Le ministre de l’Énergie Raymond Ghajar, qui a tenu samedi une conférence de presse pour justifier la poursuite du projet controversé de construction du barrage de Bisri, réaffirmée jeudi en Conseil des ministres, commence à s’attirer des réponses cinglantes.
Au cours de son intervention, le ministre a estimé qu’un arrêt des travaux constituerait « un énorme gaspillage des fonds publics ». Il a notamment précisé que le ministère de l’Énergie et de l’Eau avait demandé que le projet de Bisri soit intégré à l’ordre du jour de la réunion gouvernementale de jeudi dernier « afin de clarifier ses objectifs et différentes étapes de mise en œuvre et de demander au Conseil des ministres de confirmer la poursuite de l’application de ce projet, conformément aux décisions gouvernementales, décrets, lois et contrats » précédemment ratifiés.
M. Ghajar a souligné que « la justification principale » de ce projet est « le manque d’approvisionnement en eau dans le Grand Beyrouth, surtout lors de la saison sèche », laquelle se limite à trois heures par jour en été. Il a encore indiqué que le projet de barrage à Bisri, comme celui de la construction d’un tunnel acheminant l’eau de la rivière Awali, font l’objet de deux prêts octroyés par la Banque mondiale, « approuvés dans les règles par les gouvernements précédents et ratifiés par le Parlement », pour un montant total de 850 millions de dollars pour les deux projets. Il a par ailleurs évoqué les faits d’expropriation qui se sont élevés à 155 millions de dollars déjà versés, faisant aussi allusion aux compensations que l’État devra payer aux contractants en cas d’abandon du projet.
À ces détails avancés samedi par le ministre, notamment ses assurances sur « les études nécessaires qui ont déjà été faites » et son appel au dialogue (tardif) avec les acteurs concernés, entre autres la société civile, le président du Mouvement écologique libanais Paul Abi Rached a fait remarquer que les détracteurs de Bisri ont déjà porté plainte en justice, présentant un dossier très solide. Sur son compte Twitter, le militant rappelle que les expropriations de six millions de mètres carrés ont été très rentables à l’État, étant donné que le prix du mètre carré a bien augmenté depuis, atteignant les 200 dollars. « Comment le ministre peut-il parler de gaspillage de deniers publics ? affirme-t-il. Le seul perdant serait l’entrepreneur qui a gagné des millions en vendant les matières premières résultant de l’excavation sur d’autres sites de barrages. Alors que transformer la vallée de Bisri en une réserve naturelle agricole serait bénéfique pour toute la population de la région. »
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commentaires (3)
IL Y A LA LATTA ! SI ON ARRETE ON LA PERD. C,EST SI SIMPLE QUE CA. JE N,ACCUSE CERTES PAS L,ACTUEL MINISTRE MAIS IL DEVRAIT FAIRE ATTENTION A SES DIRES.
LA LIBRE EXPRESSION
09 h 39, le 06 avril 2020