Une manifestation anti-pouvoir a été violemment réprimée jeudi soir par l'armée libanaise à Tripoli, au Liban-Nord, selon des témoignages et images qui circulaient sur les réseaux sociaux. Cette manifestation s'est tenue malgré les mesures de confinement imposées par le gouvernement de Hassane Diab pour lutter contre la propagation du nouveau coronavirus qui a déjà contaminé plus de 650 personnes dans le pays, dont 21 sont décédées.
Selon notre correspondante au Liban-Nord Ornella Antar, un activiste qui a requis l'anonymat affirme que les incidents à Tripoli ont fait plus de dix blessés dans les rangs des manifestants. "Ils battaient tout le monde, hommes, femmes, vieillards, a-t-il souligné. Il y avait environ 300 personnes qui manifestaient contre la faim et la pauvreté, indique l'activiste. Si la situation ne change pas, d'autres manifestations vont avoir lieu sans aucun doute, ajoute-t-il. L'armée a été très sévère avec nous, les militaires nous insultaient et ils ont pourchassé les manifestants jusque dans les rues intérieures", a-t-il affirmé.
Sur une vidéo publiée par le site d'information Akhabr al-Saha sur Facebook, un autre militant affirme avoir été passé à tabac par un militaire, malgré les ordres de son supérieur qui lui intimait de s'arrêter. Sur le compte Instagram Daleel Thawra, qui répertorie les manifestations et autres activités de manifestants, des images filmées par des riverains montrent des militaires tirer des balles, en caoutchouc vraisemblablement, pour disperser des manifestants. D'autres soldats cassaient des motos garées dans une rue.
Tripoli est l'un des principaux foyer de la révolte populaire déclenchée le 17 octobre 2019 contre la classe politique et économique dirigeante du pays, accusée de corruption et d'incompétence. Les manifestations se font rares ces derniers temps en raison de la pandémie du coronavirus, mais mercredi, des rassemblements ont eu lieu à Beyrouth et à Saïda, au Liban-Sud, contre la flambée des prix.
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commentaires (5)
"Ils meurent de faim"... vraiment? Pour tabasser les soldats, il vaut mieux ne pas être rachitique avec la peau sur les os comme le Darfour ou l'on meure de faim effectivement. Il y a plein de petits boulots, mais ce travail, c'est bon pour les syriens et les srilankais. Nous les hommes de Tripoli, on a notre dignité!
Mago1
16 h 39, le 17 avril 2020