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Nos Lecteurs ont la Parole

Aucune réforme n’est possible sans une souveraineté retrouvée

Depuis sa formation, le gouvernement de Hassane Diab, issu de la majorité parlementaire actuelle (aussi connu sous le nom du « Parlement du général Soleimani », qui avait lui-même déclaré que « l’Iran a désormais 74 députés à sa disposition au Liban » ), n’arrive toujours pas à trouver des solutions aux problèmes vitaux des Libanais.

La crise que nous vivons aujourd’hui menace notre existence, notre identité et l’ensemble des avantages compétitifs sur lesquels s’est construit le Liban. Le système éducatif est en danger, les hôpitaux n’arrivent plus à subvenir aux besoins des malades, le secteur bancaire dont dépendent une grande partie des Libanais est au bord de l’effondrement en raison des restrictions imposées. Ces réalités sont les conséquences des choix politiques imposés par le Hezbollah (l’axe Syrie-Iran) année après année et qui ont mené le pays à la ruine.

Pour la première fois, nous subissons les sanctions des pays arabes et de la communauté internationale. Cette capitulation face au Hezbollah, la politique de blocage menée depuis 2005 et les engagements politiques et militaires régionaux du Hezbollah ont détruit nos relations avec les pays arabes et la communauté internationale. Cela s’est manifesté par un désengagement des pays étrangers vis-à-vis du Liban, ce qui a eu des conséquences directes sur le quotidien des Libanais.

Au cours de son histoire contemporaine, le Liban aura accepté de compromettre sa souveraineté trois fois, successivement :

- Une première fois en 1969, lors de la signature des accords du Caire qui avaient permis à la résistance palestinienne de lancer des opérations militaires contre Israël à partir du Liban-Sud. Cette réalité nous a conduits à une guerre civile.

- La deuxième fois lors de l’occupation syrienne durant laquelle la classe politique avait été complice de cette mainmise sur le pays. Elle s’est terminée avec l’assassinat de Rafic Hariri et une dette publique grandissante.

- La troisième fois, nous la vivons depuis 2005 avec l’emprise totale du Hezbollah sur toutes les décisions stratégiques et celles qui relèvent du quotidien des citoyens (douanes, électricité, etc.)

La mainmise syrienne et iranienne s’est construite sur une volonté d’anéantir le pacte national libanais et sur une détermination à discréditer la Constitution par tous les moyens. Ces deux textes sont les gardiens de l’identité, de la particularité et de la préservation de toutes les libertés du pays.

Le diktat du Hezbollah va à l’encontre de la Constitution libanaise qui précise que « le régime économique est libéral et garantit l’initiative individuelle et la propriété privée ». La vision du « guide suprême » pour le Liban est à l’opposé de la raison d’être du pays et des avantages économiques qu’il possède. Elle s’inscrit dans son vaste projet d’affirmer la présence iranienne dans cette région en se positionnant comme principal interlocuteur dans la région méditerranéenne.

Les régimes syrien et iranien avec leurs alliés locaux ont sciemment cherché à outrepasser la Constitution, bloquer les institutions, éliminer leurs opposants politiques en les assassinant et à prendre des décisions unilatérales concernant la politique étrangère en s’engageant militairement dans les conflits régionaux. Ce à quoi il faut ajouter une corruption organisée qui permet à tout acteur dominant de maîtriser les différents partis politiques.

À travers cette mainmise iranienne sur le pays, les Libanais sont devenus de la chair à canon (guerre de 2006, engagement en Syrie), des mendiants auprès des banques, quêtant leur argent auprès des banques.

Les problèmes sectoriels (eau, électricité, routes, déficit budgétaire et autres) ne sont que la conséquence de choix politiques, en l’occurrence l’acceptation d’une mainmise étrangère sur la souveraineté de l’État. Aucun gouvernement de technocrates ou autres ne réussira à appliquer les réformes sectorielles nécessaires, tant que le principal problème structurel, c’est-à-dire la levée de la mainmise du Hezbollah sur l’ensemble de l’appareil de l’État, n’aura pas été exigé comme la première des réformes à exécuter. Les projets de réformes que le Liban est appelé à mettre en place existent depuis des décennies (Paris I, II et III, CEDRE), mais ont été sciemment bloqués par les Syriens et puis par le Hezbollah. Du fait que les réformes n’ont jamais été prises en considération, le recours au Fonds monétaire international est désormais la seule option possible.

De ce fait, la crise que nous vivons est avant tout politique. L’inféodation de la grande partie des forces politiques aux volontés du Hezbollah est la cause principale de la dérive du pays. La présidence de la République, le gouvernement, le Parlement et la loi électorale sont toutes des lignes de défense que le général Soleimani maîtrisait. Ce sont ces lignes de défense qu’il faut faire chuter.

L’élection de Michel Aoun aura permis au Hezbollah d’imposer son candidat à la présidence. L’ensemble des partis qui ont soutenu cette élection ont accepté de se soumettre à l’axe du 8 Mars et ont accepté de plein gré de mettre le pays en danger, en échange de bénéfices personnels. Cette élection avait été appelée « le compromis » mais en fait elle a surtout été la consécration certaine d’une soumission totale des représentants du 14 Mars au bon vouloir du 8 Mars. Cette élection a mené le Parlement à adopter la grille des salaires qu’il ne peut plus financer et la pire des lois électorales qui a permis à Soleimani de contrôler notre Parlement.

L’élection de Michel Aoun est aussi le résultat d’un affermissement d’une surenchère communautaire qui veut que chaque communauté ait un représentant qui défende strictement les droits de sa communauté. Ce principe, fortement soutenu par l’axe de l’alliance des minorités (le régime syrien et l’Iran), est devenu pratique courante pour l’ensemble des partis politiques. L’élection du leader chrétien candidat de l’axe syro-iranien aura permis d’accélérer la ruine de l’État.

Que le Hezbollah nous impose son candidat à la présidence de la République, le gouvernement de son choix, la loi électorale qu’il souhaite, le budget qui lui convient, le non-contrôle des frontières et ses choix de politique étrangère n’est plus tolérable. La levée de la mainmise iranienne sur le Liban est le véritable défi auquel nous faisons face. Rectifier la trajectoire nécessite avant tout un retour aux fondamentaux, à savoir les accords de Taëf et la Constitution comme base pour toute action, ainsi que l’élection d’un nouveau président de la République modéré capable de reconstruire les relations du Liban avec la communauté internationale et les pays arabes et qui serait capable au niveau interne de gérer les équilibres à entreprendre.

C’est seulement à ce moment qu’il sera possible d’enclencher les réformes sectorielles et d’accompagner le gouvernement dans sa reconstruction de l’État en nommant des technocrates qualifiés et capables aux postes de directeur général et autres.

Chaque jour qui passe rend notre quotidien plus difficile. Il ne s’agit plus de limiter la contestation ou « la révolution » à certains droits, mais de rectifier une trajectoire qui est à l’opposé de notre histoire et de nos aspirations.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

Depuis sa formation, le gouvernement de Hassane Diab, issu de la majorité parlementaire actuelle (aussi connu sous le nom du « Parlement du général Soleimani », qui avait lui-même déclaré que « l’Iran a désormais 74 députés à sa disposition au Liban » ), n’arrive toujours pas à trouver des solutions aux problèmes vitaux des Libanais. La crise que...

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