
Les négociateurs libanais se sont réunis 11 fois avec le FMI depuis le 13 mai. Photo P.H.B.
Le ministère des Finances a annoncé hier après-midi dans un bref communiqué que les négociateurs libanais avaient bouclé leur 11e réunion en visioconférence avec les cadres du Fonds monétaire international (FMI). Le gouvernement a demandé début mai une assistance financière auprès du FMI pour redresser le pays qui traverse une crise économique et financière sans précédent. Les négociations ont officiellement commencé le 13 mai.
Cette 11e séance a été consacrée à « la mise en œuvre des règles générales de comptabilité publique », a indiqué le ministère via son service de presse, précisant que les discussions sur ce sujet se poursuivraient aujourd’hui. Le ministère a en outre rejeté toutes les spéculations concernant la durée de ces négociations, assurant que le calendrier n’était pas figé et que les débats se termineraient « le plus rapidement possible ». Certains médias avaient annoncé dans l’après-midi que les résultats des négociations ne seraient pas révélés avant fin octobre. Dans un rapport publié hier, le centre de réflexion International Crisis Group (ICG) a, pour sa part, appelé à accélérer ces négociations afin d’« éviter les pires conséquences » au niveau social.
Rien sur l’audit de la BDL
S’il est pour l’instant impossible de mesurer les progrès réellement réalisés compte tenu du peu d’informations officielles concernant l’avancée des négociations, les dirigeants libanais semblent avoir commencé à prendre la mesure de l’urgence. Plus tôt dans l’après-midi, des représentants de l’exécutif et de la Banque centrale se sont en effet entendus lors d’une réunion organisée à Baabda sur le niveau réel des pertes accumulées par la Banque centrale. La question était au centre d’un important désaccord, la Banque du Liban (BDL) accusant l’exécutif d’avoir gonflé les chiffres publiés dans le plan de redressement adopté fin avril et qui sert de matériau de base pour les négociations entre le Liban et le FMI.
Jeudi dernier, le porte-parole du FMI, Gerry Rice, avait de son côté indirectement appelé les dirigeants libanais à s’entendre sur les montants des pertes – qu’il s’agisse de celles de la BDL ou de celles du secteur financier, entre autres – pour progresser sur la question de la mise en œuvre concrète des réformes identifiées depuis des années pour restructurer l’économie et assainir les finances publiques. Des réformes indispensables pour relancer la confiance des soutiens du Liban et les investisseurs potentiels. Le porte-parole du FMI avait en outre précisé que si les estimations du gouvernement étaient « globalement dans le vrai en termes d’ampleur », d’autres réunions « techniques » étaient nécessaires pour les affiner, en tenant notamment compte de l’impact potentiel de certaines réformes mises en œuvre entre-temps. En revanche, le ministère des Finances est resté muet quant à l’avenir et au calendrier de l’audit de la Banque centrale que l’exécutif veut confier à trois cabinets internationaux (KPMG, Oliver Wyman et Kroll). Enfin, une source proche du dossier a confirmé que les négociations entre le Liban et ses créanciers, à qui l’exécutif a annoncé en mars sa décision de faire défaut sur ses eurobonds (obligations d’État en devises), ne démarreraient réellement qu’une fois que les discussions avec le FMI auront abouti.
commentaires (3)
Rien sur l’audit de la BDL ! Curieux que le FMI n'en attende pas les resultats avant de se prononcer ! quoique les chiffres "corriges" par kanaan & Co sentent le souffre ! TRES CURIEUX ! c'est comme si le FMI veut en finir au plus tot, appliquant en cela la strategie de facilite du gouv qui a vite fait paufiner son plan de redressement en decidant d'une sortie facile: faire payer les citoyens.
Gaby SIOUFI
10 h 44, le 09 juin 2020