Au lendemain d'une manifestation anti-pouvoir violemment réprimée par l’armée à Tripoli, des manifestants se sont de nouveau mobilisés vendredi dans la capitale du Liban-Nord pour dénoncer la situation économique précaire mais aussi les mesures prises par la troupe pour les disperser la veille. Cette nouvelle manifestation intervient malgré les mesures de confinement imposées par le gouvernement pour lutter contre la propagation du nouveau coronavirus qui a déjà contaminé plus de 660 personnes dans le pays.
Les contestataires, rassemblés en fin d’après-midi sur la place al-Nour, ont dit avoir confiance en l'armée mais ont rejeté la manière avec laquelle ils ont été traités la veille, rapporte notre correspondante au Liban-Nord Ornella Antar. Ils ont assuré que leur mobilisation se poursuivra et que "la révolution (du 17 octobre) n’est pas morte pour qu'elle renaisse à nouveau".
Un groupe de manifestants s'est dirigé plus tard en soirée vers le domicile du député Fayçal Karamé et ont lancé des pierres contre l’armée qui les a dispersés. En colère, les manifestants sont alors retournés sur la place el-Nour où ils ont brûlé des pneus.
Photo Jana Dhaybi.
Selon un activiste qui a requis l'anonymat, les incidents de la veille dans la ville ont fait plus de dix blessés dans les rangs des manifestants.
Tripoli est l'un des principaux foyer de la révolte populaire déclenchée le 17 octobre 2019 contre la classe politique et économique dirigeante du pays, accusée de corruption et d'incompétence.
Si les manifestations se font rares ces derniers temps en raison de la pandémie du coronavirus, des rassemblements ont eu lieu jeudi à Beyrouth et à Saïda, au Liban-Sud, contre la flambée des prix. Et vendredi, des manifestants se sont également mobilisés à Taalabaya contre la cherté de la vie, brandissant des drapeaux de la révolte du 17, rapporte notre correspondante dans la Békaa, Sarah Abdallah.
Depuis la mise en place des mesures de confinement pour lutter contre la propagation du nouveau coronavirus, les Libanais se plaignent d'une hausse des prix des denrées alimentaires. Depuis la fin de l'été 2019, la monnaie locale libanaise, dont le taux officiel est arrimé au dollar, connaît une dépréciation galopante qui lui fait perdre plus de la moitié de sa valeur sur le marché des changes parallèles, ce qui a fortement impacté le pouvoir d'achat des Libanais qui dépendent pour beaucoup des importations pour leurs besoins essentiels.
Lire aussi
Tripoli, une véritable bombe à retardement
« Personne ne nous a proposé ne serait-ce qu’un sac de pain »
commentaires (5)
De nouveau on justifiera les bastonnades que subit le peuple par les politiques du moyen-âge du féodalisme et des invasions barbares...on s'en fout, le peuple, nos frères et soeurs, souffre âprement de faim, de négligence et de la façon cavalière avec il se fait traiter par la classe au pouvoir et ses oracles religieux. Covid ou pas, la faim ne pardonne pas. Covid ou pas le vol ne peut être justifié. Covid ou pas délaissé sa patrie pour défendre les caprices d'autres pays ne peut être justifié. Pain, électricité, gestion adéquate du gouvernement pour l'intérêt des LIBANAIS et non de tout les voisins inutiles, dignité, voix dans la société ... ! Est-ce vraiment trop demander?? Est-ce vraiment difficile au gouvernement à comprendre? Heureusement que covid à frapper le pays pour donner une étoile dorée sur le cahier de devoirs du gouvernement, mais pour le reste, des point d'interrogations en couleurs brunâtre!!
Wlek Sanferlou
18 h 12, le 18 avril 2020