Rechercher
Rechercher

Société - Patrimoine

« Ce bâtiment est à nous » : mobilisation contre la démolition de la maison rouge de Hamra

Ce bâtiment emblématique du secteur de Hamra est, une fois de plus, menacé de disparition, au grand dam des militants.

Un bâtiment emblématique de Hamra et indissociable de l’histoire de la capitale, menacé de disparition.

Mercredi soir, à 17h, des dizaines de manifestants se sont rassemblés devant la maison rouge de Hamra, à nouveau menacée de démolition après avoir été rayée de la liste des bâtiments classés par le ministère de la Culture. Au début du rassemblement, ils ne sont qu’une vingtaine. Des militants de tous les âges portant quelques pancartes devant la maison couleur crème aux volets rouges, bâtiment emblématique du quartier beyrouthin. Mais, rapidement, le petit groupe augmente jusqu’à regrouper une quarantaine de personnes. Une des jeunes participantes au sit-in entonne le slogan « Harameh, Harameh » (« voleur, voleur »), désormais chanté à tous les rassemblements depuis le début de la révolution du 17 octobre.

Les manifestants protestent contre la menace de démolition qui pèse à nouveau sur la maison rouge, au centre d’un triste feuilleton qui dure depuis plusieurs années. Si l’édifice du début du XXe siècle avait été classé à la suite d’un premier projet de démolition qui avait fait polémique en 2016, il a été retiré en 2017 de la liste des bâtiments protégés par Ghattas Khoury, ministre de la Culture de l’époque. Aujourd’hui, les travaux de sape ont apparemment repris. Paola, membre de l’association Save Beirut Heritage, détaille les dégâts. « Tout l’intérieur est ravagé, déplore-t-elle. Les propriétaires veulent détruire la maison pour pouvoir édifier une tour sur le terrain, comme dans le reste du quartier. C’est pourtant dans cette maison, la plus longtemps habitée du quartier, que les hommes politiques qui ont fait l’indépendance avaient l’habitude de se réunir. Elle a une vraie valeur nationale. »

Un peu à l’écart, Karen Hilal, étudiante en gestion, garde les yeux fixés sur le bâtiment. La militante au sein du mouvement Jeunes pour le changement, venue avec deux camarades, ne décolère pas contre les propriétaires. « Ce bâtiment est à nous, le peuple, comme la rue et tout ce qui fait partie de notre histoire. Ce n’est pas à eux de décider ce qu’il faut en faire », martèle-t-elle, avant d’expliquer voir un lien clair entre le désintérêt officiel pour le patrimoine et les provocations politiques qui poussent les Libanais dans la rue depuis octobre.


(Lire aussi : À Tyr, un promontoire archéologique en danger)



Pourquoi pas l’expropriation ?

C’est également l’avis de Houssam Houhou, président de l’association de théâtre populaire et militant de Kawalis, qui a organisé ce rassemblement. Alors que la nuit tombe et que les militants commencent à se disperser, le militant explique ce qui, selon lui, devrait être fait pour mettre hors de danger ce joyau architectural. « Avec ce système de classement, l’État ne protège rien en fait, puisqu’un ministre de la Culture peut défaire ce qu’a fait son prédécesseur. Il faudrait que le gouvernement exproprie ce genre de bâtiments et ne les laisse pas à la charge de propriétaires privés. Il n’y a que 200 bâtiments de ce type à Beyrouth, ce n’est pas insurmontable. Le gouvernement pourrait en faire des bâtiments d’intérêt public, comme des bibliothèques ou des centres culturels. Cette destruction est illégale en raison d’une décision de justice qui l’a interdite, suite au déclassement de la maison », assure-t-il également. L’homme de théâtre, qui avait déjà organisé à la suite d’une représentation un rassemblement devant la maison en 2017, se dit très inquiet pour la préservation du patrimoine traditionnel beyrouthin.

Alors que le rassemblement touche à sa fin, les organisateurs continuent de discuter des moyens de sauver la maison. Quoi qu’il advienne de la maison rouge, la révolution semble avoir éveillé chez les Libanais un sens de l’action collective et du patrimoine commun qui promet de remettre la société civile au cœur de la vie politique.


Lire aussi

Le site de Nahr el-Kalb risque de perdre ses chances de figurer sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco

Pour des histoires d’ego et de sous, le Liban en passe de perdre son héritage culturel

Mercredi soir, à 17h, des dizaines de manifestants se sont rassemblés devant la maison rouge de Hamra, à nouveau menacée de démolition après avoir été rayée de la liste des bâtiments classés par le ministère de la Culture. Au début du rassemblement, ils ne sont qu’une vingtaine. Des militants de tous les âges portant quelques pancartes devant la maison couleur crème...

commentaires (1)

Le CPL ou n importe quel autre parti devrait en faire leur QG!

Jack Gardner

12 h 15, le 05 mars 2020

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Le CPL ou n importe quel autre parti devrait en faire leur QG!

    Jack Gardner

    12 h 15, le 05 mars 2020

Retour en haut