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Politique - Exécutif

Le gouvernement décidé à trouver un substitut à Chbib

Une stratégie nationale et des mesures supplémentaires pour lutter contre la corruption adoptées en Conseil des ministres

Les écueils des tiraillements politiques infructueux qui traditionnellement minaient les séances du Conseil ministres ont été évités de justesse hier, le gouvernement ayant misé sur la productivité et l’adoption de mesures fondamentales, notamment en matière de lutte contre la corruption.

Le bras de fer annoncé autour de la polémique provoquée par la désignation d’un remplaçant au mohafez de Beyrouth, Ziad Chbib, souhaitée par le chef du gouvernement Hassane Diab n’a pas eu lieu, même si cette affaire a suscité un débat houleux face notamment à la contestation de cette décision par le ministre grec-orthodoxe des Travaux publics, Michel Najjar. Ce dernier a notamment reproché au chef du gouvernement d’avoir appris par voie de presse son souhait de remplacer M. Chbib, ainsi que le fait que ce dossier a été parachuté en dehors de l’ordre du jour prévu. M. Diab lui a répondu qu’il n’en était rien et que le sujet des nominations sera annoncé en temps voulu selon la procédure.

La levée de boucliers suscitée la veille par la communauté grecque-orthodoxe contre ce qui a semblé être aussi bien un désaveu de la gestion du mohafez qu’un outrepassement de l’autorité symbolique du métropolite de Beyrouth Mgr Élias Audi, qui avait parrainé en 2014 la candidature de M. Chbib à ce poste, ne semble pas avoir intimidé pour autant le Premier ministre. Dans une déclaration, ce dernier a indiqué lors de la réunion son attachement aux « critères de compétence et d’intégrité » en matière de nominations dans la fonction publique. Une manière de cautionner indirectement les accusations ciblant M. Chbib, critiqué notamment pour avoir couvert plusieurs infractions majeures portant atteinte à l’environnement, le dernier exemple en date étant l’édification controversée du complexe hôtelier de l’Eden Bay.

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Dans un clin d’œil en direction du mouvement de contestation, revenu à la charge hier pour contester la reconduction de M. Chbib, M. Diab a critiqué sévèrement ceux qui « tiennent un langage qui va à contresens des slogans martelés par les contestataires du 17 octobre », des propos rapportés par la ministre de l’Information, Manal Abdel Samad, à l’issue de la réunion.

La décision serait en tous les cas prise : un substitut sera trouvé au mohafez de Beyrouth une fois que le ministre de l’Intérieur, Mohammad Fahmi, aura soumis au gouvernement la liste des candidats. Il reviendra donc à l’exécutif, qui semble déterminé à reprendre les choses en main, de trancher sans pour autant se soumettre aux desiderata des hautes instances communautaires, comme le dictait la coutume.

Le Premier ministre a voulu ainsi rectifier le tir en répondant implicitement au communiqué incendiaire rendu public après la réunion tenue lundi au siège de l’archevêché grec-orthodoxe, l’accusant de chercher à saper « les droits dévolus » à la communauté. M. Diab, qui souhaiterait personnellement placer sa conseillère Petra Khoury (grecque-orthodoxe) à ce poste, a assuré, à l’issue d’une rencontre avec le président du Parlement Nabih Berry, que son intention de trouver un substitut à M. Chbib, dont le mandat expire le 19 mai, n’est aucunement une confiscation d’un poste dévolu à la communauté grecque-orthodoxe.

La lutte contre la corruption

Une fois passé le cap de ce dossier qui constituait une menace potentielle à la cohésion du cabinet, le Conseil des ministres a avalisé une série de décisions s’inscrivant dans le cadre de la lutte contre la corruption et de l’assainissement du fonctionnement de certains secteurs, tels que celui des Télécoms.

Le gouvernement a ainsi adopté un projet de loi relatif à la stratégie nationale pour la lutte contre la corruption, remis sur les rails par le ministre d’État pour le Développement administratif, Damien Kattar, un texte datant de 2009 qui a été revu et corrigé selon les requis de l’heure, et doté d’un mécanisme de mise en application. Ce texte vient compléter, pour mieux cerner et combattre ce fléau, les huit mesures de réforme proposées par la ministre de la Justice, Marie-Claude Najm.

L'éditorial de Issa Goraieb

Hercule, es-tu là ?

Deux nouvelles mesures réactivant la loi sur l’enrichissement illicite ont en outre été adoptées hier. L’une de ces mesures consiste à s’assurer de la véracité des déclarations des ressources et patrimoine effectuées par des personnes employées dans la fonction publique ou exerçant une responsabilité publique, et à prendre en fonction les mesures légales qui s’imposent. La mesure prévoit la collecte d’informations sur la base de l’article 12 de la loi sur l’enrichissement illicite, qui permet de lancer des enquêtes sur la base de présomptions liées à des signes extérieurs de richesse qui ne correspondraient pas aux ressources déclarées. Le gouvernement a également décidé de mettre sur pied un comité spécialisé pour effectuer un recensement des fortunes des personnes ayant occupé un poste public et de celles qui sont toujours en exercice. Des rapports seront progressivement soumis aux instances de contrôle qui seront chargées de prendre les mesures adéquates.

Ces mesures viennent s’ajouter aux quatre précédentes avalisées la semaine dernière. L’examen de la mesure restante se poursuivra lors du prochain Conseil des ministres qui aura lieu jeudi.

Les écueils des tiraillements politiques infructueux qui traditionnellement minaient les séances du Conseil ministres ont été évités de justesse hier, le gouvernement ayant misé sur la productivité et l’adoption de mesures fondamentales, notamment en matière de lutte contre la corruption. Le bras de fer annoncé autour de la polémique provoquée par la désignation d’un...

commentaires (13)

Si Hassane Diab veut remplacer Ziad Chbib par Petra Khoury, également grecque-orthodoxe, je ne vois pas où est le problème, et pourquoi M. Cicéron Ferzli s'égosille dans ses diatribes de défense des droits de cette communauté...

Georges MELKI

15 h 27, le 09 mai 2020

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Commentaires (13)

  • Si Hassane Diab veut remplacer Ziad Chbib par Petra Khoury, également grecque-orthodoxe, je ne vois pas où est le problème, et pourquoi M. Cicéron Ferzli s'égosille dans ses diatribes de défense des droits de cette communauté...

    Georges MELKI

    15 h 27, le 09 mai 2020

  • ... le chef du parlement appartient à tous les Libanais puisque se sont tous les députés qui votent. De même pour le président de la république, maronite certes, du fait de la constitution, mais pour tous les libanais. Dorénavant c’est cet état d’esprit qui doit régner au liban, aucun poste n’appartient à telle ou telle communauté, en attendant de pouvoir changer la constitution.

    Chady

    16 h 58, le 07 mai 2020

  • Hey le mufti de la république sunnite n’a pas réellement eut son mot à dire dans la nomination du premier ministre, qui aujourd’hui décide de nommer une personne qu’il juge compétente. Je ne vois vraiment pas pourquoi mgr Audi s’offusquerait. Personnellement je pense que le religieux peut donner son avis dans le domaine sociale et politique, mais c’est tout. Le religieux ne peut et ne doit pas s’impliquer directement dans la politique à travers la nomination de certains postes ou de toute autre manière que ce soit. Le chef du parlement aujourd’hui d’après notre constitution pourrie doit être chiite, mais le poste appartient à tous les Libanais...

    Chady

    16 h 54, le 07 mai 2020

  • Système communautaire stupide... et les imbeciles continuent a vouloir donner plus de pouvoir politique a leur leaders religieux... atavisme a la con... plus stupide que ça, tu atteins le niveau intellectuel d'un concombre!

    Nicolas Rubeiz

    19 h 35, le 06 mai 2020

  • POURQUOI LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DOIT ETRE MARONITE, LE PRESIDENT DE LA CHAMBRE CHIITE ET LE PREMIER MINISTRE SUNNITE... ET ON A ACCAPARE ET REPARTIT ENTRE CES TROIS COMMUNAUTES TOUS LES POSTES DES ORTHODOXES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 45, le 06 mai 2020

  • OU SONT CES VOIX SUPPOSEES LAIQUES POUR CONDAMNER LE PATRIARCHE RAI, LE MUFTI DES SUNNITES ET CELUI DES CHIITES QUI FOURRENT LE NEZ PARTOUT ET ACCAPARENT LES POSTES DES ORTHODOXES ET QUI SE PRONONCENT AUJOURD,HUI CONTRE AUDI UNIQUEMENT ? OU CONTRE TOUS OU TAISEZ-VOUS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 40, le 06 mai 2020

  • Changer Chebib, oui, mais ...Comme c'est convenu avec toutes les communautés, le remplaçant doit avoir l'aval de la communauté en question.Et ceci, jusqu'à preuve du contraire.

    Esber

    10 h 40, le 06 mai 2020

  • Mgr. Audi a baissé dans mon estime et l'intervention d'Elie Ferzli est scandaleuse.

    Tabet Ibrahim

    10 h 21, le 06 mai 2020

  • Un faux pas etonnant de la part d’un Prelat qui a toujours denoncé la corruption, que de prendre position pour son poulain sous couvert confessionnel.

    Cadige William

    10 h 19, le 06 mai 2020

  • Nuance. Ce n’est pas « la communauté » orthodoxe qui a levé le bouclier, c’est Mgr Audi. Il est grand temps qu’on commence à faire cette différence, et chez toutes « les communautés ».. C’est ainsi aussi qu’on sortira du communautarisme.

    PPZZ58

    09 h 06, le 06 mai 2020

  • REDONNEZ A LA COMMUNAUTE ORTHODOXE TOUS LES POSTES SUBTILISES ET AVANT TOUT CELUI DE MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES... OU APPLIQUEZ LA DECONFESSIONALISATION A TOUT LE MONDE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 52, le 06 mai 2020

  • Il serait temps de changer la constitution. Il y en a vraiment marre de ces religieux avide de pouvoir et par conséquent d'argent.

    Khalil Mteini

    07 h 21, le 06 mai 2020

  • Il ne doit pas y avoir de place pour les hauts fonctionnaires corrompus et/ou incompétents, comme l'a indiqué le premier ministre à juste titre. Les autorités religieuses, de tous bords, ne doivent pas se mêler des nominations et encore moins de parrainer qui que ce soit. Le confessionnalisme et le sectarisme doivent disparaître de la scène politique, une fois pour toutes.

    Tony BASSILA

    00 h 27, le 06 mai 2020

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