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Économie - Consommation

Un nouveau mécanisme de fixation du prix du pain dans les tuyaux

Le ministre de l’Économie a également annoncé un renforcement du contrôle sur les prix des biens de consommation, qui ont augmenté de façon chaotique depuis le début de la crise.


Le ministre de l’Économie et du Commerce du gouvernement Diab, Raoul Nehmé. Photo P.H.B.

Un mois après la cérémonie de passation des pouvoirs, le ministre de l’Économie et du Commerce du gouvernement Diab, Raoul Nehmé, a organisé hier une conférence de presse à son bureau pour évoquer les principaux dossiers concernant son ministère.

Une intervention qu’il a entamée en annonçant la mise en place prochaine d’un nouveau mécanisme de fixation du prix du pain en coordination avec les acteurs de la filière. Le ministre a d’ailleurs organisé sa conférence de presse juste après une réunion avec des représentants des boulangers – le membre de la direction du syndicat national, Ali Ibrahim, et celui du syndicat des boulangers du Liban-Nord, Tarek el-Mir.



(Lire aussi : Les boulangers suspendent leur grève ouverte)



Plusieurs paramètres
Ce mécanisme, qui devrait être « définitivement » fixé par une commission formée par le ministère et comprenant des représentants des boulangers et des minotiers dès lundi prochain, selon Raoul Nehmé, s’apparentera à celui qui existe déjà pour les prix des carburants, mis à jour chaque semaine par le ministère de l’Énergie et de l’Eau. Le prix du pain sera alors calculé en fonction de plusieurs paramètres, dont le cours international du blé ou encore le prix du carburant. Il devra aussi tenir compte « des droits des consommateurs libanais », que ce soit en matière de prix ou de qualité, a insisté le ministre. Aucune décision concernant la fréquence de la mise à jour du prix du pain n’a pour le moment été prise. Comme d’autres filières, les boulangers se plaignent de l’impact de la crise des liquidités que subit actuellement le pays, en plein contexte de crise économique et financière. Les restrictions informelles mises en place par les banques depuis fin août ont en effet limité la circulation du dollar sur le territoire et les transferts vers l’étranger, ce qui a contribué à gonfler le taux chez les changeurs, qui dépend en principe de l’offre et la demande, jusqu’à flirter avec les 2 500 livres – le taux officiel de 1 507,5 livres est toujours appliqué pour les transactions bancaires–. Cette situation a naturellement provoqué une hausse du prix du blé importé qui représente l’essentiel des besoins du pays, le blé produit sur place et qui bénéficie de subventions de l’État ne représentant qu’une infime portion de ce qui sert à fabriquer le pain consommé sur le marché local. Or si le prix de la farine a augmenté, ce n’est pas le cas de celui du pain qui est officiellement fixé par le ministère de l’Économie, qui n’est que rarement intervenu ces dernières années sur le prix ou le poids de la « rabta » de 1 000 grammes de pain arabe blanc fixé à 1 500 livres.



(Lire aussi : Les prix des biens de consommation augmentent de manière « chaotique »)



Marge de 10 à 12 %
Cette situation ne convient naturellement pas aux boulangers qui « ne perdent pas d’argent mais n’en gagnent pas non plus », selon Tarek el-Mir. La filière a levé la voix à plusieurs reprises ces derniers mois pour dénoncer la hausse du prix de la farine, sans que ses revendications ne soient entendues. Lundi, les syndicats de boulangers ont suspendu l’appel à la grève ouverte qu’ils avaient décidée à la veille du week-end sous la pression d’une partie de la population dans certaines régions – notamment dans la banlieue sud – et du président du Parlement, le chef du mouvement chiite Amal, Nabih Berry.

Mais pour une source proche du dossier, les boulangers libanais sont loin d’être les plus à plaindre et réalisaient, avant la crise, des marges bénéficiaires nettes allant de 10 à 12 %, selon une étude financée par l’Union européenne et réalisée en partenariat avec le ministère d’État pour le Développement administratif ainsi que la société britannique Crown Agents. Les enseignements de l’étude avaient été révélés l’été dernier. « Cette marge qu’ils arrivaient à générer avant le début de la crise est très confortable par rapport à ce qu’on peut voir dans d’autres pays. C’est pour cela que le ministère semble en mesure de leur demander de faire un effort aujourd’hui », analyse cette source. Elle pense d’ailleurs savoir que l’activation de la commission chargée de fixer le prix du pain aurait été retardée par le refus des syndicats de boulangers de nommer un représentant pour y participer.

Raoul Nehmé a enfin consacré une autre partie de sa conférence de presse aux mesures qu’il compte prendre pour renforcer les contrôles sur les prix des biens de consommation, qui ont augmenté de façon chaotique depuis le début de la crise. Cette mission est pour le moment assurée par une centaine d’inspecteurs affiliés à la Direction de la projection des consommateurs au ministère (DPC), un effectif trop limité pour surveiller tout le territoire. Une carence que le ministre espère combler en faisant appel à des volontaires pour venir assister la DPC et qui bénéficieront d’une formation de deux jours avant d’aller sur le terrain. Les personnes intéressées peuvent contacter le ministère pour s’inscrire.

Il a également invité les citoyens à contacter la DPC via l’application mobile dédiée, le numéro d’assistance (1739) ou même en se rendant au ministère, dès qu’ils pensent avoir constaté qu’un commerçant augmentait ses prix de façon abusive. Il a enfin indiqué que le ministère préparait un projet de loi visant à renforcer les moyens de la DPC pour contrôler les prix et sanctionner les contrevenants.



Pour mémoire
Les boulangers protestent contre la hausse du prix de la farine


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