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Économie - Devises

Les agents de change ont rouvert dans un calme relatif

Aucune directive ferme concernant d’éventuelles limites d’achat de dollars par personne et par jour ne semblait avoir été définie hier.

Un changeur ouvert hier dans le Kesrouan. Photo DR

La majorité des agents de change agréés du Liban ont bien rouvert leurs portes hier, conformément à ce qu’avaient annoncé leurs représentants le week-end dernier et qui avait été confirmé dans un communiqué mardi soir, mettant ainsi concrètement un terme à une grève qu’ils étaient nombreux à suivre depuis le 23 avril.

Certains d’entre eux semblent néanmoins être restés fermés, ou n’ont accueilli des clients que très tôt dans la matinée, comme ce fut par exemple le cas à Beyrouth, dans les quartiers d’Achrafieh et de Bourj Hammoud d’après ce que L’Orient-Le Jour a pu constater sur le terrain. Sur la place Sassine, au cœur d’Achrafieh, certains clients faisaient nerveusement les cent pas vers 10h du matin en espérant que l’un des trois bureaux de change du coin ouvre ses portes. Aucun d’entre eux n’était joignable, même à travers les numéros de téléphone qu’ils avaient affiché pour être contactés.

La situation n’était en revanche pas la même dans d’autres régions, comme à Antélias (Metn) et Hazmié (Baabda) ou encore Jounieh (Kesrouan), où les agents de change ont ouvert jusqu’à au moins 14h. Dans tous les bureaux visités, le rythme de passage des clients à la mi-journée était plutôt fluide. Le fait qu’il n’y ait pas eu de ruée dans les bureaux de change s’explique probablement par le fait qu’il était possible d’acheter et de vendre des dollars sur le marché noir pendant la grève.

Taux respecté

En ce qui concerne les taux, l’ensemble des acteurs de la filière semble avoir appliqué ceux annoncés par son syndicat le matin, fixés à un minimum de 3 950 livres pour un dollar à l’achat, et à un maximum de 4 000 livres à la vente. Un niveau légèrement plus bas que celui du marché noir mardi, qui gravitait autour de 4 100 livres. Ce taux a été fixé « conformément aux recommandations » émises lors d’une réunion organisée au Sérail il y a quelques jours entre le syndicat des changeurs et le Premier ministre Hassane Diab. Les contours de la reprise avaient alors été annoncés par l’un des agents membres du syndicat, Mahmoud Halaoui, avant d’être précisés mardi soir dans un communiqué.

« Je ne pense pas que les taux du marché noir soient plus élevés que les autres aujourd’hui », estimait hier un agent agréé interrogé par L’Orient-Le Jour. Aucun des bureaux visités ne s’est avancé sur la tendance que suivra le taux de change dans les jours à venir. « L’objectif du syndicat est de faire redescendre le taux dans les prochains jours ou semaines à 3 200 livres pour un dollar maximum à la vente. Tout ce que l’on sait pour le moment, c’est qu’un nouveau taux sera fixé (aujourd’hui) et qu’il sera valable pour la journée », a indiqué une source proche de la filière. « Il faudra attendre deux ou trois jours pour y voir plus clair », a de son côté estimé un entrepreneur sous le couvert de l’anonymat.

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Quel sera le taux pratiqué à la réouverture des bureaux de change ?

Aucune indication non plus concernant d’éventuelles limites d’achat de dollars par personne et par jour. Mardi, le syndicat avait indiqué que la filière prévoyait de « rationaliser et de limiter les ventes de dollars », mais selon les différents témoignages rapportés, le volume d’échange semblait se faire au cas par cas. Si plusieurs personnes ont évoqué un plafond inférieur à 500 dollars par jour et par personne, un client a assuré avoir pu acheter plus de mille dollars auprès du même agent.

La réouverture des bureaux de change du pays s’inscrit dans un contexte particulier marqué par une dépréciation continue de la livre par rapport au dollar depuis fin août dernier, avec un décrochage brutal de mi-mars à fin avril (le taux livre/dollar est passé de 2 500 à environ 4 000 sur le marché noir pendant cette période après avoir glissé d’environ 2 000 à 2 500 livres depuis le début de l’année). Le taux officiel de 1 507,5 livres pour un dollar est, lui, encore maintenu pour un nombre limité d’opérations bancaires, qui ont été drastiquement restreintes en marge de la crise économique et financière dans laquelle le pays s’enfonce depuis des mois – des restrictions qui ont d’ailleurs contribué à faire exploser la demande de dollars chez les agents de change.

Les tentatives de la BDL de plafonner le taux de change sur cette période, via notamment un essai d’entente avec le syndicat, ont été infructueuses malgré les déclarations d’intention, les changeurs agréés se retrouvant finalement à chaque fois alignés sur les taux du marché noir. Il a fallu attendre fin avril, et la publication de la circulaire n° 553 de la BDL plafonnant le taux de change à 3 200 livres pour un dollar pour que les autorités commencent à intervenir de façon moins sporadique que lors des mois précédents. Entre fin avril et fin mai, plusieurs dizaines d’agents de change, ainsi qu’un banquier et un responsable de la BDL ont en effet été arrêtés à la demande du parquet financier avant d’être interrogés puis libérés (sous caution pour certains d’entre eux), soit pour ne pas avoir respecté la décision de la Banque centrale, soit en raison d’une suspicion de manipulation du marché. Aucune procédure n’a pour le moment abouti à un jugement sur le fond.

La majorité des agents de change agréés du Liban ont bien rouvert leurs portes hier, conformément à ce qu’avaient annoncé leurs représentants le week-end dernier et qui avait été confirmé dans un communiqué mardi soir, mettant ainsi concrètement un terme à une grève qu’ils étaient nombreux à suivre depuis le 23 avril.Certains d’entre eux semblent néanmoins être restés...

commentaires (2)

Les changeurs font la pluie et le beau temps. Ils décident de vendre ou non, à la tête du client. Idem pour le cours appliqué ou pour le montant de USD qu'ils consentent à vendre. Tout ça n'est pas sérieux. Même dans les républiques bananières, on n'a pas vu ça. Pourquoi ce ne serait pas les banques qui se chargeraient de cette tâche? C'est proprement ubuesque.....

Georges Airut

01 h 26, le 06 juin 2020

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Commentaires (2)

  • Les changeurs font la pluie et le beau temps. Ils décident de vendre ou non, à la tête du client. Idem pour le cours appliqué ou pour le montant de USD qu'ils consentent à vendre. Tout ça n'est pas sérieux. Même dans les républiques bananières, on n'a pas vu ça. Pourquoi ce ne serait pas les banques qui se chargeraient de cette tâche? C'est proprement ubuesque.....

    Georges Airut

    01 h 26, le 06 juin 2020

  • DES TAUX OFFICIEL ET PAS OFFICIEL. IL DEVRAIT Y AVOIR UN SEUL ET MEME TAUX DANS LES BANQUES ET SUR LE MARCHE. SINON C,EST DE LA MASCARADE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 47, le 04 juin 2020

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