la démocratie. Il confie que la deuxième étape consistant à rallier tous les avis sous un même discours n’a été possible que depuis peu. La révolution est « jeune », fait-il observer, reconnaissant que l’âge du mouvement et le fait que la plupart des protestataires sont apolitiques et viennent de divers horizons ont causé « des fautes ou des flottements ». Ce que M. Ramadan appelle « le mécontentement du 17 octobre » n’a aucune raison de faiblir, selon lui, puisque les raisons qui ont incité les gens à protester sont toujours là. « Le mouvement ira même crescendo », assure-t-il, notant que si les manifestations massives sont des éléments essentiels de la révolution, il y en a d’autres, tels les sit-in ponctuels devant les institutions ou la mobilisation sur les réseaux sociaux, qui sont également très importants.
« Jeu malsain »
L’activiste attribue par ailleurs l’irrégularité de la contestation au « jeu malsain » auquel se livre le gouvernement lorsqu’il se sent « coincé ». Selon lui, l’État avait par exemple eu recours à « une utilisation politique » de la crise sanitaire due au Covid-19, laissant planer « une incertitude » pour dissuader les gens de descendre dans la rue. « Plus récemment, des partis au pouvoir ont mobilisé des éléments pour faire face aux manifestants pacifistes », note Hassane Ramadan, soulignant que « la classe dirigeante joue à exciter la rue ou à la calmer en fonction de combien celle-ci la prend pour cible ». À chaque hausse du ton contre le gouvernement, on note un changement de narratif pour mener le mouvement ailleurs. Ainsi, les auteurs des slogans communautaires lancés le 6 juin dernier ont comme par magie tenu un discours unioniste quelques jours plus tard, dirigeant dans le même temps leurs tirs sur le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, dans une tentative d’empêcher que le gouvernement continue à être éclaboussé.
Georges Azar, membre actif de l’Observatoire populaire pour la lutte contre la corruption, déplore pour sa part que « la classe dirigeante distille à nouveau l’esprit de division qui prévalait auparavant à travers les mouvements du 8 et du 14 Mars ». Selon lui, « les partis au pouvoir exploitent leurs milieux qu’ils n’ont jamais œuvré à développer et les embrigadent pour communiquer des messages violents ». « C’est la peur, face à ces troubles provoqués par certaines parties aux objectifs équivoques, qui suscite chez les gens une réticence à participer aux manifestations », juge M. Azar, évoquant comme autre facteur de dissuasion « la répression » souvent exercée par les forces sécuritaires contre les contestataires. Il se félicite toutefois de la réussite samedi dernier de la marche, qui, à partir du ministère des Finances, a abouti au Grand Sérail en passant par l’Association des banques du Liban (ABL). Et le militant de promettre : « Les mouvements seront désormais mieux étudiés parce qu’ils suivront un agenda unifié, fondé notamment sur les revendications liées à la lutte contre la corruption, à l’indépendance de la justice et à un gouvernement transitoire qui soit à l’écart des partis confessionnels. Les gens ayant accordé un délai de grâce au gouvernement actuel ne resteront pas les bras croisés à l’ombre d’ententes communautaires qui continuent à se fonder sur un partage des parts économiques entre les composantes du pouvoir », assure-t-il.
Vous pensez vraiment que tous ces jeunes qui n'ont pas connu la guerre de 1975 vont se taire encore plus longtemps? La masse est armee et la perte de leur emploie, le manque d'argent, le manque de possibilite de se faire soigner et surtout la faim peut etre un facteur suffisant pour passer a une action violente rapidement maintenant que de toute facon la chute du dollar a fait perdre deja 66% de sa valeur a la livre libanaise donc a appauvri meme les riches LA VERITE TOUTES LES REVOLUTIONS FINISSENT SOIT PAR ETRE ECRASEE DANS LE SANG PAR LES DICTATURES OU PAR LA PRISE DE POUVOIR DE L'ARMEE SOIT PLUS RAREMENT PAR UNE VICTOIRE CIVILE ON OUVRE LES PARIS DE LA SOLUTION QUI PREVAUDRA AU LIBAN? J'OPTE POUR LA SECONDE QUI NETTOIERA CETTE CLIQUE DE VENDUS ET J'ESPERE PREPARERA LA PRISE DE POUVOIR APRES QUELQUE TEMPS AU CIVIL DU 17 OCTOBRE AMEN
15 h 17, le 18 juin 2020