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Moyen-Orient - Éclairage

Quatre des principaux candidats à la primaire démocrate boudent le congrès du lobby pro-israélien

Si Bernie Sanders assume une ligne ouvertement critique à l’égard de l’Aipac, les autres sont plus discrets quant aux raisons de leur absence.


Une femme attend pour écouter le candidat aux primaires démocrates, Michael Bloomberg, lors d’un rassemblement électoral à Houston, au Texas, hier. Callaghan O’Hare/Reuters

Ils sont désormais quatre. Pete Buttigieg, Amy Klobuchar, Bernie Sanders et Elizabeth Warren. Quatre des principaux candidats à la primaire démocrate américaine ont annoncé ne pas se rendre à la conférence de l’« American Israel Public Affairs Committee » (Aipac) qui doit se tenir à Washington du 1er au 3 mars, dans ce qui se présente comme un mouvement inédit dans l’histoire du parti.

Alors que l’ancien vice-président, Joe Biden, ne s’est pas encore prononcé, l’ancien maire de New York, Michael Bloomberg, est le seul candidat démocrate à avoir jusque-là confirmé sa présence. Les autres ont, semble-t-il, pris leur distance avec le lobby pro-israélien qui, chaque année, réunit quelque 18 000 personnalités.

Un choix motivé par une critique grandissante à l’égard de la politique de Benjamin Netanyahu et, plus généralement, d’une nouvelle droite qualifiée de réactionnaire, représentée par des leaders tels que Donald Trump, Viktor Orban en Hongrie, ou Jair Bolsonaro au Brésil. À l’image du mouvement militant juif « IfNotNow », plusieurs groupes se sont mobilisés afin de dénoncer les politiques jugées racistes du gouvernement israélien et le soutien que lui apportent des organisations telles que l’Aipac. En appelant par exemple au boycott de la conférence annuelle autour du mot d’ordre

« #skipAIPAC », les critiques pointent du doigt l’alignement du lobby pro-israélien à certains « partisans de l’idéologie de la suprématie raciale, qui a éloigné beaucoup au sein du Parti démocrate, surtout ceux qui s’identifient à la frange progressiste », estime Zachary Witus, membre du mouvement « IfNotNow », interrogé par L’Orient-Le Jour.

Au sein même de la communauté juive, quelque chose semble avoir changé. « Certains Juifs américains comme moi-même ont œuvré sans relâche pour diffuser le message selon lequel soutenir la lutte contre l’antisémitisme ne veut pas nécessairement dire financer l’occupation, mais au contraire mettre fin à l’occupation afin de soutenir la liberté et la dignité pour tous », note Zachary Witus.



(Pour mémoire : La jeune génération de démocrates se rapproche de la rhétorique anti-israélienne)



Le cas Bernie Sanders
Parmi les critiques, la voix de Bernie Sanders est celle qui se fait le plus entendre. La campagne du candidat est en effet la plus emblématique de cette nouvelle ligne antiraciale qui mobilise autour de l’idée que « partager la scène avec des islamophobes assumés ou des racistes anti-arabes est de plus en plus inacceptable », estime Zachary Witus. Le favori de la primaire démocrate, qui serait également le premier candidat juif d’un grand parti à concourir à la présidentielle, est le plus ouvertement critique vis-à-vis du gouvernement israélien. Contrairement aux autres candidats, qui restent discrets, le refus de M. Sanders est motivé par une prise de position claire. Il avait accusé l’Aipac de « donner une plate-forme d’expression à des dirigeants racistes qui s’opposent aux droits fondamentaux » du peuple palestinien.

« M. Sanders s’est montré extrêmement critique, alors que les autres candidats ont communiqué une excuse légitime pour ne pas assister », note Aaron David Miller, vice-président au centre Wilson à Washington et ancien conseiller auprès de six secrétaires d’État américains. « M. Sanders a très peu à perdre à exprimer des opinions extrêmement critiques envers Israël dans ces primaires où il est le favori », observe Aaron David Miller, pour qui la stratégie du candidat pourrait se révéler moins payante au-delà des primaires, lorsqu’il s’agirait de séduire un électorat plus centriste.

Les autres candidats sont-ils contraints par un agenda qui dépasse le scrutin imminent des primaires démocrates ? Exception faite de Bernie Sanders, la critique est en effet moins tranchée ailleurs et les candidats semblent avant tout préoccupés par leurs campagnes respectives. Amy Klobuchar, candidate centriste et sénatrice du Minnesota, et Pete Buttigieg, ancien maire du South Bend, ont par exemple déclaré ne pas pouvoir se rendre à Washington pour une question de calendrier : l’événement intervient en même temps que le « Super Tuesday », journée électorale décisive des primaires où 14 États devront se prononcer simultanément quant à la nomination du candidat démocrate en vue des présidentielles de novembre 2020.

La date du Super Tuesday, qui semble certes fournir un alibi commode, est peut-être également le signe que la réunion de l’Aipac n’est pas l’événement symbolique qu’il semble être. D’autant que « depuis 1992, les candidats républicains ont dépassé de 39 % les candidats démocrates parmi l’électorat juif américain, ce qui rend le fait d’assister à la conférence de l’Aipac beaucoup moins important », rappelle Aaron David Miller.

Malgré une tendance au sein du Parti démocrate et des Juifs américains à vouloir mettre fin au soutien sans condition des États-Unis à la politique israélienne, la critique n’est pas partagée par tous. Ces annonces, et les réactions qu’elles provoquent, doivent donc se lire dans un contexte plus large. Celle de l’importance relative de la question au sein des primaires démocrates.



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