Rechercher
Rechercher

À La Une - Liban

Bisri : arrêter les travaux constituerait un gaspillage de fonds publics, se justifie le ministre de l'Energie

Mettre un terme au projet obligerait l'Etat à payer d'importantes compensations aux contractants et conseillers ayant travaillé à sa mise en oeuvre. 

Le ministre libanais de l'Energie et de l'Eau, lors d'une conférence de presse à Beyrouth, le 4 avril 2020. Photo Dalati et Nohra

Le ministre libanais de l'Energie, Raymond Ghajar, a justifié samedi, lors d'une conférence de presse, la poursuite du projet controversé de construction du barrage de Bisri, réaffirmée il y a deux jours lors d'un Conseil des ministres, estimant qu'un arrêt des travaux constituerait "un énorme gaspillage des fonds publics". 

Évoquant "quatre mois d'escalade dans la contestation contre le projet de barrage à Bisri et la destruction de certaines infrastructures du site", le ministre Ghajar a souligné que les entreprises chargées des travaux avaient arrêté la majorité de leurs activités sur le site, notamment en raison de menaces de recours à la violence si la construction ne s'arrêtait pas". C'est suite à ces événements que le ministère de l'Energie et de l'Eau a demandé que le projet de Bisri soit intégré à l'ordre du jour de la réunion gouvernementale de jeudi "afin de clarifier ses objectifs et différentes étapes de mise en œuvre et de demander au Conseil des ministres de confirmer la poursuite de l'application de ce projet, conformément aux décisions gouvernementales, décrets, lois et contrats" précédemment ratifiés. 

Le ministre de l'Energie a souligné que "la raison principale" de ce projet est "le manque d'approvisionnement en eau dans le Grand-Beyrouth, et surtout lors de la saison sèche". "L'approvisionnement se limite à 3 heures par jour en moyenne dans la plupart des quartiers pendant l'été", a-t-il précisé. Et d'ajouter que le projet "n'est pas l'apanage d'un gouvernement particulier", mais qu'il a fait l'objet d'études et de nombreuses décisions ces dernières années. 


(Lire aussi : Le barrage de Bisri s’invite de façon suspecte dans les décisions gouvernementales)



Raymond Ghajar a encore indiqué que le projet de barrage à Bisri, comme celui de la construction d'un tunnel acheminant l'eau de la rivière Awali, font l'objet de deux prêts octroyés par la Banque mondiale, "approuvés dans les règles par les gouvernements précédents et ratifiés par le Parlement", pour un montant total de 850 millions de dollars pour les deux projets. 

"Mettre un terme à Bisri, après s'être engagé à mener le projet et avoir payé des frais supplémentaires d'expropriation s'élevant à 155 millions de dollars, serait considéré comme un gaspillage de fonds publics, surtout que ces fonds proviennent d'un prêt", a lancé le ministre, qui a souligné qu'un tel arrêt des travaux obligerait l’État à verser de grosses compensations aux contractants et aux conseillers engagés sur le projet.

Le projet du barrage de Bisri est principalement financé par un prêt de la Banque mondiale et conçu pour alimenter la capitale en eau avec un stockage estimé à 125 millions de mètres cubes (une probabilité que contestent de nombreux experts). Le projet avait été annoncé comme devant coûter un peu plus de 600 millions de dollars, mais, suivant une source qui suit de près le dossier, le budget réel atteindra pas moins de 1,2 milliard, et 997 millions seraient d’ores et déjà réservés à cet effet. Ce projet a été la cible de nombreuses manifestations avant et pendant le soulèvement libanais lancé le 17 octobre. Les contestataires craignent les retombées de la construction du barrage dans une vallée riche notamment en biodiversité.



Lire aussi
Pourquoi la reprise des travaux à Bisri est-elle devenue soudain prioritaire ?



Pour mémoire
« Le cas de Bisri est emblématique des politiques de surendettement »

Les difficultés financières du Liban pourraient sauver la plaine de Bisri

Le ministre libanais de l'Energie, Raymond Ghajar, a justifié samedi, lors d'une conférence de presse, la poursuite du projet controversé de construction du barrage de Bisri, réaffirmée il y a deux jours lors d'un Conseil des ministres, estimant qu'un arrêt des travaux constituerait "un énorme gaspillage des fonds publics". Évoquant "quatre mois d'escalade dans la contestation contre...

commentaires (19)

Entre prétendu "gaspillage" de fonds déjà escamotés et saccage de notre pays, on a déjà choisi, je pense.

Christine KHALIL

12 h 51, le 05 avril 2020

Tous les commentaires

Commentaires (19)

  • Entre prétendu "gaspillage" de fonds déjà escamotés et saccage de notre pays, on a déjà choisi, je pense.

    Christine KHALIL

    12 h 51, le 05 avril 2020

  • Il me semble que c est poursuivre un projet avéré, non seulement inutile, mais nuisible. qui constitue "un gaspillage de fonds publics".

    Yves Prevost

    07 h 32, le 05 avril 2020

  • ET LES ARRETER CERTAINS PERDRAIENT LA LATTA...

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 48, le 04 avril 2020

  • Bah oui, alors poursuivre le projet scélerat de Nahr el Kalb pour faire des économies, bande de .....

    Christine KHALIL

    17 h 56, le 04 avril 2020

  • Arrêter les travaux coûterait trop cher en indemnisations et pertes. Le financement par la B.M.étant spécifique au projet, les fonds ne peuvent pas être utilisés ailleurs sans de très gros coûts.

    Chucri Abboud

    16 h 10, le 04 avril 2020

  • Encore une magouille avec son lots d'excuses justifiant le projet! Malgré un effondrement financier presque total, quand est ce qu'on aura une reduction de la corruption dans ce pays?!

    Hanna Philipe

    14 h 17, le 04 avril 2020

  • "... Bisri : arrêter les travaux constituerait un gaspillage de fonds publics ..." Gros Gnon: ... mais un moindre gaspillage que de persister dans l’erreur! Le remboursement par les politiques concernés des commissions indûment encaissées devraient suffire à couvrir une grande partie sino plus des indemnités potentielles...

    Gros Gnon

    14 h 07, le 04 avril 2020

  • Comme par hasard, il n’y a que le micro de la OTV. Le Premier Ministre nous avait promis des ministres technocrates et indépendants. Voici la preuve. Pour l’amour du Ciel, arrêtez de vous moquer de nous. Rentrez chez vous- confinement oblige et cessez de prendre les libanais pour des idiots.

    Lecteur excédé par la censure

    13 h 53, le 04 avril 2020

  • Il devait être un cancre à l'école ou a-t-il oublié " mieux vaut tard que jamais"... Il est toujours bon d'arrêter une aberration et éviter d'énormes conséquences...mais, maïs, maïs on s'adresse à qui? Il fait bien la tâche qu'ils été programmé de faire sans besoin de jugeote ou d'honnêteté... Diaanak ya lébnèn ya watani...

    Wlek Sanferlou

    13 h 42, le 04 avril 2020

  • le fait que la otv soit la seule qui couvre sa conference de presse veut tout dire

    Le Phenicien

    13 h 42, le 04 avril 2020

  • toujours pareil, rien n'a changé.. pays plus que jamais en perdition

    mokpo

    13 h 08, le 04 avril 2020

  • Qui a intérêt à ce que le projet continue, à qui profite ce crime écologique ?

    Zeidan

    13 h 00, le 04 avril 2020

  • Justement...il devrait lancer un mandat d'arrêt contre les constructeurs, concepteurs de ce projet mal fichu, mal construit et plus que corrompu. Au lieu de "parler de payer des indemnités". Faut arrêter tous ceux qui sont derrière ce projet. SES parrains qui veulent que ce projet passe à tout prix. "Tu me fais passer ce projet Bisri? et de mon côté, je fais l'impasse sur telle exigence de nomination". VOILA comment ca se passe... Bon sang. Pourquoi persistez-vous à croire que les libanais sont bêtes???

    LE FRANCOPHONE

    12 h 57, le 04 avril 2020

  • P.S. L'OLJ du 22 janvier 2020: Biographie-express des nouveaux membres de l'équipe ministérielle: Raymond Ghajar, Energie "...conseiller principal du ministre de l'Energie et de l'Eau de février 2007 jusqu'à présent..." On a tout compris, pas besoin de nous faire un dessin ! La vie des ministres est un long fleuve tranquille depuis des années... Irène Saïd

    Irene Said

    12 h 53, le 04 avril 2020

  • Il faudrait récupérer les commissions payées au responsable politique du gouvernement de l'époque où qu'elles soient en Suisse ou aux Caraïbes.

    Un Libanais

    12 h 37, le 04 avril 2020

  • "...serait considéré comme un gaspillage de fonds publics..." etc. C'est bien l'argument le plus indécent que l'on puisse avancer à propos de ce barrage de Bisri ! Chez nous, le dieu dollar sera toujours plus puissant que l'honneur, la dignité et le patriotisme, ainsi que la préservation de notre patrimoine ! Pauvre Liban, assassiné par ses propres fils... Irène Saïd

    Irene Said

    12 h 02, le 04 avril 2020

  • Vendu !

    Remy Martin

    11 h 44, le 04 avril 2020

  • Avec trois secousses sismiques depuis janvier 2020 et avec Bisri comme épicentre mieux vaut perdre l'argent que perdre tout un pays .

    Antoine Sabbagha

    11 h 28, le 04 avril 2020

  • Franchement, est il vraiment sérieux lorsqu’il avance de tels arguments. Ce sont des prêts dit il, mais il faudra bien les rembourser! Ou bien vous pensez à l’instar de vos prédécesseurs que l’Etat ne remboursera pas et ce sont les épargnes des citoyens qui seront ponctionnées. La majorité de la population va passer sous le seuil de pauvreté pendant que les technocrates dépensent 850 millions de $. Allez monsieur le ministre, donnez les vraies raisons (que tout le monde suppose) de la décision de poursuite des travaux

    Lecteur excédé par la censure

    11 h 15, le 04 avril 2020

Retour en haut