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Moyen-Orient - Éclairage

Le confinement se prolonge dans les pays du Grand Maghreb

Des dentistes bénévoles assemblent des masques de plongée et les transforment en respirateurs pour aider les patients atteints du coronavirus à Alger, le 15 avril 2020. Ramzi Boudina/Reuters

Le Covid-19 gagne du terrain dans les pays du Grand Maghreb, avec plus de mille nouveaux cas de contamination enregistrés ces trois derniers jours, dont plus de la moitié au Maroc. Selon le média 360 Afrique, on dénombre actuellement plus de 6 000 cas dans la région, la majeure partie répertoriée dans le royaume chérifien. La Tunisie, l’Algérie, le Maroc, la Libye et la Mauritanie comptabilisent à eux cinq environ 50 % des 1 124 décès sur le continent africain. C’est en Algérie que ce taux de létalité est le plus élevé, opposant une moyenne de 14,48 % à celle de 8,67 % dans la région et de seulement 6,46 % dans le monde.

D’autres chiffres viennent néanmoins nuancer ce constat inquiétant. À la date du 19 avril, la région comptait ainsi 1 276 cas de guérison dont 894 en Algérie, 322 au Maroc, 43 en Tunisie et 11 en Libye. Quant à la Mauritanie, elle a fait savoir par le biais du ministère de la Santé samedi qu’elle ne comptait plus aucun « cas positif ».

Comme partout ailleurs, les autorités sont partagées entre la nécessité d’assurer la prévention sanitaire et celle de s’acheminer, lentement mais sûrement, vers la reprise de l’activité économique.

Algérie

En Algérie, le pouvoir a annoncé samedi la prolongation jusqu’au 29 avril des mesures de confinement mises en œuvre pour juguler la propagation du coronavirus. Le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a souligné via un communiqué officiel « la nécessité de respecter les règles préventives édictées en matière de confinement, de distanciation sociale et de mesures d’hygiène » et mis en garde contre leur non-respect. Dans la préfecture de Blida, premier foyer de contagion, situé non loin d’Alger, un confinement total a été imposé à la population. En revanche, les autorités ont soumis les 47 autres wilayas à un confinement partiel. Si les modalités du déconfinement sont encore floues, la question de la reprise de l’activité économique se pose avec d’autant plus de force en Algérie, pays dont l’économie dépend des hydrocarbures. Ces derniers représentent près de 90 % des recettes d’exportation. La chute vertigineuse du prix du baril de pétrole combinée aux mesures de confinement annonce une aggravation de la crise économique et sociale dans le pays. Depuis le déclenchement de la pandémie, le mouvement populaire qui s’était emparé du pays est suspendu. Le pouvoir semble se saisir de cette opportunité pour réprimer à tout-va. Les arrestations d’opposants anonymes ou reconnus, de journalistes et de blogueurs se multiplient et plusieurs organes de presse en ligne tels que Maghreb Émergent et Radiom.info ont été bloqués.

Maroc

Les derniers chiffres de cas de contamination au Covid-19 contraignent le pouvoir à remettre le déconfinement à plus tard. Les autorités ont ainsi annoncé samedi la prolongation de l’état d’urgence sanitaire, entrée en vigueur le 20 mars dernier, jusqu’au 20 mai. Mais le ministère de la Santé poursuit activement la préparation au déconfinement. Plusieurs mesures ont ainsi été prises dans le royaume telles que l’obligation de porter un masque de protection pour toute personne devant se déplacer, la production de masques en quantité, ou encore l’élargissement du dépistage afin d’identifier ceux qui ont acquis l’immunité et diagnostiquer les patients atteints. En outre, alors que le débat autour de l’efficacité de la chloroquine fait rage dans de nombreux pays, le Maroc mise sur ce médicament pour lutter contre le coronavirus. Ainsi, le 22 mars dernier, le pays a réquisitionné tous les stocks produits sur son territoire, en provenance de l’usine de Sanofi Maroc, filiale de l’entreprise française.

Comme en Algérie, les autorités ont profité de l’opportunité de la pandémie pour accroître la répression contre les opposants. Pour contrer la diffusion de fausses nouvelles sur les réseaux sociaux, le pouvoir a adopté sans débat une loi visant à les encadrer, non sans susciter de vives inquiétudes du côté des activistes. Le pays connaît depuis quelques années une vague de répression ciblant les journalistes et les opinions dissidentes. Selon le classement mondial de la liberté de la presse établi pour l’année 2019 par Reporters sans frontières, le Maroc occupe la 135e place sur 180.

Tunisie

Le Premier ministre tunisien, Elyes Fakhfakh, a annoncé avant-hier dans une allocution télévisée la poursuite du confinement général jusqu’au dimanche 3 mai, ajoutant que l’horaire du couvre-feu serait allégé à l’occasion du ramadan et en vigueur de 20h00 à 06h00. Le chef du gouvernement a également précisé que le déconfinement se déroulerait par étapes. À partir du 4 mai, les modalités du confinement dépendront des secteurs d’activité, des catégories de population et des régions concernées. En Tunisie, comme en Algérie et au Maroc, le prolongement du confinement intervient alors que les populations s’apprêtent à entrer cette semaine dans le mois du ramadan, une période d’ordinaire propice aux grands repas et aux prières collectives.

Libye

Jeudi dernier, le Gouvernement d’union nationale (GNA) libyen a annoncé un confinement général de dix jours dans les zones sous son contrôle dans l’ouest du pays afin de freiner la propagation du Covid-19. Dans un communiqué publié dans la nuit de mercredi à jeudi, le GNA a également décrété un couvre-feu de 24 heures à partir de vendredi. Mais ces dispositions ne s’appliquent ni à l’est du pays, contrôlé par le maréchal Khalifa Haftar, ni à une grande partie du sud du pays échappant à la mainmise des deux camps. Durant le confinement, les supermarchés sont contraints à la fermeture, tandis que les petits commerces de proximité restent ouverts le matin entre 7h et 12h. Depuis la chute du régime de l’ancien dictateur Mouammar Kadhafi, la Libye est plongée dans l’instabilité politique. Aujourd’hui, la population fait les frais d’une lutte de pouvoir meurtrière entre les forces menées par le général Haftar et celles du GNA. Dans un pays qui compte près de 200 000 déplacés, la situation humanitaire pourrait se détériorer davantage encore en cas d’accélération de la diffusion du coronavirus. Ceci d’autant plus que les hôpitaux sont pris pour cibles par les bombardements. L’un des principaux hôpitaux de Tripoli – l’hôpital el-Khadra – a dû fermer ses portes à la suite des bombardements le visant le 9 avril.

Mauritanie

Le pays a enregistré sept cas de contaminations officielles au coronavirus. L’un s’est révélé fatal tandis que les six autres ont été guéris. Il n’y aurait ainsi plus aucune personne infectée sur le territoire. Après la détection sur le territoire le 13 mars dernier du premier cas de Covid-19, les autorités ont décidé très rapidement de baisser le nombre de points de passage frontaliers ainsi que d’arrêter tous les vols à destination du pays. Elles ont également fermé les portes de tous les établissements d’enseignement, qu’ils soient privés ou publics.

Le Covid-19 gagne du terrain dans les pays du Grand Maghreb, avec plus de mille nouveaux cas de contamination enregistrés ces trois derniers jours, dont plus de la moitié au Maroc. Selon le média 360 Afrique, on dénombre actuellement plus de 6 000 cas dans la région, la majeure partie répertoriée dans le royaume chérifien. La Tunisie, l’Algérie, le Maroc, la Libye et la Mauritanie...

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