Contre toute attente, et alors que le Liban croule sous le poids de nombreux problèmes financiers, monétaires, sociaux, économiques et sanitaires, le gouvernement de Hassane Diab a entériné hier le projet très contesté du barrage de Bisri, financé en partie par la Banque mondiale grâce à un prêt de plus de 500 millions de dollars qui sera accordé à un État pratiquement en faillite.
Selon la ministre de l’Information, Manal Abdel Samad, « le gouvernement a décidé de poursuivre l’exécution du projet, conformément aux décisions gouvernementales, aux lois et aux décrets correspondants », compte tenu de son importance stratégique pour le Liban. Or, la finalité de ce projet, exposé par le ministre de l’Énergie, Raymond Ghajar, un ancien conseiller du chef du CPL, Gebran Bassil, qui a fait de la construction de barrages au Liban son cheval de bataille, est contestée aussi bien par des experts hydrauliques que par la société civile, opposée à la destruction de l’une des plus belles vallées du Liban. Selon les experts, l’exploitation des eaux souterraines, abondantes dans la région, permet d’atteindre le même objectif, à savoir alimenter Beyrouth en eau et a l’avantage de coûter à l’État beaucoup moins que la construction d’un barrage.
D’autres voix se sont élevées, hier, contre ce projet. Cité par ses visiteurs, le président du Parlement, Nabih Berry, s’est dit préoccupé par le fait qu’en vertu de la décision adoptée par le gouvernement, il appartient au seul ministère de l’Énergie le droit de gérer ce dossier, « ce qui suscite de nombreuses interrogations », a rapporté al-Moustaqbal web, en citant M. Berry.Dans un communiqué au ton virulent, le PSP de Walid Joumblatt a annoncé qu’il s’opposera par tous les moyens au projet, en estimant que le gouvernement aurait pu « profiter de ces fonds pour soutenir les familles affectées par la crise ». « Il semble toutefois que les intérêts de certains entrepreneurs soient les plus forts, surtout que celui à qui la réalisation est confiée est un spécialiste de la destruction et de la pollution, en commençant par Nahr el-Kalb (projet de construction du QG du CPL sur un site inconstructible) et en passant par les décharges de Bourj Hammoud et de Costa Brava. » « Nous nous opposerons à cet entrepreneur et à ceux qui l’appuient », a insisté le PSP, en allusion au CPL, avant d’indiquer qu’il « aspire à ce niveau à une collaboration avec l’ensemble des forces de la société civile », notamment la Campagne pour la sauvegarde de la vallée de Bisri, qui a, elle aussi, vivement critiqué le gouvernement.
Qui est cet entrepreneur et qui sont ses actionnaires?
21 h 40, le 11 avril 2020