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À La Une - Liban

Crise économique, coronavirus, réfugiés : Aoun et Diab sollicitent l'aide des pays donateurs

Le pays "réunit sur ses terres les deux fardeaux les plus lourds qui ont jamais frappé le monde depuis 75 ans", affirme le chef de l'Etat.

Le président libanais Michel Aoun, prononçant un discours à l'ouverture de la réunion du Groupe international de soutien au Liban, au palais de Baabda, le 6 avril 2020. Photo Dalati et Nohra

Le président libanais, Michel Aoun, et le Premier ministre, Hassane Diab, ont tous deux appelé lundi les membres du Groupe international de soutien au Liban (GIS) à aider financièrement le pays à surmonter ses difficultés financières, économiques et sociales qui se sont accentuées avec l’épidémie du coronavirus.

Le pays surendetté a annoncé en mars son premier défaut de paiement dans l'histoire, au terme de plusieurs mois d'une baisse des réserves en devises étrangères et d'une dépréciation de la monnaie nationale sur le marché parallèle. La propagation de la maladie Covid-19 fait craindre des conséquences désastreuses pour une économie déjà aux abois. Le gouvernement actuel, formé en janvier après des mois de contestation populaire contre le pouvoir, s'était attelé à l'élaboration d'un plan de sauvetage économique avant que l'épidémie mondiale ne paralyse le pays, où 541 cas ont été jusqu'ici déclarés, dont 19 décès.

Devant les ambassadeurs du GIS, réunissant plusieurs pays européens et arabes, le chef de l’État a exprimé ses craintes d'un effondrement total.  "Alors que nous nous apprêtions à lancer tout un chantier de réflexions et d’actions pour lutter contre la crise économique qui bloque le Liban, nous avons été assaillis par la pandémie de Covid-19 qui frappe le monde.  Le pays a ainsi été contraint d'annoncer l'état d'urgence sanitaire, ce qui a freiné dans une certaine mesure le lancement (du chantier) et a aggravé sa crise. Pour faire face à toutes ces épreuves et leurs répercussions, nous avons aujourd’hui plus que jamais besoin de l’assistance internationale des pays amis du Liban", a déclaré le chef de l’État, Michel Aoun, lors d'une allocution à l'ouverture de la réunion des représentants du GIS au palais de Baabda. La séance a débuté par une minute de silence à la mémoire de l'ambassadrice des Philippines qui a succombé au coronavirus.

La réunion regroupait les représentants au Liban des membres du GIS, à savoir l'Allemagne, la Chine, les États-Unis, la France, l'Italie, le Royaume-Uni, la Russie, ainsi que la Ligue arabe, les Nations unies et l'Union européenne. Des représentants de la Banque mondiale étaient également présents.

Rappelant que le GIS avait conditionné toute aide financière par la formation d'un gouvernement "efficace et crédible" capable de mettre en œuvre des réformes "urgentes", maintes fois renvoyées par les gouvernements précédents, le président Aoun a dressé un portrait sombre de la situation du Liban.

"Le Liban souffre d'une crise sans précédent, caractérisée par une forte récession économique, une grave pénurie de devises étrangères, des taux de chômage et de pauvreté en forte augmentation, accompagnés d’une baisse du taux de change de la livre libanaise sur le marché parallèle, d’une flambée des prix et d’un déficit des finances publiques résultant de la baisse des recettes fiscales", a-t-il déclaré, ajoutant que c'est "pour faire face à toutes ces difficultés" que le Liban a décidé le 7 mars de suspendre le paiement des eurobonds.

"Le Liban prépare actuellement un plan économique et financier global, en vue de corriger les profonds déséquilibres et remédier aux distorsions résultant de 30 ans de mauvaises gestions politiques, économiques et financières (...) précédées de 15 années de guerres dévastatrices", a rappelé le chef de l’État, indiquant que ce programme de réformes "aura besoin d'un soutien financier extérieur, en particulier de la part des pays amis ainsi que du Groupe International de soutien au Liban" et qu'il comptait notamment sur les 11 milliards d'aides promis lors de la conférence CEDRE en avril 2018.  Ces montants n'ont jamais été versés, faute d'application des réformes promises par Beyrouth en contrepartie de cette aide. "Toute aide internationale est donc la bienvenue", a ajouté M. Aoun, précisant que le "plan (de sauvetage) financier et économique était sur le point d'être finalisé".


"Les deux fardeaux les plus lourds depuis 75 ans"
Saluant les mesures prises "rapidement" par le gouvernement contre la propagation du coronavirus, Michel Aoun a insisté sur la crise des déplacés syriens qui "pèse aujourd'hui plus que jamais" sur le pays, appelant à nouveau la communauté internationale à prendre ses "responsabilités" et assurer le retour des réfugiés en toute sécurité dans leur pays. "Aujourd'hui, le Liban réunit sur ses terres les deux fardeaux les plus lourds qui ont jamais frappé le monde depuis 75 ans. Si la pandémie de Covid-19 est une grave catastrophe qui touche tous les pays du monde et nous en faisons partie, la crise des déplacés syriens pèse totalement sur le Liban avec un coût qui a dépassé les 25 milliards de dollars selon les institutions internationales. Malheureusement, aucune solution n’est prévue à l’horizon", a-t-il déploré.

Le Liban croule sous une dette de 92 milliards de dollars, soit 170% du PIB, l'un des ratios les plus élevés mondialement, tandis que 45% de la population vit sous le seuil de la pauvreté. Le pays accueille par ailleurs 1,5 million de réfugiés syriens, dont un million inscrits auprès de l'ONU.

Prenant ensuite la parole, le Premier ministre Diab a promis que son gouvernement "formé au cœur des mouvements populaires de contestation" allait agir pour "relancer la croissance" et faire baisser le chômage, "assainir les finances publiques", réduire la dette du pays et agir en faveur des déposants face à la crise des liquidités.

"Notre gouvernement met la dernière main sur son plan économique. Nous savons ce que nous avons à faire, et nous avons la volonté de le faire", a assuré M. Diab, rappelant que le chef de l'Etat et le cabinet avait demandé une vérification des banques au sein de la Banque du Liban. "57% de nos plans de réformes sont prêts et ont été transmis au Parlement, a-t-il ajouté.



(Lire aussi : Pourquoi la restructuration du secteur bancaire libanais est inévitable)



"Un défi sans précédent pour le pays"
Le représentant de l'ONU au Liban, Jan Kubis, a ensuite pris la parole, indiquant que cette réunion a pour objectif de déterminer "dans quels domaines prioritaires le Liban a besoin d'une mobilisation accrue du soutien et d'assistance nécessaires pour surmonter cette période de crise existentielle désormais fortement aggravée par le coronavirus", considéré comme "un défi sans précédent pour le pays". "Les Nations unies se félicitent des mesures prises jusqu'à présent par le Liban pour s'attaquer à la crise du coronavirus", a ajouté M. Kubis, appelant le gouvernement "à offrir le même niveau de services à tous les patients, indépendamment de leur statut juridique et de leur nationalité".

Le représentant des Nations unies a également déclaré que "l'ONU avec la Banque mondiale et d'autres partenaires internationaux travaillent en étroite collaboration avec le gouvernement sur le filet de sécurité sociale", soulignant "la solidarité et l'engagement de l'ONU, des membres clés de la communauté internationale pour soutenir le Liban et son peuple, son développement, son unité, la sécurité et la stabilité".

Au cours de la séance, le ministre des Finances Ghazi Wazni devait soumettre aux représentants du Groupe de soutien un document dans lequel il explique les raisons pour lesquelles le Liban a décidé de suspendre le paiement de ses eurobonds et exposer le plan de réformes financières du gouvernement. Son collègue des Affaires sociales Ramzi Moucharrafiyé devait leur présenter un rapport détaillant la crise sociale et son impact sur les plus démunis, et réclamer une aide alimentaire à ceux qui se sont retrouvés dépourvus de toutes ressources, en raison du confinement. Le ministre de la Santé Hamad Hassan devait exposer à son tour les besoins du Liban au niveau des équipements médicaux et sanitaires.



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commentaires (14)

La mendicité est interdite partout dans le monde - Fermez les douanes parallèles. - Fermez les ports parallèles. - Collectez les factures 'électricité. - Demandez le retour de l'argent public déposé en Suisse. - Jugez et emprisonnez les pilleurs du Trésor national. - Récupérer les commissions des bateaux turcs et autres contrats internationaux tels le pétrole offshore. - Supprimez les avantages spéciaux des députés et anciens députés. - Etc. Etc. Etc.

Un Libanais

20 h 38, le 06 avril 2020

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Commentaires (14)

  • La mendicité est interdite partout dans le monde - Fermez les douanes parallèles. - Fermez les ports parallèles. - Collectez les factures 'électricité. - Demandez le retour de l'argent public déposé en Suisse. - Jugez et emprisonnez les pilleurs du Trésor national. - Récupérer les commissions des bateaux turcs et autres contrats internationaux tels le pétrole offshore. - Supprimez les avantages spéciaux des députés et anciens députés. - Etc. Etc. Etc.

    Un Libanais

    20 h 38, le 06 avril 2020

  • Aide toi et le ciel t'aidera....

    Bachir Karim

    20 h 34, le 06 avril 2020

  • Ben voyons, pour le coronavirus, pas la peine de s’inquiéter au vu du nombre d'ambulances mobilisées par l'Etat libanais, pardon je voulais dire le barbu national, fidèle allié de notre président. Pour le reste, si l'argent est versé, pas un dollar n'ira une fois de plus au peuple libanais tant que ceux (hommes publiques ou politiques) qui ont détournés l'argent publique ne sont pas en prison, seul moyen efficace se stopper la corruption.

    Najah Vanabelle

    20 h 19, le 06 avril 2020

  • pourquoi mes commentaires ne sont pas publiés?

    youssef barada

    19 h 39, le 06 avril 2020

  • Mais SIMPLE: renvoyez les Syriens CHEZ eux!! ça fait 9ans qu ils sont la,fardeau énorme sur nous!! et cessez de mendier en leur nom!

    Marie Claude

    18 h 26, le 06 avril 2020

  • Que ceux qui ont volé le peuple et le pays payent qu'ils ramène leur argent au pays et qu'ils donnent à manger au à ceux qu'ils ont affamés.

    Georges Zehil Daniele

    17 h 49, le 06 avril 2020

  • "57% de nos plans de réformes sont prêts et ont été transmis au Parlement", à la bonne heure ! Travail insuffisant, peut mieux faire. Doit mieux faire.

    Desperados

    17 h 24, le 06 avril 2020

  • ils n'ont pas honte, qu'ils travaillent à récupérer tout l'argent volé!!!! ils n'ont plus de crédibilité...au travail messieurs!!! et n'attendez pas des autres qu'ils résolvent vos problèmes!!! quelle incompétence, c'est culturel ou quoi?

    mokpo

    16 h 25, le 06 avril 2020

  • Le president Aoun a omis un troisieme fardeau : le pouvoir lui meme avec son gouvernement est le fardeau le plus lourd.

    EL KHALIL ABDALLAH

    14 h 13, le 06 avril 2020

  • "Aoun et Diab sollicitent l'aide des pays donateurs". Ces pays ont demandé au Liban de faire certaines réformes économiques, or, jusqu'à présent, le gouvernement n'a pas pris la moindre mesure pouvant être interprétée comme un signe de bonne volonté. Aucune économie dans le budget de l'État, rien pour lutter contre la corruption. Au contraire, on veut relancer le projet de Bisri, à la fois ruineux économiquement, et inutile, donc très certainement entaché de corruption.

    Yves Prevost

    13 h 54, le 06 avril 2020

  • Ils doivent bien rire sous cape, les représentants du GIS, sachant et voyant ce qui se passe depuis des années au Liban: corruption généralisée entretenue par tous les responsables et aussi la disparition des millions engrangés par eux, etc., etc., la liste des causes de la situation actuelle est longue...très longue ! Les réfugiés syriens...qu'ont fait le chef de l'Etat libanais et ses collaborateurs pour exiger de la part de Bachar el-Assad de reprendre ses citoyens ? Le Coronavirus est apparu chez nous depuis février 2020, alors que tous les autres problèmes énumérés par Michel Aoun existent et empirent depuis des dizaines d'années. Pleurnicher périodiquement et mendier des sous, tout en laissant courir au grand jour ceux qui ont dévalisé le pays...c'est tout ce dont sont capables nos "dirigeants" ? Irène Saïd

    Irene Said

    13 h 39, le 06 avril 2020

  • IL Y A UN PRIX A PAYER BIEN SUR. LES AMIS DU LIBAN NE SONT PAS AUSSI LES AMIS DE L,IRAN ET DES DEUX MILICES IRANIENNES QUI SEVISSENT SUR LE TERRITOIRE LIBANAIS. IL FAUT S,EN DEFAIRE D,UNE MANIERE OU D,UNE AUTRE. ELIMINEZ LEURS AILES MILITAIRES. QU,ELLES REMETTENT LEURS ARMES A L,ARMEE LIBANAISE. SAUVEZ LE LIBAN AVEC L,AIDE DE SES AMIS AVEC LA FAMILLE ARABE EN PRIORITE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 22, le 06 avril 2020

  • Toujours voir le côté positif des choses. Pour commencer on ne voit plus leurs bouilles. Merci les masques.

    Gros Gnon

    12 h 14, le 06 avril 2020

  • Heureusement que cette réunion se déroule au Liban sinon on aurait vu nos représentants y aller en jets privés et arriver à la réunion dans des Mercedes luxueuses après s’être rafraîchis dans leurs suites luxueuses dans les palaces où ils ont l’habitude de séjourner. Ben quoi ? On peut mendier tout en gaspillant l’argent public, au Liban ce n’est pas contradictoire

    Lecteur excédé par la censure

    11 h 40, le 06 avril 2020

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