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Politique - Décryptage

Abbas Ibrahim sur la ligne Beyrouth-Damas-Bagdad

Dans les déplacements du directeur général de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, il y a ceux qui sont connus et ceux qu’il effectue dans la plus grande discrétion. La visite de mardi à Damas a été ainsi médiatisée, alors que celle qu’il a effectuée la semaine dernière à Bagdad est restée secrète. Pourtant, selon des sources sécuritaires, tous ces déplacements sont liés et visent essentiellement à tenter d’alléger le poids de la crise économique qui frappe le Liban en renforçant les échanges avec les pays les plus proches. Depuis des décennies, le Liban a de bonnes relations avec l’Irak, mais à partir de 2003, les relations se sont renforcées avec la prise de conscience des deux parties des nombreuses similitudes entre leurs systèmes de pouvoir respectifs.

« La formule libanaise », basée sur un partage des pouvoirs entre les différentes communautés, surtout les principales, a été adoptée en Irak et, au fil des ans, les expériences libanaise et irakienne se sont mises à se ressembler de plus en plus, à des degrés toutefois différents. De nombreux analystes font d’ailleurs un parallélisme entre les situations des deux pays et comparent l’arrivée de Moustafa al-Kazimi à la tête du gouvernement irakien à celle de Hassane Diab à la tête du cabinet libanais. De plus, pour de nombreux analystes, si la situation se stabilise en Irak, elle devra aussi le faire au Liban. Ces analystes vont encore plus loin, assurant que si les États-Unis et l’Iran parviennent à trouver un accord, même tacite, sur la formation d’un gouvernement en Irak qui ménage leurs intérêts réciproques, cela ne peut qu’avoir des conséquences sur la scène libanaise. Mais pour que ces hypothèses, somme toute assez logiques, soient vérifiées, il faut établir des contacts directs entre les responsables des deux pays. L’homme idéal pour établir de premiers contacts et tâter en quelque sorte le terrain du côté des responsables irakiens est bien entendu le général Abbas Ibrahim, qui, dans ce cas précis, a aussi un avantage supplémentaire et particulier en plus de ses qualités de médiateur discret et sérieux : il connaît le nouveau Premier ministre irakien. Avant d’accéder à cette fonction, ce dernier avait en effet dirigé le service des renseignements irakien. Moustafa al-Kazimi est donc une vieille connaissance pour le général Abbas Ibrahim qui s’est ainsi rendu à Bagdad pour le rencontrer loin des projecteurs, mais aussi en tant qu’émissaire officiel de la part des responsables libanais. Selon des sources sécuritaires, plusieurs dossiers ont été évoqués dans les domaines de la coopération et des échanges commerciaux. Mais pour qu’ils puissent se concrétiser, il faut aussi l’accord des autorités syriennes, sachant que toutes les marchandises en provenance du Liban vers l’Irak et vice versa doivent forcément transiter par la Syrie, tout autre moyen de transport étant considéré comme très coûteux.

Le problème véritable est donc avec la Syrie, d’autant qu’une partie des forces politiques libanaises refuse toute « normalisation » des relations entre les deux pays. C’est pour cette raison que la visite de Abbas Ibrahim à Damas a été sciemment médiatisée dans une volonté de faire un premier pas vers un assainissement des relations entre les deux pays, d’autant que de nombreux dossiers sont actuellement en suspens entre eux et que toute exportation des produits libanais, devenue cruciale en ces temps de crise, vers l’hinterland arabe doit essentiellement passer par la Syrie. C’est donc dans ce contexte que le directeur de la Sûreté générale s’est rendu à Damas, où il a rencontré des responsables sécuritaires, diplomatiques et politiques. Selon l’information officielle, Abbas Ibrahim a essentiellement évoqué avec les autorités syriennes le problème de la circulation des personnes sur les voies de passage entre les deux pays, notamment dans le sens Damas-Beyrouth, sachant que de nombreux Libanais et étrangers se sont retrouvés coincés en Syrie à cause de la crise du coronavirus. Ils souhaitent aujourd’hui revenir vers le Liban. Comme il l’avait fait il y a deux semaines, Abbas Ibrahim a donc conclu un accord pour la réouverture partielle des points de passage officiels entre les deux pays pour les Libanais et les étrangers désireux de quitter la Syrie pour le Liban comme destination finale ou pour le transit. Dans une déclaration faite à l’issue d’un entretien hier avec le président de la Chambre, Nabih Berry, Abbas Ibrahim a d’ailleurs précisé que ce dossier a été évoqué en priorité avec les autorités syriennes et il a émis le souhait que le problème des voies de passage entre les deux pays soit définitivement réglé.

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Cette déclaration a immédiatement poussé certaines parties politiques à considérer que le dossier des voies de passage illégales a été aussi abordé, sachant que la contrebande entre le Liban et la Syrie se fait dans les deux sens et fait perdre des sommes considérables aux Trésors publics des deux pays. Pour l’instant, rien de précis n’a filtré sur ce dossier, mais ce qui est sûr, c’est que, selon des sources gouvernementales précises, dans l’étape actuelle, aucune visite ministérielle à Damas n’est programmée, le gouvernement étant plongé dans des dossiers qui sont considérés comme plus urgents. C’est aussi dans cet esprit que la visite de Abbas Ibrahim à Damas a voulu parer au plus pressé, c’est-à-dire le problème des personnes retenues en Syrie pendant la période du confinement. Mais les autres dossiers devraient suivre, chacun en temps voulu, expliquent les sources ministérielles précitées. Il reste encore à ajouter qu’en raison de ses déplacements, comme les officiels et les autres, le directeur de la Sûreté générale a subi le test PCR (de dépistage du coronavirus) parce qu’il est lui aussi soucieux de respecter les consignes...

Dans les déplacements du directeur général de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, il y a ceux qui sont connus et ceux qu’il effectue dans la plus grande discrétion. La visite de mardi à Damas a été ainsi médiatisée, alors que celle qu’il a effectuée la semaine dernière à Bagdad est restée secrète. Pourtant, selon des sources sécuritaires, tous ces déplacements sont liés et...

commentaires (4)

Le problème le plus urgent demeure celui de rapatrier illico tous les réfugiés syriens qui sont resrés chez nous au Liban . C'est un problème qui pourrait , s'iil n'est pzs traité de suite, faire exploser le pays au point de l'anéantir .

Chucri Abboud

16 h 02, le 21 mai 2020

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Commentaires (4)

  • Le problème le plus urgent demeure celui de rapatrier illico tous les réfugiés syriens qui sont resrés chez nous au Liban . C'est un problème qui pourrait , s'iil n'est pzs traité de suite, faire exploser le pays au point de l'anéantir .

    Chucri Abboud

    16 h 02, le 21 mai 2020

  • Monsieur Abbas IBRAHIM, un vrai Libanais: honnête, discret, efficace et dévoué à sa patrie. MERCI, MON GENERAL !!! Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 59, le 21 mai 2020

  • en 1 mot comme en mille, ce que consille la decrypteuse est QUE LES CITOYENS S'AGENOUILLENT devant bachar sans autre forme de proces. j'ai dit les citoyens car ce sera finalement -soit disant-eux pour que "deciderait de s'agenouillerait le gouv >

    Gaby SIOUFI

    10 h 57, le 21 mai 2020

  • Peut être on aurait dû avoir des précisions sur les pertes subies par le trésor Syrien, et les mettre en contrast avec ce que Le Liban subit par le vol de fuel et de farine. Peut être.

    Rene MALEK / AVANTIS

    09 h 13, le 21 mai 2020

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