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Nos Lecteurs ont la Parole - Abdel Hamid EL-AHDAB

Le « deal du siècle », résultat de la décadence des sociétés arabes

Le « deal du siècle » qu’a présenté le président Donald Trump à la Maison-Blanche, avec un supplément de 81 pages détaillant son contenu et ses caractéristiques, sera-t-il vite oublié ou non ?

Bien avant le « deal du siècle », les États-Unis avaient reconnu Jérusalem comme capitale de l’État d’Israël ainsi que l’annexion de la plupart des régions du Golan. Ces deux évènements ont été vite oubliés par les Arabes après une timide réaction qui a confirmé que la cause palestinienne n’est plus la seule et unique cause des Arabes, que chacun des pays arabes a ses propres soucis et problèmes existentiels qui sont plus importants que la cause palestinienne. La Ligue arabe, qui ne joue plus aucun rôle, a tenu sa réunion traditionnelle, et les résolutions prises ont été ajoutées à l’archive des affaires oubliées.

Avant d’examiner les réactions au « deal du siècle », il convient de noter que ce deal n’est qu’un document marquant la victoire d’un gagnant et la défaite d’un perdant ! Il pourrait passer ou pourrait donner l’alarme pour que le monde arabe se livre à l’introspection pour déterminer sa position dans ce monde et comment il a pu arriver à cet abîme dont il ne sortira jamais s’il ne le reconnaît pas explicitement et honnêtement, bien qu’une telle reconnaissance sera bien douloureuse.

Le fait le plus important qu’il faut prendre en considération, c’est que depuis que la plus grande superficie de la Palestine fut occupée en 1948, la politique dans les pays arabes est devenue axée sur cette cause, négligeant ainsi tous les constituants, bases et fondements des sociétés, qu’ils soient politiques ou non, comme la liberté, la culture, la justice, le régime miliaire, le régime policier, la dignité de l’être humain, la religion, la liberté de pensée, l’amélioration du niveau d’éducation, la santé, le système patriarcal, etc. Ainsi, la relation de l’être humain avec sa société et son État dans les pays arabes fut résumée par le titre du livre publié suite à la révolution égyptienne, mentionné dans le dernier article du brillant écrivain Samir Atallah, qui est le suivant : Ce n’est pas ma mère… c’est l’épouse de mon père.

L’accroissement de la population a conduit à une augmentation de l’ignorance et de la pauvreté, l’analphabétisme et l’éducation atteignant des niveaux sans précédent, la classe moyenne disparaissant peu à peu. À cela s’ajoutait une religion dont la source est inconnue, basée sur la violence, légitimant l’esclavage et imposant la polygamie ! Et ce alors que la situation religieuse faisait face aux défis de l’ère et attendait la révolution de la renaissance !

Il est impératif de faire preuve d’une honnêteté absolue, même si elle s’avère douloureuse, pour diagnostiquer cette maladie grave dont la gravité s’accroît avec la propagation du populisme et le déclin du rationalisme, engendrant ainsi l’état pathologique dont souffre l’homme arabe. C’est la raison pour laquelle la relation de l’homme arabe avec sa société et son État n’est pas une relation saine puisqu’elle est une relation de type « Ce n’est pas ma mère… c’est l’épouse de mon père ».

Mais où est ta mère, citoyen arabe, pour qu’elle soit remplacée par l’épouse de ton père ?

Le monde arabe fut soumis pendant quatre siècles au régime ottoman qui était dépourvu de toute pensée et toute liberté ! Ce fut après le tour de l’Occident, suivi par les indépendances des pays arabes. Mais à peine les premiers pas de l’indépendance avaient-ils été franchis que la cause de la Palestine a éclaté, donnant lieu à la première défaite des Arabes. La politique des pays arabes est devenue alors uniquement axée sur la cause palestinienne. Ce fut le début des coups d’État militaires en Syrie, en Egypte, en Irak, au Soudan, en Algérie, en Libye, en Tunisie avec des tentatives infructueuses au Maroc. Ces coups d’État ont conduit à la formation des régimes militaires pour libérer la Palestine.

Le héros de cette opération était Abdel Nasser, un patriote ayant les mains propres, mais qui a donné le pouvoir aux militaires dans tous les domaines ! Il s’est révolté contre l’occupation de la Palestine par le biais de l’armée dont le commandement a été confié à Abdel Hakim Amer pour empêcher n’importe quelle tentative de coup d’État afin que le scénario de Mohammad Mousaddak en Iran ne se répète pas en Égypte. Amer transforma l’armée en une tribu d’affection et de loyauté pour ses services qui l’ont rendu populaire au sein de l’armée mais qui, hélas, n’ont pas formé une armée à la hauteur des slogans lancés par Abdel Nasser pour libérer la Palestine. Cela a été suivi par les évènements de 1967 quand les organisations palestiniennes avaient essayé de faire de la Jordanie une « nation de substitution », mais le génie du roi Hussein les en a empêchés. Ils se sont alors livrés à la guerre civile sanglante au Liban, et la libération de la Palestine a passé par Jounieh et Ouyoun el-Simane !

L’histoire égyptienne se termina par Camp David. Moubarak a succédé au pouvoir après Sadate dont la durée du règne dépassa celle de Farouk, une étape qui fut caractérisée par une corruption qui a engendré la révolution égyptienne. Par la suite, les Égyptiens ont qualifié la révolution de « Ce n’est pas ma mère… c’est l’épouse de mon père ». Entre-temps, sous le régime militaire, les conditions économiques se sont détériorées, et sans le pétrole, dont les Arabes n’ont aucun mérite quant à sa production, le monde arabe, pourtant très riche en ressources naturelles, aurait été dans de pires conditions vu que les militaires ne sont pas faits pour gérer l’économie et engendrer la richesse du pays. La pensée et les libertés devinrent alors du passé ! Malgré le fait que le Liban a intégré officiellement l’arabité lors de sa guerre civile, sa révolution aujourd’hui est contre la décadence, la défaite de la liberté la défaite de la dignité humaine et la corruption au sein d’une démocratie.

Cela fait moins d’un siècle que la cause palestinienne est au centre de la politique arabe, et le résultat fut la perte de la Palestine à trois reprises et avec elle le monde arabe.

Il est temps de prendre conscience de notre maladie afin de la reconnaître, de la diagnostiquer et d’y trouver un remède. Il est temps d’accorder la priorité à la liberté, le rationalisme, la culture, l’ouverture sur le monde, et de revenir à la religion. Il est temps aussi d’écarter la religion de Baghdadi et de Daech de notre éducation et de nos pensées pour faire la paix avec le monde entier !

Donnez-nous les hommes et les femmes, donnez-nous Taha Hussein, Sanhouri, Mohammad Abdo, Saad Zaghloul, Safiyya Zaghloul, Jamila Bou Hayrad, Bint el-Chate’i etc.

Le monde arabe est dans le coma, même la Palestine n’est plus sa cause !

Il nous faut un choc. Seuls les grands hommes sont dans un état de veille qui débouchera sur une renaissance.

Où sont-ils ? Telle est la question !

Avocat

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

Le « deal du siècle » qu’a présenté le président Donald Trump à la Maison-Blanche, avec un supplément de 81 pages détaillant son contenu et ses caractéristiques, sera-t-il vite oublié ou non ? Bien avant le « deal du siècle », les États-Unis avaient reconnu Jérusalem comme capitale de l’État d’Israël ainsi que l’annexion de la plupart des régions du...

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