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Nos Lecteurs ont la Parole

Non, le Liban n’est pas mort

« Le mérite d’un homme réside dans sa connaissance et dans ses actes et non point dans sa religion. » Gibran Khalil Gibran

Le Liban attend le changement. Après cinq siècles de domination ottomane, trente ans sous le mandat français, sans oublier l’occupation syrienne de la fin des années 70 à 2005, les Libanais ont enfin eu droit à leur indépendance. On croyait que le Liban pourrait enfin entamer sa renaissance, il n’en est rien aujourd’hui. Notre pays est caractérisé par une mosaïque communautaire qui ne ressemble à aucune autre dans le monde et chacune de ces communautés demande à être représentée politiquement. Voici l’une des failles de notre système politique : ce ne sont pas les experts, les cerveaux, les esprits constructifs qui gouvernent mais ce sont plutôt des « zaïms » qui n’ont qu’un seul but : servir l’intérêt de leur communauté. Par conséquent, les divergences sont marquées et la seule solution c’est le compromis, qui n’arrange personne. La guerre civile a accentué la division du peuple libanais et a érigé les chefs de guerre en héros, et ces derniers s’accrochent farouchement au pouvoir malgré les protestations. Pour le bien de tous, le Liban doit être gouverné non seulement par des experts mais aussi et surtout par des indépendants qui n’obéissent pas aux ordres des patrons de la classe politique. Laissez la place à la nouvelle génération qui n’a pas connu la guerre et qui veut s’affranchir des divisions religieuses. La séparation entre politique et religion est une condition sine qua non à une renaissance du Liban. Afin de la consacrer, des élections législatives anticipées suivant une nouvelle loi électorale indépendante du confessionnalisme sont nécessaires. La rupture de l’accord de Taëf est la première étape d’un processus de déconfessionnalisation et donc une nécessité pour renouer avec la démocratie. Arrêtez de nous brandir l’excuse de l’équité communautaire. Elle est factice tout comme la parité de la livre libanaise qui nous a menés droit dans le gouffre financier. Afin de reconstruire notre pays, il ne suffit pas juste d’un appel à l’union nationale, une planification claire, notamment au niveau de l’économie, s’impose. Le Liban doit entamer de très profondes réformes pour espérer un jour retrouver la croissance. À commencer d’abord par la privatisation de certaines institutions publiques telles que l’Électricité du Liban. Une firme internationale neutre devra être chargée de l’audit de ses comptes. Ce qui contribuera largement à endiguer la corruption et la bureaucratie. Réduire l’effectif de la fonction publique est une nécessité absolue afin de réduire les dépenses publiques : recenser les emplois fictifs au service de la mouhassasa (employé fantôme), revoir les privilèges des cadres et optimiser l’embauche si possible à la méritocratie. Il est également crucial aujourd’hui de réformer nos infrastructures qui n’ont quasiment pas évolué depuis la fin de la guerre civile et qui sont peu entretenues et peu performantes (absence d’eau courante, internet défaillant, routes mal bitumées). Ces infrastructures constituent un pilier du changement qui ouvrira la voie au rétablissement de la confiance et permettra de retrouver de potentiels investisseurs locaux et internationaux. Concernant le volet économique, au lieu de se focaliser sur les gains mirobolants et hypothétiques des fameuses (fumeuses) ressources pétrolières, concentrons-nous plutôt sur le vrai potentiel. Le secteur tertiaire représenté par tous les services dans lesquels on a une valeur ajoutée distinctive. D’abord, l’entrepreneuriat particulier dans le domaine de la technologie : les « millenials » libanais montent des start-up qui génèrent des millions de dollars par an et qui pourraient créer des opportunités d’emploi pour un pays qui compte près de 30 % de chômage pour les jeunes diplômés. Le Liban pourrait certainement devenir le futur hub technologique du Moyen-Orient. Il est également essentiel d’engranger la machine du tourisme, en préservant nos plages, en protégeant nos réserves naturelles, en nous orientant vers un tourisme plus écoresponsable, et en soutenant éventuellement le secteur par des aides financières financées par des campagnes médiatiques auprès de la diaspora.

La confiance est le mot-clé de cette crise, c’est d’ailleurs le manque de confiance que suscite le système bancaire libanais qui a poussé les grandes fortunes libanaises à transférer leur argent à l’étranger. S’il n’y a plus d’investissements, que ce soit local ou étranger, c’est en partie dû à la défiance que suscite l’État libanais qui veut légaliser un « haircut » et un « capital control », deux mesures profondément anticonstitutionnelles et qui ont provoqué la colère des Libanais. L’absence de liquidités s’explique par la politique financière catastrophique appliquée par les précédents gouvernements qui avaient drainé les dépôts vers les banques avec des rendements excessifs au lieu de les investir dans l’économie réelle. Enfin, nous demandons de la transparence totale à nos dirigeants pour mettre fin au blanchiment d’argent, à la fraude fiscale et à la corruption érigée en sport national. Nous demandons tout simplement de restituer l’argent public volé ainsi que la levée du secret bancaire concernant tous les députés et ministres possiblement impliqués.

Non, le Liban n’est pas mort, et si nous voulons le reconstruire, il va falloir le faire ensemble, main dans la main, indépendamment des considérations politico-religieuses. Affranchissons-nous de l’obscurantisme. La thawra, pour porter ses fruits et atteindre les objectifs attendus par tous, doit gagner en nombre, en leadership et en organisation. Elle doit rassembler les partisans des partis traditionnels pour former un bloc homogène uni face à une classe politique usée. La situation actuelle montre que le peuple n’a pas encore tiré les leçons du passé. Le Liban doit se montrer neutre vis-à-vis des conflits régionaux afin d’atteindre la pérennité et trouver un modèle sociétal qui assurera une coexistence pacifique intercommunautaire, nous permettant de construire ensemble un nouveau Liban auquel nous serons fiers d’appartenir.

Élève de terminale

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« Le mérite d’un homme réside dans sa connaissance et dans ses actes et non point dans sa religion. » Gibran Khalil GibranLe Liban attend le changement. Après cinq siècles de domination ottomane, trente ans sous le mandat français, sans oublier l’occupation syrienne de la fin des années 70 à 2005, les Libanais ont enfin eu droit à leur indépendance. On croyait que le...

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