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À La Une - discours

Nasrallah : Le Hezbollah n'est pas au courant d'un "marché" pour la libération de Fakhoury

Le leader chiite appelle à un renforcement des mesures pour limiter la propagation du coronavirus au Liban, affirmant que tous ses partisans faisant des aller-retours en Syrie sont testés. 

Hassan Nasrallah lors d'un discours vendredi 20 mars 2020. AFP / AL-MANAR TV

Le secrétaire-général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a affirmé vendredi soir que son parti n'était ni impliqué, ni au courant d'un éventuel "marché" ayant permis l'abandon des poursuites contre l'ancien tortionnaire de la prison de Khiam et agent pro-israélien, Amer Fakhoury, libéré lundi et exfiltré de l'ambassade US à Aoukar à bord d'un hélicoptère de la Marine américaine. Soulignant au cours d'un discours télévisé que cette affaire "ouvre la porte" à des pressions américaines sur le pays, il a estimé qu'il aurait "été plus noble que l'ensemble des magistrats du Tribunal militaire démissionne", et pas seulement son président, le juge Hussein Abdallah.

Concernant la pandémie du nouveau coronavirus, dont 163 cas ont été détectés au Liban au cours des dernières semaines, le leader chiite a appelé à un renforcement des mesures sanitaires, affirmant que son parti "n'empêchera pas le gouvernement de proclamer l'état d'urgence" si cela s'avère nécessaire. Il a en outre annoncé que tous les partisans du Hezbollah qui font des aller-retours entre la Syrie et le Liban sont testés afin d'assurer qu'aucune contagion n'ait lieu entre les deux pays.


"Pressions américaines"
Concernant la libération de Amer Fakhoury, Hassan Nasrallah a démenti toute implication du Hezbollah dans un "marché" ayant mené à l'abandon des poursuites contre l'ancien membre de l'Armée du Liban-Sud, une milice supplétive d'Israël, soulignant n'avoir "aucune connaissance d'un tel marché". Il a affirmé que, depuis l'arrestation du ressortissant américain, "de fortes pressions américaines" ont été exercées sur l'Etat libanais, notamment sur des responsables politiques, des juges, sur les organes de sécurité et sur toutes les personnes pouvant avoir une influence dans cette affaire. Il a dénoncé dans ce cadre les menaces des Etats-Unis de mettre des responsables libanais sur la liste des sanctions, d'arrêter de fournir des aides à l'armée libanaise, d'imposer des sanctions économiques sur le Liban ou d'interdire aux autres pays d'apporter leur soutien à l'Etat. "Tout ce qui importait aux Américains, c'est que Amer Fakhoury était un de leur citoyen. Même s'il est un meurtrier, un tortionnaire, il fallait le libérer", a-t-il critiqué. Il a salué dans ce cadre "la résilience" de certains magistrats face à ces pressions, alors que d'autres "ont cédé après quelques mois et ont décidé de libérer Amer Fakhoury".

"Au cours de ces six derniers mois de pressions américaines, le Hezbollah a toujours estimé que ce que voulaient les Américains était très dangereux, parce que cela signifie que l'on peut menacer les Libanais de les mettre sur les listes des sanctions pour obtenir ce que l'on veut d'eux", a-t-il ajouté. "Cela va ouvrir la porte aux Etats-Unis, pour qu'ils puissent imposer ce qu'ils veulent", a-t-il estimé, évoquant notamment que cela pourrait être utilisé dans le cadre du tracé des frontières avec Israël. "Nous ne pouvions pas rester neutres dans cette affaire et avons toujours refusé la libération de Amer Fakhoury", a-t-il dès lors déclaré. Il a toutefois assuré ne jamais avoir été soumis à des pressions de la part de responsables politiques libanais pour autoriser la libération de l'ancien milicien.

Selon des sources politiques, le Courant patriotique libre aurait convaincu son allié le Hezbollah d’accepter à contrecœur la libération de Fakhoury pour éviter de nouvelles sanctions américaines qui le toucheraient.

"Nous pensions qu'aucune décision judiciaire ne serait prise en raison du coronavirus et en raison de la suspension de toutes les affaires administratives du pays, mais comme nous l'avons appris dans les médias, une audience normale a eu lieu devant la justice", a-t-il encore critiqué, dénonçant les "campagnes médiatiques et les accusations" lancées contre le Hezbollah dès l'annonce de la libération de Amer Fakhoury. "Nous avons toujours refusé l'abandon des charges et appelé à un procès équitable". Le leader chiite a encore accusé Washington d'avoir tenté d'"exfiltrer" M. Fakhoury via l'Aéroport de Beyrouth dès l'annonce de l'interdiction de quitter le territoire émise à son encontre, ce qui a été empêché par les forces de sécurité.


(Lire aussi : Après le départ de Fakhoury, le gouvernement veut rendre imprescriptible l'intelligence avec l'ennemi)




Démission du Tribunal militaire
Le chef du parti chiite a par ailleurs souligné que ni la justice, ni l'armée, ni la cour militaire "ne dépendent du Hezbollah", répondant aux médias s'interrogeant sur la possibilité que la décision de justice dans l'affaire Fakhoury ait été prise sans que le parti chiite n'en soit préalablement averti. "Le cabinet actuel n'est pas le gouvernement du Hezbollah, ni l'Etat celui du Hezbollah. Il y a sur la scène intérieure des parties qui ont plus d'influence que nous", a-t-il déclaré. Et de souligner que "ceux qui veulent faire porter la responsabilité de la libération de Amer Fakhoury au Hezbollah devraient rester dans le giron de l'ennemi (israélien) et de notre adversaire (les Etats-Unis)".

Le chef du Hezbollah a encore déclaré que son parti n'avait aucun intérêt à organiser un nouveau "7 mars" en réaction à la décision de la justice, ni de faire tomber l'avion ayant permis à Amer Fakhoury d'être exfiltré de l'ambassade américaine, soulignant que cela "n'est pas dans l'intérêt de l'Etat, du parti, du gouvernement, ou de la résistance". "Toutes les parties qui parlent de la souveraineté et de la neutralité du Liban doivent contrôler l'influence des Etats-Unis sur le pays", a-t-il déclaré, appelant également ces parties "qui se sont tues sur l'existence d'un poste-frontière illégal (à l'ambassade US à Aoukar, ndlr) n'ont pas le droit de parler des postes-frontières illégaux" à la frontière entre le Liban et la Syrie. Il a encore estimé que toute cette affaire "prouve l'hégémonie des Etats-Unis" sur le pays.


(Lire aussi : Le Hezbollah a perdu une manchele décryptage de Scarlett HADDAD)


Hassan Nasrallah a en outre appelé à ce que l'affaire Fakhoury "suive son cours d'un point de vue judiciaire", appelant à "considérer que ce dernier a fui la justice" et à mettre sur pied un comité d'enquête transparent permettant de découvrir comment a été prise la décision de libérer l'ancien tortionnaire de Khiam. Il a encore estimé qu'il aurait "été plus noble que l'ensemble des magistrats du Tribunal militaire démissionne", et pas seulement son président.

Amer Fakhoury s'était exilé il y a plus de 20 ans aux Etats-Unis. A son retour au Liban en septembre, il avait été arrêté et poursuivi par la justice militaire. Il avait été remis en liberté lundi après le jugement d'un tribunal militaire déclarant qu'il y avait prescription pour les actes de torture dont il était accusé. Il a quitté trois jours plus tard le Liban à bord d'un hélicoptère de la Marine américaine. Lors d'une conférence de presse, le président américain, Donald Trump, a remercié le gouvernement libanais pour son aide dans la libération de l'ancien "boucher de Khiam". Face à ces derniers rebondissements, le chef de la diplomatie, Nassif Hitti, a convoqué dans la journée l'ambassadrice des Etats-Unis au Liban, Dorothy Shea afin de l'interroger sur les circonstances du départ de Amer Fakhoury. La ministre de la Défense, Zeina Acar, a pour sa part indiqué sur Twitter qu'elle allait plancher sur des amendements faisant des crimes d'intelligence avec l'ennemi et des crimes contre l'humanité des crimes imprescriptibles, tandis que Hassane Diab a estimé que "le crime d'intelligence avec l'ennemi israélien ne peut pas être simplement oublié".

Commentant l'affaire Fakhoury lors d'un entretien, le secrétaire d'Etat adjoint pour le Proche-Orient, David Schenker, a déclaré que les Etats-Unis n'avaient passé aucun accord, ni aucun marché pour assurer la libération de l'ancien milicien. Washington "n'a fait aucune promesse, n'a pas promis d'argent, ni de libération de détenus et n'a pas discuté avec le Hezbollah" à ce sujet, a-t-il ajouté. 



(Lire aussi : Fermeture des frontières face au coronavirus : qu’en est-il des voies d’accès illégales ?)



"Guerre" contre le virus
Se penchant par ailleurs sur la pandémie de coronavirus, le chef du Hezbollah a appelé à un renforcement des mesures prises pour freiner la propagation de la maladie. "Les gens doivent assumer leurs responsabilités", a-t-il déclaré, affirmant que son parti ne s'oppose pas à la proclamation d'un état d'urgence dans le pays si cela s’avérait nécessaire. Il a toutefois critiqué l'approche de certains qui utilisent "un langage confessionnel" pour parler notamment des personnes contaminées. "C'est honteux, nous sommes un seul pays et un seul peuple, on ne peut pas compter combien de cas sont détectés chez les chiites, les sunnites, les druzes et les chrétiens, a-t-il regretté. Cela est plus dangereux encore que le coronavirus". "Si le gouvernement estime qu'isoler des régions entières est dans l'intérêt du pays, nous soutenons cette prise de décision", a-t-il déclaré, appelant les Libanais à se serrer les coudes et à s'entraider. "Nous devons considérer que nous sommes en guerre et le Hezbollah est prêt à tout ce que pourrait réclamer le ministère de la Santé ou le gouvernement", a-t-il souligné.

Hassan Nasrallah a par ailleurs invité le gouvernement à prendre des mesures pour limiter les risques de contagion des détenus dans les prisons du pays, qui souffrent de surpopulation, suggérant notamment la possibilité de faire sortir certains condamnés des établissements carcéraux, afin qu'ils purgent leur peine chez eux. Il a encore souligné que tous les membres du parti qui vont et viennent entre le Liban et la Syrie, où le Hezbollah combat aux côtés du régime syrien, sont testés, afin d'assurer qu'aucune contagion ne soit possible.

Il a enfin regretté que "trois régions doivent faire face à un traitement inhumain, immoral et raciste" face à la pandémie, la bande de Gaza, dans laquelle aucune aide médicale ne peut entrer, le Yémen et l'Iran, soumis à des sanctions empêchant également l'arrivée de soutiens financiers et médicaux. "On peut parler, dans le cas de ces trois pays, de crimes contre l'humanité", a-t-il déclaré.

Pour faire face à l'épidémie, le gouvernement de Hassane Diab a proclamé dimanche l'état d'urgence sanitaire et la mobilisation générale, obligeant les Libanais à rester confinés chez eux, tandis que les écoles, universités, commerces non-essentiels et l'Aéroport international de Beyrouth, le seul du pays, ont fermé leurs portes. En Iran, pays dont le régime est un des principaux soutiens du parti chiite, la pandémie a fait plus de 1 400 morts et touché plus de 19 000 personnes.



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Le secrétaire-général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a affirmé vendredi soir que son parti n'était ni impliqué, ni au courant d'un éventuel "marché" ayant permis l'abandon des poursuites contre l'ancien tortionnaire de la prison de Khiam et agent pro-israélien, Amer Fakhoury, libéré lundi et exfiltré de l'ambassade US à Aoukar à bord d'un hélicoptère de la Marine américaine....

commentaires (11)

Vous venez de dire : L'Armée du Liban-Sud une milice supplétive d'Israél. Auparavant on disait aussi : Le Hezbollah une milice supplétive de l'Iran. Heureusement, qu'il y a la glorieuse, la vaillante armée libanaise, l'armée de l'Etat. Sans armée, il n'y a pas d'Etat, sans Etat il n'y a pas d'armée.

Un Libanais

12 h 04, le 21 mars 2020

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Commentaires (11)

  • Vous venez de dire : L'Armée du Liban-Sud une milice supplétive d'Israél. Auparavant on disait aussi : Le Hezbollah une milice supplétive de l'Iran. Heureusement, qu'il y a la glorieuse, la vaillante armée libanaise, l'armée de l'Etat. Sans armée, il n'y a pas d'Etat, sans Etat il n'y a pas d'armée.

    Un Libanais

    12 h 04, le 21 mars 2020

  • l'air mielleux et les doigts bien gentiment repliés, mdr!

    Christine KHALIL

    10 h 31, le 21 mars 2020

  • Pas convaincant pour un sou, Tonton Hassan... malgré ses sourires angéliques, ses formules religieuses qui perdent de leur valeur à force d'être répétées, et ses explications et justifications noyées dans un fleuve de paroles soûlantes ! Au fait, à quoi devait servir ce discours interminable ? On connait déjà les réponses de ses adorateurs inconditionnels qui ont eu droit à leur dose indispensable pour subsister ! Irène Saïd

    Irene Said

    07 h 47, le 21 mars 2020

  • Comparons ce qui est comparable. la liaison aérienne au départ de awkar est tout ce qu'il y a de plus légal, les mouvements se font en coopération avec les autorités libanaises. Ce n'est pas le cas des mouvements terrestres à la frontière avec la syrie, sinon ils passeraient par masna'a au lieu d'emprunter les chemins de contrebandiers.

    Desperados

    01 h 50, le 21 mars 2020

  • Si petit..Un discours "religieux" digne de classe maternelle,alors que l'humanité se bat contre un virus OUF!! .Tout comme les journaleux inféodés qui passent leur temps à idôlatrer, défendre ce barbu et ses milices ainsi que ses alliés arrivistes profiteurs qui le couvrent. Bon sang, pourquoi voulez-vous que l'occident aide le liban puisque ce gars les incendie tous les jours...Que sa milice ET SA DOCTRINE du "aadou" toutes les sauces, dégagent et le liban sera fréquentable à nouveau.

    LE FRANCOPHONE

    23 h 33, le 20 mars 2020

  • "Et comme je disais, on a chevauché des licornes qui volent bien plus vite et bien plus haut que les avions de combats!... Je vous conseille aussi de vous organiser et vous préparer car l'invasion des liliputiens est pour bientôt et sera intenable et agaçante!!" Mokhtassar moufid d'un discours typique libanais Yallah au dodo les p'tits

    Wlek Sanferlou

    23 h 24, le 20 mars 2020

  • Les lieux de passage entre le Liban et la Syrie sont fermés nous disent ils. Et comment les cadres du Hezb continuent à faire des allées retours. Preuve à l'appui que ce gouvernement actuel, n'est qu'un état dans l'état. Celui du Hezb. Qui continue à se comporter comme un état illégal n'obéissant à aucune règle et aucune loi.

    Citoyen

    23 h 23, le 20 mars 2020

  • Ton temps est révolu... L'humanité se rapproche et elle est solidaire en cette période. Les gueulards, suivistes et va t en guerre n'ont plus de place sur terre ... La paix doit être au rendez-vous pour sauver l'humanité et la planète. Surtout que les vaccins qui vont guérir tes proches du virus ont plus de chance d'être découverts par tes ennemis que par tes parains iraniens qui sont dans le caca..

    LE FRANCOPHONE

    23 h 23, le 20 mars 2020

  • ""Le Hezbollah n'est pas au courant d'un "marché" pour la libération de Fakhoury"" Même le Secrétaire général parle de ""résilience"" et s’il souhaite la démission de tous les magistrats, il ne dit pas par qui les remplacer. Détail important, quand ses combattants vont en Syrie, ce n’est sûrement pour faire du ski. Il mesure à sa dimension la puissance d’un empire, depuis la mort du général Soleimani. Marché de dupe, mais en politique s’avouer cocu, c’est plutôt annoncer une revanche à prendre… Voyons voir la marge de manœuvre du Secrétaire général...

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    23 h 14, le 20 mars 2020

  • HAHAHA... PAS AU COURANT. CA FAIT RIRE. QUAND AUX HEZBOLLAHIS QUI VONT ET VIENNENT EN SYRIE ET DE LA CERTES EN IRAN MEME S,ILS SONT TESTES NEGATIFS ILS PEUVENT CONVOYER LE VIRUS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    22 h 49, le 20 mars 2020

  • Liar, liar. Pants on fire!!!

    sancrainte

    22 h 22, le 20 mars 2020

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