Y a de la joie !

Ah comme la chanson de Maurice Chevalier est d’actualité ! Mais oui ! Mais oui ! Y a de la joie ! Sérieusement, je m’étonne de la morosité de mes compatriotes (j’ai l’impression d’être Macron soudainement !). Il n’y a pas de quoi être triste. Y a de la joie ! Bonjour, bonjour, les hirondelles ! C’est le printemps ! Et la vie est belle !

Oui, je tiens à vous le dire ! La vie est belle ! Car tout simplement, même confinés, vous devez vous dire qu’il y en a certains qui n’ont plus la chance de l’avoir. Imaginez-vous que vous ne voyez plus les rayons de soleil ou que vous ne profitiez plus de votre famille ! (Vos amis attendront !). Nous sommes en pleine joie de vivre pleinement. La joie du moment présent ! La joie de continuer à manger à notre faim quand on le peut ! La joie de pouvoir s’offrir quelques fantaisies au supermarché !

Personne n’imagine sa chance et tout le monde s’inquiète. Mais de quoi ? La plupart sont encore dans un environnement sain pour le moment et ne fréquentent pas les zones trop peuplées. La plupart répondent favorablement au confinement. Et ô grande joie ! Jouissance éternelle ! Quand on va au travail, pour ceux qui continuent à y aller, il n’y a plus d’embouteillages. Comme quoi, le bonheur tient à peu de choses parfois !

Il est vrai que, dans ces moments précis, on préférerait qu’il y ait des embouteillages et pas autant de malades. Mais, comme dirait une personne de ma connaissance dotée d’un pragmatisme à toute épreuve, Dieu merci, nous n’avons « que » 11 décès sur presque 400 cas. Évidemment, vu sous cet angle, par rapport à la population libanaise, c’est bien, ou pour reprendre la vision utopiste de cette personne we are on the safe side. Idéalement, aussi pour 1 000 décès sur 80 000 cas, les États-Unis le sont aussi, toutes proportions gardées évidemment. Ou encore Dieu merci le gouvernement a pris de bonnes dispositions. Aussi, y a de la joie de ce côté. Tellement bonnes que la circulation continue à être dense dans certaines zones et que des inconscients font leur jogging matinal sans prendre en considération les précautions d’usage (masque, gants, scaphandre, etc.).

Alors qu’en France plus de 220 000 amendes ont été administrées à ce jour, au Liban, une frange de la population reste cool et la police laisse faire. La vie est belle.

Et nos télés, nos télés ! Mon Dieu comme elles sont réconfortantes et positives ! C’est l’incarnation du positivisme ! Auguste Comte peut dormir tranquille. Nos reporters aussi belles que sexy (si, si j’insiste !) nous citent les chiffres alarmants. Mais ne vous inquiétez pas ! Demain ça va être pire ! Mais on ne s’inquiète pas (du moins moi !). Et chaque semaine, on nous dit : « Le pic sera pour cette semaine, restez chez vous. » À cette vitesse, on serait arrivé déjà au sommet de l’Everest. Du coup, on se cloître encore plus et nous n’avons pas fini d’escalader la montagne.

Y a de la joie ! Vous voyez. Il faut être heureux et profiter pleinement de ce qu’on a encore : la santé et la famille près de nous. À quoi ça sert de s’énerver ? Les nouvelles vous scient les nerfs ? Changez de canal. Les journaux vous stressent, lisez autre chose ou les nouvelles positives (car il y en a toujours en cherchant bien). Vos voisins ou vos amis vous agacent avec leurs inquiétudes, positivez, dites-vous que si le virus a un avantage, c’est que vous ne les voyez plus.

Riez, riez, car il y aura toujours de la joie même dans les pires moments de la vie. Croyez en ça ! Rien n’est impossible ! Nous pouvons le faire, car personne ne l’a fait avant nous. Car aussi c’est une façon comme une autre de combattre le virus. Car c’est une façon de garder la santé.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.