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Politique - Commémoration

14 février : le « come-back » souverainiste de Saad Hariri

L’ancien Premier ministre s’est entretenu avec Walid Boukhari, pour la première fois depuis 2018.


Une vue des préparatifs pour la cérémonie du 14 février à la Maison du Centre. Photo Nabil Ismaïl / « an-Nahar »

C’est une cérémonie particulièrement attendue que le courant du Futur tient cet après-midi pour la quinzième commémoration de l’assassinat de Rafic Hariri, ancien Premier ministre, le 14 février 2005.

Les regards seront naturellement braqués sur le discours que prononcera son leader, Saad Hariri, lors de la cérémonie. Et pour cause : les milieux politiques s’attendent à ce que l’ancien Premier ministre se livre à une virulente diatribe contre le Courant patriotique libre et son chef Gebran Bassil. Il consacrera ainsi la rupture du compromis présidentiel une fois pour toutes, détaillant par la même occasion les motifs de cette décision. Il définira aussi les grandes lignes de son action politique durant la prochaine phase. Il s’agira donc de ce qu’un observateur politique qualifie d’« un come-back souverainiste de M. Hariri ».

Mais il serait peu rigoureux de réduire la quinzième commémoration du 14 février 2005 au discours de Saad Hariri. D’autant que l’événement en soi est porteur de plusieurs messages politiques et symboliques. Il s’agit de la toute première fois que la cérémonie se tient à la Maison du Centre, et non au BIEL à Beyrouth. Elle aura lieu en l’absence de représentants du Hezbollah et du CPL. Le Tribunal spécial pour le Liban a accusé quatre membres du parti chiite de se tenir derrière l’assassinat de Rafic Hariri. Il est donc normal que le Hezbollah soit absent de l’événement. Mais c’est la première fois, depuis la mise sur pied du compromis élargi de 2016, que la cérémonie se tient en l’absence de représentants du CPL. Une autre façon de consacrer la rupture entre les deux formations.

En revanche, les faucons du Futur, à l’instar de Fouad Siniora, compagnon de route de Rafic Hariri et ancien Premier ministre, seront présents à la cérémonie. Le parti y a, en outre, convié des protagonistes et personnalités hostiles au pouvoir en place et à la ligne politique actuelle. Il s’agit surtout des alliés traditionnels de Saad Hariri, à savoir les Forces libanaises, le Parti socialiste progressiste, les Kataëb et le Mouvement de l’indépendance de Michel Moawad. Même le mouvement Amal du président de la Chambre Nabih Berry a été invité à la cérémonie, ainsi qu’Achraf Rifi, ancien ministre de la Justice et farouche opposant aux choix politiques haririens depuis l’entrée en vigueur du compromis politique élargi de 2016.



(Lire aussi : Diab face à un premier casse-tête : concilier les exigences internationales et les desiderata du Hezbollah)



Vers une opposition unifiée ?
Bien au-delà des rapports traditionnels liant le Futur à ces partis avec lesquels il converge sur les principes souverainistes et une ligne politique stratégique, c’est par le contexte tendu dans lequel intervient la cérémonie que ce geste haririen en direction des anciens alliés de la Maison du Centre est à interpréter. Il intervient à l’heure où ces protagonistes, tout comme M. Hariri, multiplient les signes d’opposition au pouvoir en place. Le 14 février sera-t-il une opportunité pour former un large front d’opposition face au tandem Baabda-CPL et surtout au Hezbollah ? Pour le moment, les partis concernés préfèrent ne pas trancher cette question en attendant le discours de Saad Hariri. Selon un responsable FL contacté par L’Orient-Le Jour, la mise en place d’une opposition unifiée exige une révision politique profonde des rapports perturbés depuis plus de trois ans entre Meerab et la Maison du Centre. Il confie en outre qu’une délégation de députés et d’anciens ministres du parti fera acte de présence cet après-midi, dans la mesure où il s’agit « d’un événement à portée nationale auquel les FL tiennent à prendre part », explique-t-il sans trancher la question de la présence ou non du leader des FL, Samir Geagea, pour des raisons de sécurité.

De même, les milieux de Moukhtara s’abstiennent de se prononcer au sujet de la participation du chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt à la cérémonie. « Mais aussi bien le PSP que le Rassemblement démocratique prendront part à l’événement », précise Bilal Abdallah, député joumblattiste du Chouf, tout en excluant un retour à la polarisation entre les camps du 8 et du 14 Mars.

Quant au parti Kataëb, il sera représenté par Alain Hakim, ancien ministre de l’Économie, délégué également par Amine Gemayel, ancien chef de l’État. À son tour, Nayla Moawad se rendra à la Maison du Centre, à l’heure où son fils Michel Moawad, député de Zghorta, devrait déléguer un représentant.



(Lire aussi : La scène sunnite, notamment au Nord, et l’influence turque)



Quoi qu’il en soit, Moustapha Allouche, membre du bureau politique du courant du Futur, exclut la formation d’un front d’opposition unifié à la faveur du discours de M. Hariri. Il reste que c’est un Saad Hariri en quête de regain de popularité qui s’exprimera cet après-midi. Un constat que confirme Moustapha Allouche. « M. Hariri s’adressera d’abord au public du Futur qui viendra de Tripoli, Beyrouth, Saïda et de la Békaa, et à la communauté sunnite », déclare-t-il, faisant valoir que la cérémonie constituera « un premier pas vers le retour de M. Hariri à sa base populaire et partisane ».

Entre-temps, c’est un entretien particulièrement symbolique et important que Saad Hariri a eu hier à la Maison du Centre avec l’ambassadeur d’Arabie saoudite à Beyrouth, Walid Boukhari, à la veille de la commémoration du 14 février. Il s’agit de la première rencontre entre les deux hommes depuis 2018. Selon un observateur politique, il s’agit d’une façon pour le royaume wahhabite de confirmer son appui à M. Hariri, qui a décidé de faire face au tandem Baabda-CPL. Une nouvelle position d’appui saoudienne pourrait être prise si une plate-forme d’opposition parvienait à voir le jour, poursuit le même observateur.

À son tour, le Premier ministre Hassane Diab a tenu à adresser un message à son prédécesseur à la veille du 14 février. Dans un communiqué publié hier, le chef du gouvernement a rendu hommage à Rafic Hariri « dont la présence sur le double plan régional et international manque au Liban, pour pouvoir résoudre la crise économique et financière actuelle ». « L’assassinat du martyr a porté atteinte aux rêves des Libanais et constitué un crime à l’encontre de l’avenir du pays », a encore dit M. Diab.



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commentaires (8)

UN INUTILE fils d'un certain destructeur de Beyrouth culturel et social. Vaut mieux feter la St. Valentin ...

aliosha

12 h 39, le 14 février 2020

Tous les commentaires

Commentaires (8)

  • UN INUTILE fils d'un certain destructeur de Beyrouth culturel et social. Vaut mieux feter la St. Valentin ...

    aliosha

    12 h 39, le 14 février 2020

  • "un come back" pourquoi faire ? Il n'est définitivement pas fait pour diriger un gouvernement, on l'a constaté ces derniers temps. Le fait qu'il soit le fils du regretté Rafic Hariri ne veut pas obligatoirement dire qu'il possède les mêmes qualités! Irène Saïd

    Irene Said

    12 h 22, le 14 février 2020

  • Cher Saad Hariri, "Le lion ne se retourne pas quand les chiens aboient." Ne vous retournez pas pour regarder les les agents de l'Etranger, les pilleurs de l'argent public, les corrompus des bateaux turcs, des hydrocarbures offshore et des comptes en Suisse...

    Un Libanais

    12 h 13, le 14 février 2020

  • Je suis profondément désolé de l’écrire mais Mr. Saad Hariri a malheureusement prouvé qu’il n’était pas à la hauteur de la mission qui l’attendait. C’est une triste réalité pour l’héritier naturel du Grand Homme que fut Rafic Hariri

    Lecteur excédé par la censure

    11 h 55, le 14 février 2020

  • USELESS PERSON Vaut mieux se taire que de dire des betises .....

    aliosha

    11 h 34, le 14 février 2020

  • Je ne comprends pas cette addiction chronique à la politique et au pouvoir de Mr HARIRI. Il a fait partie d'un pouvoir qu'il a cautionné et avec qui il a partagé les causes qui ont amené le pays là où il se trouve aujourd'hui. Il n'est donc plus crédible et devra définitivement s'écarter de la politique. A moins que ça soit par esprit de revanche.

    Citoyen

    10 h 49, le 14 février 2020

  • IL NE FALLAIT PAS QU,IL LAISSE LES CHOSES PRENDRE CE COURS. IL AURAIT DU PRESIDER UN GOUVERNEMENT QUI AURAIT EUT PAR SA PRESENCE LA CONFIANCE REQUISE INTERNATIONALEMENT.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 24, le 14 février 2020

  • Mieux vaut tard que jamais pour corriger les erreurs mortelles: Compromis présidentiel de 2016 et autres ententes consensuelles intervenues depuis les élections du printemps 2005. Mais ............. Monsieur Hariri pourra difficilement ressusciter un Liban qui agonise suite à une mauvaise gestion politique dont il est en partie responsable au même titre que toute la caste politique aujourd'hui rejetée en bloc par un peuple qui n'est plus dupe.

    COURBAN Antoine

    08 h 13, le 14 février 2020

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