Des migrants assis autour d'un feu près du poste-frontière de Pazarkule, à la frontière turco-grecque, le 7 mars 2020. Photo REUTERS/Huseyin Aldemir
La guerre des mots et des images entre Athènes et la Turquie voisine a grimpé d'un cran cette semaine avec l'afflux massif de migrants lâchés par Ankara aux portes de la Grèce. D'accusations en démentis, la surenchère de part et d'autre de la frontière n'a pas tari, jusqu'au plus haut de l'Etat, depuis la décision de la Turquie, le 28 février, d'ouvrir les vannes aux milliers d'exilés attirés par l'Europe.
Alors que des milliers de personnes se ruaient vers la frontière terrestre bordée par le fleuve Evros, dans l'espoir d'entrer dans l'Union européenne, Athènes a rapidement musclé sa réponse sur le terrain et abandonné son langage diplomatique, sur fond de rivalité ancestrale. Ankara ripostait, à coups de vidéos, accusant Athènes de tirer sur des migrants.
La Turquie "trafiquant" de migrants
"Le mouvement est dirigé et encouragé par la Turquie", a fustigé le porte-parole du gouvernement Stelios Petsas, au sortir d'une réunion de crise dimanche dernier. "La Turquie, au lieu de réduire les réseaux de passeurs de migrants et réfugiés, s'est transformée elle-même en trafiquant", a-t-il accusé.
Une rhétorique ensuite reprise par le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis. Devant plusieurs dirigeants de l'UE, dont la présidente de la commission européenne, réunis mardi côté grec au poste frontière de Kastanies (Pazarkule côté turc), le chef du gouvernement a taxé Ankara de "trafiquant officiel" de migrants.
Ankara utilise les réfugiés "comme des pions"
"Les personnes rassemblées à la frontière sont manipulées comme des pions dans le jeu de la Turquie pour exercer une pression diplomatique", a dénoncé le porte-parole du gouvernement grec, dimanche dernier.
Le Premier ministre a accusé Ankara d'avoir "systématiquement encouragé et aidé" les migrants à entrer "illégalement" en Grèce. Athènes accuse les Turcs d'armer les migrants de grenades et de cisailles pour découper les barbelés.
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"Barbarie" : les Grecs tirent "à balles réelles"
"Il n'y a qu'un seul mot pour qualifier la mentalité de ceux qui tirent à balles réelles sur les opprimés qui se pressent à leur porte, qui coulent leurs embarcations et asphyxient leurs enfants avec du gaz lacrymogène: barbarie", a fustigé mercredi le vice-président turc Fuat Oktay.
L'Europe devrait avoir "honte" de "cette attitude brutale de la Grèce", a renchéri le même jour sur Twitter le président du parlement turc Mustafa Sentop. Démenti grec : "aucun tir des forces grecques n'a été effectué contre aucun individu tentant d'entrer illégalement en Grèce".
Les Grecs tentent de "noyer" les migrants
Des médias turcs ont publié une vidéo, que l'AFP n'a pu authentifier, montrant des garde-côtes grecs essayant de crever à l'aide d'une perche un canot pneumatique chargé de migrants et tirant des coups de semonce près de l'embarcation. Le président Recep Tayyip Erdogan a déclaré mercredi que les Grecs "ont recours à tous les moyens pour empêcher les migrants d'entrer sur leur territoire - allant jusqu'à les noyer ou les tuer à balles réelles".
(Lire aussi : L’OTAN veut l’apaisement entre Turcs et Européens)
"Approche inhumaine" de la Grèce
La Turquie a accusé jeudi les forces frontalières grecques d'avoir tué trois migrants, ce qu'Athènes a fermement démenti. Des médias turcs avaient diffusé dès lundi une vidéo que l'AFP n'a pas pu vérifier, montrant un homme à terre, ensanglanté, présenté comme un Syrien abattu par un tir grec. "Le fait que la Grèce utilise du gaz lacrymogène et des grenades étourdissantes, et qu'elle ait tué un migrant est une approche inhumaine", avait fustigé lundi Omer Celik, porte-parole du Parti au pouvoir AKP.
Interrogé vendredi sur un possible sommet en Bulgarie avec le Premier ministre grec, le président Erdogan a répondu : "Je n'irai pas là où il se trouve et je ne figurerai pas sur une même photo avec lui".
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