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Culture - Exposition

Rana Bulbul s’interroge sur l’être en changement

Jeune artiste autodidacte, elle essaye de traduire, en couleurs, teintes et impressions, les fluctuations de cette conscience altérée de l’homme qui grandit et se transforme.


Rana Bulbul peignant dans la rue lors de la thaoura. Photos DR

Elle s’est longtemps cherchée. Depuis son enfance, où elle questionnait le cosmos, les constellations mais aussi les métamorphoses de l’homme ainsi que les marées hautes et basses de sa vie, Rana Bulbul s’est enfin retrouvée. La jeune graphiste diplômée de la LAU s’est mise à peindre d’abord pour elle-même. « Je n’avais pas suivi de cursus académique », avoue-t-elle. Mais par la suite, réalisant que ce médium lui convenait parfaitement, elle a continué à avancer, à trébucher parfois, mais aussi à se corriger. « Je me suis toujours approfondie dans ma spiritualité. D’ailleurs, je suis consciente depuis mon enfance que l’être est en perpétuel changement et que l’esprit suit également les métamorphoses physiques du corps. Mon travail d’aujourd’hui n’est pas comme celui d’hier et certainement pas comme celui de demain », assure cette artiste qui présente à l’hôtel Alife, Sodeco, une série de ses toiles récentes jusqu’au 25 février.

Tournants de vie

Lorsqu’en 2016, un artiste lui conseille d’exposer ses toiles, elle accepte, et voyant que l’expérience est réussie, elle se met de nouveau à peindre. « J’ai alors compris que j’étais moi-même dans ces toiles. » Aussitôt, l’an dernier, elle abandonne sa carrière de graphiste et se consacre entièrement à la peinture. La jeune femme ne revendique aucune influence. Elle ne veut pas non plus être enfermée par des règles académiques. Elle préfère suivre son intuition et le regard des autres. Ce regard qui vous apprend à vous dévoiler vous-même. Elle va alors plonger dans les vagues de cette mer tourmentée aux flots obscurs, dont les vagues se brisent sur le récif. Dans cette autre mer aux teintes plus sombres et qui évoquent pour elle le berceau de l’humanité. Dans cette noirceur comme celle du terreau où la graine enfouie peut mieux grandir. Elle plonge également dans les yeux de ses personnages. Ils sont grands ouverts sur le monde. Elle s’y intériorise et peut ainsi mieux comprendre, mieux révéler les douleurs et les complexités de l’être. « Je donne à voir la relation qui nous lie à la nature et mes couleurs de prédilection sont le bleu et le blanc, toutes deux des couleurs limpides et claires. Ainsi, si la nature meurt parfois avec violence pour mieux renaître à chaque saison, l’homme aussi doit souffrir pour mieux se transcender. » Une série de femmes, nimbées de lumière et d’une blancheur céleste, en témoigne. « Je suis confiante, poursuit l’artiste, que cette thaoura que nous vivons dans notre pays, même si elle a été violente par moments, balaiera toutes les salissures sur son passage. C’est certainement pour une meilleure naissance. Tout comme cette mer que je reproduis et qui se nettoie avec ses propres vagues. » Rana Bulbul en est aujourd’hui à sa seconde exposition solo. Durant la thaoura, elle a été l’une des artistes qui ont peint dans la rue. Mais c’est avec un grand regret qu’elle doit partir exposer ses œuvres ailleurs. « Le Liban ne croit pas dans son potentiel artistique, confie-t-elle. Il ne le met pas en avant et c’est un grand dommage. J’ai été invitée à exposer mes œuvres à Dubaï avec un grand artiste indien. Je suis sûre que ce sera encore une fois un tournant dans ma carrière. » Une nouvelle métamorphose.

Jusqu’au 25 février à l’hôtel Alife, Sodeco.


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