Le président syrien Bachar el-Assad s'est engagé lundi à poursuivre l'offensive dans le nord-ouest du pays pour "libérer" l'ultime grand bastion tenu par les jihadistes et les rebelles, au lendemain de la reconquête par ses forces des abords de la métropole d'Alep. Ses déclarations lors d'une allocution télévisée interviennent alors que l'ONU réitère ses appels pour un cessez-le-feu dans la région d'Idleb et les territoires attenants, où combats et frappes aériennes ont fait des dizaines de morts mais aussi selon l'ONU plus de 900.000 déplacés depuis décembre.
"La bataille pour la libération des provinces d'Alep et d'Idleb se poursuit, indépendamment des discours criards vides qui viennent du Nord", a lancé le président Assad, en allusion aux avertissements répétés de la Turquie voisine. "La bataille se poursuit pour libérer tout le territoire syrien, éliminer le terrorisme et instaurer la stabilité", a souligné le président.
Les forces gouvernementales ont reconquis dimanche la ceinture de localités entourant la métropole d'Alep, repoussant ainsi jihadistes et rebelles qui tiraient des roquettes sur la deuxième ville de Syrie.
"Nous sommes pleinement conscients que cette libération ne signifie pas la fin de la guerre, ni la chute des complots, ni la disparition du terrorisme, ni la reddition des ennemis", a assuré le président Assad. "Mais cette libération signifie certainement qu'on leur a fait mordre la poussière en prélude à la défaite totale, tôt ou tard", a-t-il martelé.
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Ces derniers jours, les troupes de Damas ont aussi pris le contrôle de tronçons d'une autoroute reliant la ville d'Alep à la capitale. Les forces gouvernementales poursuivent depuis décembre leur offensive dans le Nord-Ouest, appuyées par l'aviation de l'indéfectible allié russe.
Ce sont les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d'el-Qaëda) qui dominent plus de la moitié de la province d'Idleb et des secteurs attenants dans celles d'Alep, de Hama et de Lattaquié. Ces territoires accueillent aussi d'autres groupuscules jihadistes, mais aussi des factions rebelles.
Depuis décembre, près de 900.000 personnes, en vaste majorité des femmes et des enfants, ont été déplacées, selon un nouveau bilan de l'ONU. "Ils sont traumatisés et forcés de dormir dehors par des températures glaciales car les camps (de déplacés) sont pleins. Les mères brûlent du plastique afin de réchauffer les enfants. Des bébés et de jeunes enfants meurent à cause du froid", s'est insurgé lundi dans un communiqué le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires Mark Lowcock. "La violence dans le nord-ouest de la Syrie est aveugle", a-t-il regretté, réclamant un cessez-le-feu, "seule option" selon lui.
Pour des experts, malgré la détermination du régime à reconquérir l'intégralité du bastion d'Idleb, jihadistes et rebelles pourraient préserver une partie de la province, si la Turquie voisine reste déterminée à entraver l'avancée du régime.
Ankara, qui soutient des groupes rebelles, maintient des troupes dans le nord-ouest syrien et y a envoyé des renforts ces derniers jours. Accueillant déjà plus de 3,5 millions de réfugiés, la Turquie craint que l'offensive de Damas ne provoque un nouvel afflux de population vers sa frontière fermée. Illustrant les tensions entre Damas et Ankara, des affrontements d'une violence inédite ont opposé début février les soldats turcs aux forces syriennes dans le nord-ouest.
Ces dernières années, le pouvoir de Damas a multiplié les victoires jusqu'à reprendre le contrôle de plus de 70% de la Syrie. "La bataille se poursuit pour libérer tout le territoire syrien, éliminer le terrorisme et instaurer la stabilité", a souligné lundi le président Assad dans son allocution.
Déclenchée en mars 2011 avec la répression de manifestations pacifiques, la guerre en Syrie a fait plus de 380.000 morts.
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17 h 13, le 18 février 2020