Le président libanais Michel Aoun (centre), présidant une réunion du Conseil des ministres du gouvernement de Hassane Diab, le 26 mars 2020, dans la salle dite de "la libération" au palais de Baabda. Photo Dalati et Nohra
Les autorités libanaises ont décidé jeudi de prolonger la période de mobilisation générale, décrétée le 15 mars pour 15 jours, de deux semaines supplémentaires, soit jusqu'au 12 avril, et de renforcer les mesures de confinement dans le cadre de la lutte contre la propagation du nouveau coronavirus dans le pays, sans pour autant décréter l'état d'urgence. Le gouvernement de Hassane Diab a ainsi suivi les recommandations du Conseil supérieur de défense, qui s'était réuni dans la matinée avant le Conseil des ministres au palais de Baabda.
Le Liban a enregistré 35 nouveaux cas de contamination, selon le dernier rapport du ministère de la Santé, publié en début d'après-midi. Le bilan total s'établit donc aujourd'hui à 368 cas dont 6 décès et vingt guérisons. Trois patients se trouvent dans un état critique.
Le 15 mars, le Conseil des ministres avait proclamé à l’issue d’une réunion extraordinaire "l’état d’urgence sanitaire" au Liban et décrété la "mobilisation générale", précisant des mesures de confinement et notamment la fermeture de l’aéroport et des frontières jusqu’au 29 mars. Une semaine plus tard, le 21 mars, le Premier ministre avait appelé les Libanais à un couvre-feu "auto-proclamé" et demandé aux institutions militaires et sécuritaires de mettre en place un plan pour contraindre les gens à rester chez eux, afin de limiter la propagation du virus, estimant que les mesures de confinement imposées par les autorités n’étaient pas fermement respectées par la population.
"Nous sommes encore dans une phase de grave danger et il est nécessaire de prolonger la mobilisation générale car l'endiguement de l'épidémie demande cinq semaines", a déclaré M. Diab selon des propos relayés par la ministre de l'Information et la porte-parole du gouvernement, Manal Abdel Samad, à l'issue du Conseil des ministres.
Mme Abdel Samad a également annoncé que le gouvernement a décidé d'une "fermeture totale pour les entreprises et les commerces de 19 heures jusqu'à cinq heures". Selon une circulaire publiée quelques heures plus tard, la fermeture concerne tous les commerces, supermarchés, lieux de fabrication, de stockage et de vente des produits alimentaires. Sont exemptées de ce couvre-feu partiel : les boulangeries, les pharmacies et les usines qui produisent des équipements médicaux. Le gouvernement a aussi interdit la circulation entre 19h et 5h et chargé l'armée et les forces de sécurité de mettre en œuvre ces décisions.
En ouverture de la réunion gouvernementale, le président Michel Aoun a insisté sur la nécessité de renforcer la mise en œuvre des mesures de prévention contre la propagation du virus, notamment celles concernant le confinement et la limitation des déplacements. Hassane Diab a, lui, de nouveau exprimé ses réticences face à la proclamation de l'état d'urgence malgré les appels pressants de diverses forces politiques qui réclament son instauration, selon la porte-parole du gouvernement. "La situation dans laquelle nous nous trouvons ne permet de décréter l'état d'urgence", a déclaré M. Diab.
Commentant les mesures prises par le Conseil des ministres, le président de la Chambre, Nabih Berry, les a jugées "proches de l’état d'urgence sanitaire, que je demande depuis le début", une "avancée positive et dans la bonne direction".
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Appel à la "solidarité"
Sur le plan économique et social, le gouvernement a annoncé le déblocage de 75 milliards de livres libanaises (environ 37,5 millions de dollars, au taux de 2.000LL/dollar) dans les réserves budgétaires pour le Haut-comité de secours "pour assurer la fourniture d' aides sociales et alimentaires". Mercredi, le ministre des Affaires sociales, Ramzi Moucharrafiyé, avait annoncé le lancement d'un plan "d’aide sociale durable" de 12 milliards de LL sur ce plan.
"Les défis économiques appellent une mobilisation aussi importante, voire plus, que celle décrétée sur le plan sanitaire", a déclaré Hassane Diab, relayé par la ministre de l'Information, appelant les Libanais au Liban et à l'étranger à aider les familles dans le besoin aux côtés de l'Etat" et à la "solidarité".
Par ailleurs, une commission ministérielle pour le suivi de la situation des Libanais expatriés a été mise en place et tiendra sa première réunion aujourd'hui, conformément à la recommandation du Conseil de défense sur le sujet, a précisé Mme Abdel Samad.
Sur le plan sanitaire, le chef de l’État a souligné "la nécessité de préparer les hôpitaux gouvernementaux dans toutes les régions", prenant pour exemple le Metn où 53 cas de contamination ont été comptabilisés jusque-là, alors que cette région ne compte qu'un seul hôpital gouvernemental, celui de Dahr el-Bachek.
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Nominations : examen reporté à jeudi prochain
Sur un autre plan, la ministre a précisé que le gouvernement avait poursuivi l'examen du projet de loi de contrôle des capitaux.
Par ailleurs, le chef du gouvernement a évoqué le dossier des nominations administratives, dont l'examen a été reporté à jeudi prochain, affirmant qu'il n'y avait pas de désaccord sur ce sujet. "J'ai demandé aux ministres concernés de fournir les CV de trois candidats pour chacun des postes à pourvoir. Le gouvernement doit notamment nommer les quatre vice-gouverneurs de la Banque du Liban, ainsi que des membres de la Commission des banques.
En outre, le gouvernement a chargé le ministre des Finances, Ghazi Wazni, de "prendre les mesures nécessaires pour vérifier les comptes de la BDL et d'autres parties concernées (...) afin de dégager les raisons concrètes expliquant la situation économique et financière du pays" et de "faire apparaître les données budgétaires de la Banque centrale et ses réserves en devises étrangères".
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commentaires (8)
A quoi sert la mobilisation quand elle n'est pas suivie par une partie de la population,qui ne respecte pas l'essentiel ? Dans ce cas, toute prolongation de la mobilisation paraît comme une punition à l'encontre de ceux qui y adhèrent, sans rendement du point de vue pratique. Le couvre-feu nocturne est meilleur car doit être respecté partout.
Esber
23 h 59, le 26 mars 2020