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Économie - Transport

Hout monte au créneau pour défendre la MEA et la BDL, ses adversaires répliquent

Le président de la MEA hier lors de sa conférence de presse à l’Aéroport international de Beyrouth. Capture d’écran/Photo DR

Le président de la Middle East Airlines, Mohammad el-Hout, s’est fendu hier d’un virulent plaidoyer en faveur de sa gestion de la compagnie aérienne nationale ainsi que de son actionnaire majoritaire, la Banque du Liban (BDL), qui en détient la quasi-totalité des parts via la banque Intra (Intra Investment Company).

Une montée au créneau qui survient en réponse aux attaques visant les deux entités. La première a été ciblée par une partie de la classe politique et des usagers qui ont notamment critiqué les prix des billets vendus aux Libanais résidant à l’étranger et qui sont en train d’être rapatriés en plein contexte de pandémie de Covid-19. La seconde est pointée du doigt par de nombreux responsables, experts et banquiers pour ce qu’ils considèrent être la responsabilité de la BDL dans la dégradation spectaculaire de la situation économique, financière et monétaire du Liban depuis l’été dernier. Une situation qui a contraint l’exécutif à faire défaut en mars sur la dette publique du pays en dollars.


« Prix coûtant »

S’agissant du dossier du rapatriement, Mohammad el-Hout a justifié, lors d’une conférence de presse organisée à l’Aéroport international de Beyrouth, les prix pratiqués en affirmant que la MEA « n’était pas en mesure » de supporter seule les frais de l’opération ». Il a néanmoins assuré que la MEA « avait vendu les billets à prix coûtant », soit sans faire de bénéfice. Il a également rappelé que la compagnie avait réduit de 50 % le prix des billets pour les étudiants expatriés qui ne peuvent les payer plein tarif, une initiative prise à la demande du Premier ministre Hassane Diab. Une réduction de 10 % pour les passagers de moins de deux ans a également été appliquée.

« Nous ne gagnons pas d’argent sur ces vols », a martelé le cadre dirigeant, indiquant que le plan de rapatriement allait coûter 20 millions de dollars à la compagnie, qui perd déjà 35 millions de dollars par mois à cause de la fermeture de l’AIB décidée par l’exécutif dans le cadre des mesures de confinement.La direction de la MEA, qui a par ailleurs annoncé les horaires et les tarifs des vols de rapatriement organisés aujourd’hui (voir page X), a en effet essuyé un feu de critiques la semaine dernière après avoir publié les tarifs, jugés exorbitants par certains, imposés aux expatriés en provenance de plusieurs pays d’Afrique (facturés entre 1 800 et 3 900 dollars en fonction des classes) et du Golfe (entre 650 et 1 500 en fonction des classes). La compagnie avait alors justifié ces tarifs, très élevés par rapport aux standards du marché, par le fait que ses appareils quitteraient Beyrouth sans passagers et qu’ils ne reviendraient qu’à moitié plein conformément à la décision de laisser un siège vide entre chaque passager.

Des explications qui n’ont pas convaincu tout le monde, à commencer par le député de Baalbeck, Jamil Sayyed, qui avait indiqué, après s’être insurgé sur les prix de la MEA, que la compagnie avait organisé à plusieurs reprises des vols « gratuits pour des politiciens, des juges et des officiers » par le passé. Le président de la MEA s’est défendu en évoquant des voyages « promotionnels (...) plus avantageux financièrement et en termes de retombées médiatiques qu’une campagne de publicité classique ».

Mohammad el-Hout s’en est ensuite directement pris à Jamil Sayyed en martelant qu’il ne prêtait pas plus attention à lui aujourd’hui qu’il ne le faisait dans les années 2000 quand il était directeur général de la Sûreté générale libanaise sous l’occupation syrienne. « Aujourd’hui, il s’amuse sur Twitter. Le pauvre, il ne faut pas lui répondre », a-t-il ironisé. L’intéressé n’a pas tardé à répliquer sur le réseau social. « Le corrompu terrifié hausse le ton », a-t-il écrit avant d’ajouter qu’à l’époque, le président de la MEA « marchait au pas ». Dans un second tweet, le député a ensuite évoqué la préparation d’un dossier à charge qui serait envoyé au ministère de la Justice.

Réaction du CPL

Le Courant patriotique libre du président Michel Aoun a également réagi à l’intervention de Mohammad el-Hout en commentant notamment ses propos concernant le statut de la compagnie. Si le cadre dirigeant a en effet soutenu que la MEA était une société privée par actions détenue par la BDL et que, par conséquent, l’État ne pouvait exercer aucun contrôle sur sa gestion, le parti a répondu que la compagnie était en réalité une société d’utilité publique, se référant à un arrêt du Conseil d’État rendu en 1998, entre autres arguments juridiques. Le CPL a de plus appelé le parquet à ouvrir une enquête « financière et administrative » sur la MEA, son dirigeant ainsi que les membres de sa famille et les sociétés liés à ces derniers.

Mohammad el-Hout a enfin tenté de défendre le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, très critiqué depuis le début de la crise économique et financière et à qui ses détracteurs reprochent les choix adoptés ces dernières années. Options qui, selon plusieurs experts, ont notamment contribué à surexposer le secteur bancaire à l’endettement public. Le dirigeant de la MEA a, lui, pointé du doigt la responsabilité de la classe politique. « En 2005, après le décès de l’ancien Premier ministre Rafic Harriri, la stabilité financière du pays a été assurée par le gouverneur de la BDL (qui) a donné de nombreuses opportunités à l’État de lancer les réformes nécessaires pour réduire son déficit, qui est la cause principale de la crise actuelle », a insisté le dirigeant de la compagnie aérienne. Il a de plus ajouté que l’économie du pays avait subi le contrecoup de la guerre qui a éclaté en Syrie en 2011, soulignant notamment son impact sur la balance des paiements (selon nos calculs, son déficit cumulé a dépassé 17,5 milliards de dollars depuis 2011). Un facteur qui contribue également, selon lui, à minimiser la responsabilité de la BDL dans la crise actuelle.Détenue par la BDL depuis 1996, la MEA s’est affranchie de tout contrôle de l’État sur sa gestion tandis que son conseil d’administration n’a pas été modifié depuis des années. Ses prix, jugés trop élevés, sont en outre assez régulièrement la cible de critiques de la part d’usagers.



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commentaires (11)

Faire assumer les problèmes de mauvaises gestion du gouv aux seules personnes de hout et Salamé relève du pire aveuglement possible !!! Car en fait Salemeh avait avertit les politiciens de la M qui allait arrivé

Bery tus

15 h 04, le 07 avril 2020

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Commentaires (11)

  • Faire assumer les problèmes de mauvaises gestion du gouv aux seules personnes de hout et Salamé relève du pire aveuglement possible !!! Car en fait Salemeh avait avertit les politiciens de la M qui allait arrivé

    Bery tus

    15 h 04, le 07 avril 2020

  • LES REVOICI CEUX A QUI ON A INTERDIT DE "TRAVAILLER" ET AU NEO MORALISATEUR REDRESSEUR DES IRREGULARITES -(PEUT ETRE A CAUSE DE SES REMORDS)? CRITIQUER -PT'T JUSTEMENT QQ PART- QUELQ'UN QUI A SU FAIRE DE LA MEA UNE Co BENEFICIARE APRES DES ANNEES DE DEFICIT, AU LIEU DE FAIRE UNE AUTO CRITIQUE PUBLIQUE, UN MEA MAX CULPA BIEN CLAIRE SANS FIORITURES, SANS ARROGANCE( le + difficile). AU LIEU DE DEVOILER LES NOMS DES CORRUPTEURS & DE LEURS SPONSORS NE SERAIT CE QU'A TRAVERS LEUR TWEETS OU CEUX DES LEURS. ( LES CORROMPUS NOUS LES CONNAISSONS TOUS).

    Gaby SIOUFI

    12 h 49, le 07 avril 2020

  • Tous les partis politiques ( notamment Hezb-Amal-CPL-Futur ) sont responsables a egalite de la situation dans laquelle le pays se trouve. Faire assumer la responsabilite a la BDL toute seule n'est que de la tromperie.

    EL KHALIL ABDALLAH

    11 h 35, le 07 avril 2020

  • Y a qu'à voir sa tête à ce monsieur pour comprendre...

    Fadi Chami

    11 h 28, le 07 avril 2020

  • Encore un grand rigolo ! Qu’il défende la MEA, c’est normal, il est son PDG nommé bien entendu pour ses compétences irréfutables notamment celle d’avoir des tarifs deux fois plus chers que les autres destinations (il faut bien nourrir les déshérités) mais qu’il se lance dans La Défense du gouverneur de la BdL, je ne comprends plus rien. Premièrement, de quoi je me mêle, deuxièmement, quelles compétences il a pour émettre de tels jugements. Yalla, encore un à faire monter dans le train de ceux qui doivent partir (en Première Classe) bien entendu, noblesse oblige !

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 14, le 07 avril 2020

  • Y a qu'à voir d'où viennent les critiques - Jamil Sayyed et CPL - pour en déceler les visées politiques. Je ne sais pas si Mohammed el-hout est nickel mais ça coûte des sous de faire voler des avions vides à l'aller et à moitié pleins au retour. Quant aux critiques contre Salamé, pareil, on les a pas tellement entendus ceux qui l'ouvrent aujourd'hui et qui étaient pourtant déjà aux affaires. M. Salamé est-il maronite et donc présidentiable? Ceci pourrait alors expliquer cela.

    Marionet

    09 h 57, le 07 avril 2020

  • DEUX CAS INDEFENDABLES. L,ABRUTISSEMENT ET LE GALA- GALA Y REGNENT.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 43, le 07 avril 2020

  • nos politiciens veulent mettre l'etat entier a leur service pour faire du clientelisme et rester vissé sur leur chaises. Ils disent qu'ils ne vendront pas l'or...laisse moi rire, tu les crois????

    Elementaire

    06 h 22, le 07 avril 2020

  • M. Hout a profite de ce rapatriement pour nous etaler ses performances . De quelle performance parle t- Il ? Avec des billets qui ont été toujours les plus chers et meme plus chers que AF , toute société aurait été gagnante .Ceci sans compter le confessionnalisme que caractérise l'embauche du personnel et des pilotes et qui suit un identique à celui dans les institutions gouvernementales . Donc maybe que les détracteurs ont raison?

    Lecteurs OLJ 2 / BLF

    05 h 19, le 07 avril 2020

  • Les requins ne se mangent pas entre eux.

    Christine KHALIL

    03 h 19, le 07 avril 2020

  • Quand la compagnie nationale pratique des tarifs d'usure en période de crise sanitaire, pour cause de ... crise sanitaire... La MEA a bénéficié depuis toujours de créneaux horaires privilégiés, un monopole de fait, qui lui ont permis de pratiquer des tarifs juteux, à nos dépens. "Tu veux voler de jour ou arriver à 3h du matin et repartir à 4 habibi?". Nous avons payé et volé MEA, aussi pour soutenir le Liban. Aujourd'hui, s'il y a bien UNE chose dont le Liban ne peut se passer, c'est la solidarité nationale. Le Coronavirus, c'était l'occasion de rendre à ce peuple un peu de ce qu'il a donné.

    El moughtareb

    02 h 57, le 07 avril 2020

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