Le ministre libanais des Finances Ghazi Wazni a affirmé jeudi, dans un entretien à l'agence Reuters, que le plan de sauvetage du pays, qui fait face à sa pire crise économique et financière depuis 30 ans, sera prêt dans les prochaines semaines et sera conforme aux recommandations du Fonds monétaire international (FMI). Ces déclarations interviennent alors que le gouvernement libanais a décidé samedi dernier de ne pas régler l’échéance de 1,2 milliard de dollars d’eurobonds (titres de dette en devises) arrivés à échéance lundi dernier pour ensuite restructurer sa dette publique, devenue insoutenable.
"Le plan du Liban pour faire face à la crise économique et financière sera conforme aux recommandations du FMI et sera prêt dans les prochaines semaines", a indiqué M. Wazni. "Tout recours à un programme du FMI devra faire l'objet d'un accord politique et ses conditions ne doivent pas provoquer des souffrances", a ajouté le ministre des Finances.
Ghazi Wazni a également fait savoir que le taux officiel de la livre libanaise, fixé à 1 507.5 livres contre le dollar, "restera le même dans un avenir proche", affirmant que cela aide à lutter, entre autres, contre l'inflation.
Mardi, le gouvernement de Hassane Diab s'est entretenu avec une équipe de conseillers internationaux à propos du plan de réformes devant permettre la relance économique et financière du pays. Cette réunion s'est penchée sur l'étude des "grands titres du plan de réformes", notamment la question de la réduction des dépenses publiques et de la récupération des fonds pillés. Selon les informations de notre correspondante Hoda Chedid, le plan de sauvetage du pays sera prêt d'ici deux mois, et sa mise en application prendra 10 mois au maximum.
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"25 à 30 milliards de dollars"
Pour la première fois de son histoire, le Liban est en défaut de paiement de sa dette, alors que le pays passe par sa pire crise économique et financière depuis la fin de la guerre civile en 1990. A la demande de l’État, une mission d'urgence du FMI a été dépêchée le mois dernier à Beyrouth, mais aucune assistance financière de l'institution n'a été annoncée pour le moment.
"Le FMI est prêt à envoyer à nouveau ses experts au Liban une fois le plan prêt. Ce plan préparé par le gouvernement sera conforme aux recommandations du FMI et inclura un plan que le Liban prépare avec la Banque mondiale", a souligné M. Wazni.
Le ministre des Finances a aussi fait savoir que le Liban "a besoin de 25 à 30 milliards de dollars d'aide sur les cinq prochaines années afin de sortir de la crise".
"Le Liban accueille toute aide internationale sans exception. Mais lorsqu'il s'agit du FMI (...) l'accord avec le Fonds ne doit pas impacter négativement la situation politique au Liban", a ajouté le ministre. "Les conditions ne doivent pas affecter la situation sociale, et tout programme doit bénéficier d'une entente politique", a-t-il ajouté. "Le Fonds ne doit pas imposer ses conditions traditionnelles, comme une hausse des taxes ou des privatisations".
Avec une dette de 90 milliards de dollars - soit environ 170% du PIB - le Liban fait partie des pays les plus endettés au monde. Le marasme économique a été un des principaux moteurs des manifestations inédites déclenchées en octobre, qui ont vu des dizaines, voire des centaines de milliers de Libanais battre le pavé pour fustiger une classe politique accusée de corruption et d'impuissance face à la crise.
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Le pays "a besoin de 25 à 30 milliards de dollars d'aide sur les cinq prochaines années afin de sortir de la crise", affirme le ministre des Finances. et dans 5 ans qui va rembourser cet argent………. le programme doit bénéficier d'une entente politique", a-t-il ajouté. "Le Fonds ne doit pas imposer ses conditions traditionnelles, comme une hausse des taxes ou des privatisations" mais peut exiger des taxes et des impots sur les biens des communotés religieuses (toutes communotés confondus)qui sont énormes.
youssef barada
11 h 27, le 14 mars 2020