Le leader du courant du Futur, l'ex-Premier ministre Saad Hariri, s'en est pris à nouveau mardi au chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, ainsi qu'au gouvernement de Hassane Diab, qui sollicite l'aide du Fonds monétaire international (FMI) et, plus largement, de la communauté internationale pour sortir de la pire crise économique et financière que traverse le Liban en 30 ans.
"La crise de l'électricité se poursuit. Que Bassil ne revienne pas sur l'histoire car autrement, je reviendrai sur la sienne", a lancé M. Hariri lors d'une discussion à bâtons rompus avec des journalistes. Le chef du Futur fait notamment référence aux accusations du CPL contre le camp Hariri, arrivé au pouvoir en 1992, et à qui le leader du CPL impute la responsabilité de la crise actuelle. Les opposants au CPL insistent sur la responsabilité de cette formation dans la crise qui mine le secteur, étant donné que M. Bassil et autres personnalités affiliées au courant aouniste ont occupé le poste de ministre de l’Énergie à plusieurs reprises entre 2009 et 2014.
Saad Hariri est par ailleurs revenu sur les propos tenus samedi par le chef du courant aouniste sur le remplacement du mohafez de Beyrouth, qui agite la communauté grecque-orthodoxe. Gebran Bassil avait affirmé qu'il ne permettrait "qu’aucune communauté se sente marginalisée", dans la droite ligne de sa lutte "pour le recouvrement des droits des chrétiens". "Nous sommes tous Libanais. Jusqu'à quand des propos sur les droits des communautés seront proférés ?", s'est interrogé Saad Hariri.
En outre, le leader du Futur a déclaré que Sleiman Frangié, était un "homme honnête", alors que le chef des Marada avait déclaré il y a 10 jours la guerre contre le tandem Baabda-CPL, critiquant par la même occasion et pour la toute première fois le chef de l’État, Michel Aoun, sur fond de rivalités présidentielles entre les deux leaders chrétiens. Pour rappel, en 2016, Saad Hariri avait d'abord apporté son soutien à M. Frangié dans la course à la dernière élection présidentielle avant d'appuyer celle de Michel Aoun. Mais les rapports de M. Hariri avec Baabda et le CPL sont gelés depuis des mois, ce qui a poussé l’ancien chef du gouvernement à mettre fin au compromis présidentiel d’octobre 2016
"Chaque camp ne pense qu'à lui-même"
L'ex-Premier ministre a aussi évoqué la situation économique du pays et les aides économiques et financières que la communauté internationale serait prête à octroyer au Liban en échange de réformes. "Nous sommes dans une situation très difficile avec les négociations qui s'ouvrent avec le Fonds monétaire international. La conférence de Paris (CEDRE, tenue en avril 2018) et ses recommandations devaient nous être salutaires, alors pourquoi n'avons-nous rien mis en œuvre ces deux dernières années ? "Ceux qui ont bloqué l'application du programme CEDRE quand j'étais Premier ministre sont ceux qui étaient contre les réformes", a déclaré Saad Hariri. "On ne peut pas dire d'un côté que nous voulons CEDRE, et de l'autre faire des pays du Golfe et de la communauté internationale des ennemis", a-t-il ajouté, en référence au Hezbollah. "CEDRE avait dessiné la route pour sauver le Liban, mais chaque camp ne pense qu'à lui-même. Aujourd'hui, les pays du Golfe regardent le gouvernement Diab de manière différente des gouvernements que j'ai dirigés, en raison d'une question de confiance", a-t-il poursuivi.
Le gouvernement libanais a entamé la semaine dernière des négociations avec le FMI en vue d'obtenir une aide cruciale dans le cadre d'un plan de sauvetage élaboré pour relancer une économie au bord du naufrage. Ce plan a été présenté fin avril dans un contexte de grogne sociale grandissante et de nouvelles manifestations malgré la pandémie de Covid-19. Le naufrage économique a été l'un des déclencheurs en octobre 2019 d'un soulèvement inédit contre l'ensemble de la classe politique, accusée de corruption et d'incompétence. Les banques ont souvent concentré la colère des manifestants et leurs locaux ont parfois été vandalisés.
Abordant enfin la question du contrôle des frontières, Saad Hariri a affirmé qu'il n'était pas en mesure de les fermer "au nez des intérêts qu'ont certains Libanais en Syrie", alors que les voies de passage illégales entre le Liban et la Syrie et les scandales sur la contrebande florissante entre les deux pays sont de nouveau au cœur de l’actualité. La semaine dernière, le gouvernement avait décidé de frapper fort sur ce dossier, en décidant notamment de confisquer les véhicules et les marchandises de contrebande saisis. De son côté, le coordinateur spécial de l’ONU, Jan Kubis, a déclaré il y a deux jours qu'il attendait des avancées sur le contrôle des frontières avec la Syrie.
commentaires (7)
Si le Liban va tellement bien c'est grâce à tous ces braves gens qui ont gouverné et au confessionalisme. Personne n'en doute et cela a commencé au moins dès les accords de Taëf. Donc? Tous dehors et en taule!
TrucMuche
13 h 36, le 20 mai 2020