Guterres à Hitti : La communauté internationale prête à aider le Liban s'il effectue des réformes

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a affirmé vendredi au chef de la diplomatie libanaise, Nassif Hitti, que la communauté internationale était prête à aider le Liban, qui connaît sa pire crise économique en 30 ans, s'il mène des réformes.

Dans un entretien téléphonique avec le ministre libanais des Affaires étrangères, M. Guterres a affirmé que "la communauté internationale est prête à assister le Liban, pourvu que les réformes désirées soient mises en place", rapporte l'Agence nationale d'information (Ani, officielle).

Les deux responsables ont aussi évoqué "la situation au Liban et dans la région, ainsi que le travail de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul)", qui œuvre au maintien de la paix à la frontière avec Israël.

Nassif Hitti se trouve à Paris pour une visite de travail. Il s'est notamment rendu au consulat du Liban en France. Selon notre correspondant à Paris, Elie Masboungi, M. Hitti doit informer les responsables qu’il rencontrera de la ligne tracée par le cabinet Diab aux niveaux politique et économique, et leur expliquer que la feuille de route du gouvernement libanais comprend les réformes requises par la communauté internationale pour que l’aide des pays amis, sous la conduite de la France et dans l’esprit de la conférence de Paris (CEDRE), connaisse un début de concrétisation.

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"Aide médicale"
Dans ce cadre, Nassif Hitti, s'est entretenu en fin de journée avec son homologue français, Jean-Yves Le Drian, à Paris, notamment sur les moyens de lancement des réformes requises pour obtenir le soutien financier de la communauté internationale. Lors de leur réunion au Quai d'Orsay, les chefs de la diplomatie française et libanaise ont également discuté des moyens pour le Liban de faire face à la crise économique sévère que traverse le pays.

Selon des informations de la chaîne de télévision locale LBCI, la cellule de crise au sein du ministère français des AE envisage de fournir une "aide médicale" à Beyrouth afin de lutter contre la propagation de l'épidémie de Covid-19 sur son territoire.

Le ministre libanais a par ailleurs été reçu par le diplomate Pierre Duquesnes, chargé du suivi de l'application des réformes requises par la CEDRE.

Le Liban, lourdement endetté, traverse actuellement une crise économique et financière la plus grave depuis la fin de la guerre civile il y a 30 ans, et son gouvernement évalue les options d’une aide extérieure et doit décider de rembourser ou non une série d'eurobonds avant le 9 mars.

Mardi, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, Jan Kubis, a exhorté sur Twitter le Fonds monétaire international (FMI) à assister les autorités libanaises dans la mise en place des mesures et réformes "difficiles mais nécessaires" pour redresser la situation de façon durable et "socialement responsable". Des responsables du FMI se sont rendus au Liban le 20 février suite à une demande d'assistance technique par le gouvernement libanais.

(Lire aussi : Le FMI prolonge sa mission au Liban, l’ONU l’exhorte à assister le pays)

Foucher chez Diab
Parallèlement, l'ambassadeur de France à Beyrouth, Bruno Foucher, qui a été reçu vendredi par le Premier ministre Hassane Diab au Grand sérail, a affirmé que Paris se tenait aux côtés du Liban.

Selon les services du Premier ministre, les deux hommes ont également insisté sur le rôle du gouvernement libanais dans le sauvetage du pays et l'application de réformes, ainsi que le rôle de la France concernant son aide au Liban à travers la mise en place des recommandations de la conférence des donateurs qui s'est tenue à Paris en avril 2018 (la CEDRE). Les pays donateurs avaient demandé qu'en contrepartie de promesses de prêts et de dons à hauteur de 11,6 milliards de dollars, Beyrouth procéderait à des réformes structurelles et à des coupes budgétaires.

Dimanche dernier, le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, avait déclaré que son pays était prêt à soutenir financièrement le Liban, appelant encore à ne pas mélanger le "rétablissement" du pays du Cèdre à la question de l'Iran.

Alors que la crise économique s'accentue au Liban, des Etats occidentaux et sunnites du Golfe ont prévenu que tout soutien à Beyrouth dépendait de la mise en  œuvre de réformes longtemps repoussées pour traiter les causes profondes de ses difficultés, comme la corruption et une gouvernance défaillante.

Fin janvier, le président Emmanuel Macron avait déclaré que la France ferait "tout" pour "aider" le Liban, soulignant encore qu'il allait rester "vigilant" sur des "activités terroristes" depuis le Liban qui menaceraient non seulement les Libanais, mais Israël, pays voisin en conflit avec le Hezbollah.

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