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Moyen Orient et Monde - Interview express

La jeune génération de démocrates se rapproche de la rhétorique anti-israélienne

Rencontre chaleureuse entre Donald Trump et Benjamin Netanyahu, en septembre 2018, à l’occasion de l’Assemblée générale de l’ONU à New York. Nicholas Kamm/AFP

Face à une politique pro-israélienne sans nuance du président américain Donald Trump, le Parti démocrate aux États-Unis peine à trouver sa place concernant ses relations avec l’État hébreu. L’Orient-Le-Jour a interrogé Jacques Berlinerblau, directeur du Program for Jewish Civilization à Georgetown University, sur l’évolution de la rhétorique du Parti démocrate concernant Israël, l’impact que cela aura sur le vote juif et un éventuel changement dans la politique américaine.

Y a-t-il un risque que ce déplacement vers la gauche du Parti démocrate vis-à-vis d’Israël puisse affecter le vote juif ?

Ce qui se passe actuellement aux États-Unis est une situation très compliquée pour le judaïsme américain. La majorité des Juifs américains, qui sont encore libéraux, mais qui ne le seront sans doute pas toujours, ne sont pas aussi révoltés par cette rhétorique que les dirigeants actuels pourraient l’indiquer. En tant que professeur d’université, je travaille avec beaucoup de jeunes, parmi lesquels des étudiants juifs. Ces étudiants viennent souvent d’horizons libéraux et sont profondément critiques à l’égard de l’administration actuelle et de ses relations avec l’État hébreu. C’est là que se trouve le problème. C’est un jeu très dangereux pour l’unité juive. Je pense que nous avons deux grands groupes divergents qui composent le judaïsme américain, en ce qui concerne le vote. Quelque 70 à 80 % des Juifs américains votent toujours démocrate et n’envisageraient probablement jamais de voter républicain. 30 à 15 % des Juifs américains ont tendance à voter républicain, mais ce chiffre augmente très lentement. Ce fossé continuera de se creuser en raison de cette rhétorique. La situation actuelle ne fera rien pour atténuer ce clivage, et il se polarisera davantage.

Pensez-vous que la politique américaine envers Israël sera un sujet de débat important lors de l’élection présidentielle de 2020 ?

Oui, certainement. L’ancienne génération de dirigeants démocrates défend une évaluation très positive d’Israël. Même lorsqu’ils critiquent Israël, ceci se fait avec beaucoup de sympathie, c’est une critique très intéressée en ce qui concerne l’avenir de l’État hébreu. La jeune génération ne partage pas cette même politique. Leurs critiques à l’égard d’Israël sont beaucoup plus vives et sévères, et se rapprochent de la rhétorique anti-israélienne. Cette jeune génération de progressistes est précisément celle à laquelle la communauté juive américaine et des groupes comme l’Aipac doivent réfléchir très attentivement.

À quoi attribuez-vous cette évolution ?

Tout d’abord, on constate que la tension qui a existé dans la relation de l’ancien président Barack Obama avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu a rendu difficile à cette nouvelle génération de démocrates d’identifier Israël comme étant un État démocratique libéral. Le discours de M. Netanyahu devant le Congrès en 2015 a par exemple été un moment décisif. À ceci s’ajoute aussi l’enthousiasme qu’exprime le président Donald Trump envers la politique israélienne droitiste de M. Netanyahu. Ce soutien total de M. Trump envers M. Netanyahu est clairement en train d’aliéner les jeunes progressistes face à la politique étrangère actuelle des États-Unis à l’égard d’Israël.

Quelle politique pensez-vous qu’un nouveau président démocrate plus critique à l’égard d’Israël pourrait inverser ou poursuivre ?

Tout commencera par un changement de ton. Le ton actuel entre Israël et les États-Unis au niveau de leurs gouvernements est en ce moment tout à fait cordial. Sous l’administration Obama, il y a eu des frictions saines. J’envisage qu’un nouveau gouvernement américain pourrait tendre la main de manière plus enthousiaste à des groupes palestiniens en Israël et dans le monde entier. Je doute qu’il y ait un retour en arrière concernant l’installation de l’ambassade américaine à Jérusalem, mais ce n’est pas impossible. De plus, les dons financiers et le soutien militaire à Israël vont certainement diminuer.


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commentaires (2)

Pourquoi dit-on les Juifs américains, et pas les Américains juifs? Pourquoi dit-on les Juifs allemands, et pas les Allemands juifs? Pourquoi dit-on les Juifs français, et pas les Français juifs? Etc. Seraient-ils plus religieux que patriotes? C’est sans doute le cas pour certains, mais peut-on ainsi généraliser?

Gros Gnon

07 h 58, le 18 juillet 2019

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Commentaires (2)

  • Pourquoi dit-on les Juifs américains, et pas les Américains juifs? Pourquoi dit-on les Juifs allemands, et pas les Allemands juifs? Pourquoi dit-on les Juifs français, et pas les Français juifs? Etc. Seraient-ils plus religieux que patriotes? C’est sans doute le cas pour certains, mais peut-on ainsi généraliser?

    Gros Gnon

    07 h 58, le 18 juillet 2019

  • Le plus grand souhait des ennemis de l'amérique trump-petienne c'est de le voir reconduit en 2020 . Un éléphant dans un magasin de porcelaine. Ce clown déclenchera la 2ème guerre civile aux usa.

    FRIK-A-FRAK

    05 h 16, le 18 juillet 2019

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