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Lifestyle - This is America

Replanter l’Amérique des origines dans son jardin

Exit les plates-bandes décoratives et les plantes exotiques ornementales. 2020 sonne le retour à un jardinage « nature », privilégiant les espèces endémiques, comme le veut la tendance actuelle, pour que le monde se porte mieux.

Replanter l’Amérique des origines dans son jardin

Le célèbre entomologiste américain Douglas Tallamy. Photo tirée du compte Instagram Smithsonianmagazine

Alors que la Journée mondiale de l’environnement célèbre cette année la diversité, le pays de l’Oncle Sam suit les conseils de l’un de ses plus célèbres entomologistes afin de préserver et de protéger la santé de notre monde. Douglas Tallamy (68 ans et une chaire à l’université du Delaware) exhorte ses concitoyens à faire pousser faune et flore originelles dans leur propre carré vert pour un meilleur écosystème. Il parle là des espèces spécifiques de l’Amérique aborigène des Amérindiens, préexistantes avant tout apport venu de l’étranger. À titre d’exemple, il est important de rappeler que la Colombie se classe au premier rang de la diversité pour ses innombrables espèces d’oiseaux et d’orchidées et au deuxième rang pour ses plantes, papillons, poissons d’eau douce et amphibiens. Privilégier les espèces endémiques, c’est ce que préconise aussi le titre de l’un des ouvrages-clés de Tallamy : Bring Nature Home (Ramener la nature chez soi). Selon lui, il ne s’agit pas de procéder à une horticulture révolutionnaire mais de combler le fossé entre les paysages dominés par l’homme et le monde de la nature. Dans une interview au Smithsonian Magazine, il s’explique ainsi : « Si vous faites cela chez vous, vous n’aurez plus besoin de vous rendre à Yellowstone pour vous sentir en interaction avec la nature. Il est vrai que vous ne verrez pas de bisons par votre fenêtre ni les cascades de Mystic Falls, mais vous aurez la nature à votre porte. N’est-ce pas ce que vous désirez pour vous et vos enfants ? » Pour rappel, le parc national de Yellowstone (qui s’étale le long de trois États, le Wyoming, l’Idaho et le Montana) fait partie d’un écosystème étendu sur près de 80 937 km2. Site faisant partie du patrimoine mondial protégé par l’Unesco, il constitue la plus grande étendue vierge sur toute sa superficie aux États-Unis, en dehors de l’Alaska.


Le pygargue à tête blanche est l’animal symbole des États-Unis. Brendan Smialowski/AFP


Les « backyards » de la nation prêts à ce « makeover »

Retour à la réalité urbaine que l’on veut de plus en plus tournée vers le Wildlife gardening (le jardinage sauvage) vs le Decoratif gardening (le jardinage décoratif). Cette tendance de retrouver le terreau américain d’origine, avant qu’il ne fut retourné par les pionniers européens, est cultivée actuellement non seulement par les écologistes mais aussi par les paysagistes. Selon Douglas Tallamy, qui officie comme grand prêtre du retour à l’environnement autochtone, « les backyards de la nation sont mûrs pour ce makeover. Le backyard, ou jardin arrière, est une caractéristique des maisons américaines. Pour encourager, là où l’on se trouve, le rétablissement d’un écosystème, il suggère, entre autres, de remplacer le gazon par des plantes qui sustentent les animaux, de se débarrasser des plantes exotiques, de préférer, par exemple, les vignes vierges (bénéfiques pour les oiseaux et les papillons) au lierre grimpant, et d’accueillir des pollinisateurs (tournesols, verges d’or, violettes et primeroses), amis des abeilles.


Des plantes qui nourrissent la faune. Photo tirée du compte Instagram wildlifegardening


Tallamy met en garde contre les plantes asiatiques ornementales (poiriers japonais et autres lilas des Indes, golden rain trees), qui ont connu leur « heure de gloire » mais qui sont stériles, n’apportant rien de bon à la terre. Selon lui, un jardin américain dominé par des plantes exotiques ne produit pas une flore diversifiée et les insectes nécessaires aux oiseaux pour se reproduire. À ceux qui disent : « Que les oiseaux aillent pondre dans la nature », l’entomologiste Tallamy rétorque : « Ceci était dans le passé. À présent, il n’y a tout simplement plus suffisamment de “nature”, comme le prouve, entre autres, le déclin, dans les quarante dernières années, des espèces d’oiseaux de l’Amérique du Nord. »

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Comme pour confirmer ce constat, un évènement rare s’est produit, il y a quelques jours. La Division de la pêche, de la faune et de la flore du Massachusetts a annoncé que, pour la première fois depuis 115 ans, un aigle pygargue à tête blanche, connu aux USA sous le nom de Bald Eagle, a été aperçu faisant son nid à Cape Cod pour y déposer ses œufs. Par la suite, 70 autres nids ont été repérés dans ce même État. Un grand événement puisque ce grand rapace, symbole des États-Unis, est mis en danger depuis 1960 par la pollution provenant des usines de pesticides, par la destruction de son habitat et la chasse illégale. Une loi pour la protection des espèces en péril a permis son nouvel envol dans le ciel américain.

Alors que la Journée mondiale de l’environnement célèbre cette année la diversité, le pays de l’Oncle Sam suit les conseils de l’un de ses plus célèbres entomologistes afin de préserver et de protéger la santé de notre monde. Douglas Tallamy (68 ans et une chaire à l’université du Delaware) exhorte ses concitoyens à faire pousser faune et flore originelles dans leur propre...

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