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Monde - Syrie / Éclairage

Ankara baisse le ton face à Moscou

Une délégation turque se rend en Russie aujourd’hui pour discuter d’Idleb dans un contexte tendu entre les deux puissances.

Un convoi militaire turc coincé dans un embouteillage dans un village syrien à la frontière avec la Turquie. Ahmad al-Atrash/AFP

La visite d’une délégation turque à Moscou aujourd’hui remettra-t-elle sur pied le partenariat turco-russe en Syrie ? Celui-ci a été mis à rude épreuve au cours du mois de février, d’abord par la montée des tensions entre Ankara et Damas, puis par l’escalade verbale entre la Russie et la Turquie, alors que les deux puissances avaient œuvré jusque-là à préserver leur relation scellée par une série d’accords relatifs à leurs intérêts respectifs dans la province d’Idleb, dans le Nord-Ouest syrien. La rencontre aujourd’hui fait suite à la visite la semaine dernière de responsables russes en Turquie, qui n’avait abouti à aucun accord concret.

Au début du mois, une crise inédite a vu le jour entre Ankara et Damas, après la mort de 14 soldats turcs en une semaine dans des bombardements de l’artillerie syrienne. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a menacé mercredi dernier de frapper « partout » le régime syrien en cas de nouvelle attaque contre les forces turques dans le Nord-Ouest syrien.

Malgré des intérêts contradictoires sur le terrain, la Turquie, soutien des rebelles, et la Russie, allié de Damas, ont depuis 2016 travaillé au renforcement de leur coopération, au point de parrainer en 2018 un accord prévoyant la cessation des hostilités à Idleb. Les propos acerbes que les deux puissances se sont échangés la semaine dernière tranchent avec l’approche diplomatique à laquelle elles ont eu recours jusqu’à présent. M. Erdogan a ainsi accusé Moscou de participer aux « massacres de civils » aux côtés des forces du régime. De son côté, Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a fustigé l’inaction d’Ankara pour « neutraliser les terroristes à Idleb ». Dans un communiqué, le ministère russe de la Défense a imputé à la Turquie la responsabilité de « la crise à Idleb ». L’enclave dominée par les rebelles et les jihadistes est le dernier bastion de l’opposition au président syrien Bachar el-Assad après près de neuf ans d’un conflit meurtrier ayant fait plus de 380 000 morts et jeté sur les routes de l’exil et du déplacement des millions de réfugiés.


(Lire aussi : Les Turkmènes, le cœur en Syrie, la tête en Turquie)


Accalmie
Malgré ce climat tendu, Ankara semble désormais jouer la carte de la détente. Alors que la province syrienne sert de terrain à l’un de ses plus grands déploiements militaires hors de ses frontières, la Turquie lance des opérations diplomatiques tous azimuts pour trouver une issue à la crise. Ankara fait face à un double enjeu. D’une part, le risque de nouvelles confrontations meurtrières avec l’armée syrienne, et, d’autre part, la concentration de civils fuyant l’offensive militaire du régime syrien à sa frontière. En position de faiblesse jusqu’ici, la Turquie ne semble pas en mesure de maintenir le cap de la confrontation avec Moscou, grand maître à bord. La rencontre d’aujourd’hui pourrait être l’occasion de trouver un accord stable avec Moscou sur Idleb et toutes les provinces du Nord syrien où se trouvent ses troupes. Ankara a d’ailleurs estimé samedi que ses divergences avec la Russie sur la Syrie ne devaient « pas affecter » les relations turco-russes, notamment les livraisons par Moscou de systèmes de défense antiaérienne.

« La délégation turque essayera de clarifier les positions de chaque partie relatives au champ d’opérations des forces armées syriennes et de préparer le terrain pour un prochain accord qui, idéalement, devrait être permanent », affirme à L’Orient-Le-Jour Timur Akhmetov, expert au Russian International Affairs Council. « La délégation turque essayera d’obtenir de la part de Moscou des éléments lui garantissant que les forces de Bachar el-Assad ne se déploieront pas au-delà de l’autoroute M5. L’autre point important est relatif à la manière dont les opérations autour de l’autoroute M4 se dérouleront. Les différentes parties établiront des mesures additionnelles pour éviter une confrontation directe entre les forces russes et turques, compte tenu de la prolifération de systèmes de défense antiaériens mobiles », ajoute-t-il.

Les autoroutes M4 et M5 relient respectivement Alep à Lattaquié et à Damas. Le 8 février, les forces loyalistes se sont emparées de la ville de Saraqeb. Place stratégique, elle est le point d’intersection des deux autoroutes. Elle abrite également plusieurs postes turcs d’observation visés il y a deux semaines par les tirs des forces progouvernementales syriennes.


(Lire aussi : La Turquie menace de frapper les jihadistes à Idleb)


Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a demandé samedi à son homologue russe, Sergueï Lavrov, que le régime syrien cesse d’attaquer le dernier bastion rebelle dans la région d’Idleb. « Les attaques sur Idleb doivent cesser et il est nécessaire d’établir un ultime cessez-le-feu qui ne devra pas être violé », a-t-il déclaré à des journalistes en marge de la conférence sur la sécurité de Munich, durant laquelle il a rencontré M. Lavrov.

Bien qu’en position de force en Syrie, la Russie a intérêt à préserver sa coopération avec la Turquie, qui se manifeste dans les domaines politique, économique, énergétique et sécuritaire. Ce partenariat entre les deux puissances s’est approfondi depuis juin 2016 et la fin des tensions ayant suivi l’abattage d’un avion Sukhoï par la Turquie.

« Moscou veut que le leadership turc s’abstienne de déstabiliser les opérations en cours. Je crois que la Russie va essayer de créer un cadre dans lequel Ankara ne se sentirait pas menacé politiquement. L’image de la Turquie en Syrie s’est considérablement dégradée, et je ne crois pas que Moscou souhaite qu’Ankara soit perçu comme un acteur faible dans le pays, en particulier aux yeux de l’opposition syrienne », avance Timur Akhmetov.

Outre la Russie, la Turquie cherche également à maintenir de bonnes relations avec les États-Unis avec qui elle a de nombreux points de divergence, mais partage des vues similaires concernant Idleb. Dans une conversation téléphonique, M. Erdogan et son homologue américain Donald Trump ont parlé des « moyens de mettre fin à la crise à Idleb dans les plus brefs délais », a annoncé la présidence turque samedi. Les deux chefs d’État ont estimé que « les dernières attaques » des forces gouvernementales dans cette région du nord-ouest de la Syrie étaient « inacceptables », a-t-elle ajouté.



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La visite d’une délégation turque à Moscou aujourd’hui remettra-t-elle sur pied le partenariat turco-russe en Syrie ? Celui-ci a été mis à rude épreuve au cours du mois de février, d’abord par la montée des tensions entre Ankara et Damas, puis par l’escalade verbale entre la Russie et la Turquie, alors que les deux puissances avaient œuvré jusque-là à préserver leur relation...

commentaires (4)

Pendant ce temps on tue heureusement que l’on ne les fait plus passer pour DAECH au moins ils meurent hommes femmes enfants avec leur certificat d’origine. Quel monde atroce!

PROFIL BAS

12 h 53, le 17 février 2020

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Commentaires (4)

  • Pendant ce temps on tue heureusement que l’on ne les fait plus passer pour DAECH au moins ils meurent hommes femmes enfants avec leur certificat d’origine. Quel monde atroce!

    PROFIL BAS

    12 h 53, le 17 février 2020

  • Kil erd ilo janzir

    Sissi zayyat

    11 h 39, le 17 février 2020

  • ERDO LE SERVITEUR DE HIS MASTER,S VOICE !

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    09 h 57, le 17 février 2020

  • C'est terrible , cet Erdogan pensait tenir tête facilement à Saint Vladimir ? C'est insensé !

    Chucri Abboud

    01 h 51, le 17 février 2020

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