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Politique - Partis

Hariri tracera les grandes lignes de sa future politique dans son discours du 14 février

L’ancien chef de gouvernement va consacrer la rupture du compromis présidentiel, tout en cherchant des alternatives avec les composantes de l’opposition.

Saad Hariri, prononçant un discours lors d’une commémoration de l’assassinat de son père, Rafic Hariri. Photo d’archives AFP

À la veille du 14 février, l’attention est portée sur le discours que doit prononcer demain l’ancien chef de gouvernement, Saad Hariri, à l’occasion de la 15e commémoration de l’assassinat de son père, l’ex-Premier ministre Rafic Hariri, dans un contexte de colère populaire que la confiance du Parlement obtenue mardi à l’arraché par le nouveau gouvernement n’a fait qu’amplifier. M. Hariri devrait, à cette occasion, consacrer la rupture du compromis présidentiel et réitérer ses violentes critiques contre le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil. « Saad Hariri compte parler ouvertement à son public, revenir sur les étapes passées et indiquer dans quelle direction se dirigera le courant du Futur. Il va esquisser une feuille de route pour l’avenir », affirme à L’Orient-Le Jour Rola Tabch, députée de la formation. L’intervention de M. Hariri aura lieu à la Maison du Centre, officiellement pour la symbolique que celle-ci représente, mais plus probablement en raison du risque de ne pas voir remplie la salle du BIEL dans laquelle a lieu de coutume la commémoration du 14 février. Le chef du courant du Futur semble en effet pâtir d’une certaine diminution de sa popularité dans la rue sunnite, situation qu’il devrait évoquer vendredi en tendant la main à sa base populaire. Il devrait surtout parler de l’état déplorable dans lequel se trouvent ses relations avec le CPL, considéré comme « le parti du mandat ». Il devrait, en outre, se pencher sur ses liens avec les autres formations-clés de l’opposition, avec lesquelles il voudrait coordonner plutôt que se polariser sur un mouvement du 14 Mars dépassé.

Le discours de M. Hariri interviendra après que le chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, eut laissé penser mardi dans un tweet qu’il était enclin à rejeter le mandat du président Michel Aoun et à se rapprocher de la contestation, sans être chaud pour autant à organiser un pôle tripartite (avec le courant du Futur et les Forces libanaises).


(Lire aussi : Diab face à un premier casse-tête : concilier les exigences internationales et les desiderata du Hezbollah)


Une opposition élargie

Selon une source du courant du Futur, l’opposition politique n’a pas besoin de se constituer un unique pôle, l’important pour elle étant de définir une vision commune et d’examiner les moyens d’agir de manière efficace afin de chercher des alternatives qui lui permettraient de se maintenir dans une position forte face à la classe dirigeante actuelle et aux côtés des contestataires. Ces alternatives seraient notamment des manières différentes de traiter les questions liées à la justice, à l’économie, aux relations avec les États arabes et occidentaux, après la reconnaissance par les parties alliées d’erreurs commises sur ce plan. Les réunions entre le Futur et le PSP se sont d’ailleurs intensifiées ces derniers temps pour construire dans ce sens « une opposition constructive et positive », selon les termes mêmes de Bilal Abdallah, député du parti joumblattiste.

Au-delà de ces réunions, le PSP chercherait, tout comme le Futur, à vivifier les relations entre les anciennes composantes du 14 Mars, d’autant que selon un responsable du parti de Walid Joumblatt, ces composantes « se sont suffisamment flagellées » par le passé. C’est dans ce cadre que paraît s’inscrire la visite effectuée mardi par le député Marwan Hamadé à Meerab. Joint par L’Orient-Le Jour, ce dernier n’a pas souhaité faire de commentaires, mais un cadre des FL affirme que M. Hamadé « est attaché à unifier la position politique entre toutes les composantes souverainistes ». « À la veille du 14 février, il a pris l’initiative de rencontrer Samir Geagea pour insister sur la nécessité de régler les anciens conflits et rapprocher les points de vue afin d’éviter de nouvelles querelles. » Des sources interrogées par L’OLJ parlent même d’une coalition d’opposition plus élargie, que rejoindrait de manière ponctuelle le président du Parlement, Nabih Berry. Elle souhaiterait œuvrer pour l’organisation d’élections anticipées – une des revendications du mouvement de contestation –, qui, affirment ces sources, pourraient affaiblir le CPL et provoquer l’organisation d’une élection présidentielle.


(Lire aussi : La scène sunnite, notamment au Nord, et l’influence turque)



Pour revenir au discours de M. Hariri, celui-ci ne ménagera pas le CPL et son chef, selon une source du Futur, d’autant qu’il a fait lundi une sorte d’entrée en matière en se demandant si ce parti avait accompli « une seule chose pour le pays et son économie ». L’ancien Premier ministre compte aussi proclamer officiellement la fin du compromis présidentiel, en exposant tant les raisons qui ont conduit à sa conclusion que celles ayant provoqué sa rupture.

Pour ce qui est du dossier des armes illégales, M. Hariri devrait l’évoquer, mais du point de vue régional et international, plutôt que dans son angle intérieur, afin de ne pas entrer dans une polémique avec le Hezbollah et supprimer toute chance de dialogue, selon la source du Futur. Il s’agira, comme l’a fait le député Michel Moawad lors de la séance du vote de confiance, d’insister sur le principe de distanciation dans un souci de préserver de bons liens avec tous les États, ajoute cette source. Selon elle, cette décision de M. Hariri de ménager le Hezbollah est en contradiction avec l’opinion de certains cadres de son parti, qui se disent convaincus que le maintien des armes illégales conduira inévitablement à l’effondrement du pays. Dans un livret publié hier et portant notamment sur les politiques économiques de son père Rafic Hariri, l’ancien Premier ministre a dénoncé « les guerres israéliennes et leurs conséquences, l’impact des armes illégales sur la vie politique, les guerres régionales dans lesquelles des Libanais se sont impliqués et l’ingérence étrangère dans les affaires intérieures », sans citer nommément le Hezbollah.



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commentaires (6)

Il prend l'eau de toute part le Hariri : pas d'allies Chretiens, une grosse defiance avec les Chiites, une valse-hestiation avec Jumblatt et une haine avec le reste des Druzes. Il perd beaucoup chez les sunnites du nord et pas mal a Beyrouth. Les appuis internationaux en capilotade, les poches crevées et une accusation de paresse assez legitime. Meme pas sur que Richelieu puisse se sortir d'un truc comme ca .

Lebinlon

18 h 02, le 13 février 2020

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Commentaires (6)

  • Il prend l'eau de toute part le Hariri : pas d'allies Chretiens, une grosse defiance avec les Chiites, une valse-hestiation avec Jumblatt et une haine avec le reste des Druzes. Il perd beaucoup chez les sunnites du nord et pas mal a Beyrouth. Les appuis internationaux en capilotade, les poches crevées et une accusation de paresse assez legitime. Meme pas sur que Richelieu puisse se sortir d'un truc comme ca .

    Lebinlon

    18 h 02, le 13 février 2020

  • L'octroi de la nationalité libanaise , en vertu du Deal du Siècle, à nos réfugiés palestiniens , renforcera bientôt la rue sunnite , et fera des chrétiens des marginaux dans leur propre pays .

    Chucri Abboud

    12 h 41, le 13 février 2020

  • Et la corruption dans tout ça ? On oublie ? Le Liban aurait-il foiré sa " révolution" , on nous remet Hariri joumblatt Berry geagea sur le plateau ????? Happy Valentine !

    FRIK-A-FRAK

    12 h 20, le 13 février 2020

  • "Des sources parlent même d'une opposition plus élargie, que rejoindrait de manière ponctuelle Nabih Berri". En gros la "nouvelle stratégie" de Hariri-Joumblatt serait de cibler uniquement le CPL et de ménager le + possible Amal et le Hezbollah.. Voilà qui rappelle des mauvais souvenirs.. Juin 2005, l'Alliance quadripartite qui a poussé Aoun dans les bras du 8 mars et marqué le début de la fin du 14 mars. Il est largement temps que les Forces Libanaises rompent définitivement cette alliance avec Hariri-Joumblatt devenue totalement inutile et très nuisible. Et que l'alliance de la bande des quatre aille dans la même poubelle de l'histoire que le CPL.

    Citoyen libanais

    10 h 07, le 13 février 2020

  • Ses critiques qui visent le CPL aujourd'hui ne font que remonter une partie de la population contre ce parti. Ça aurait été plus juste et plus utile de faire de l'opposition et de la critique au moment où il participait au même gouvernement. Aujourd’hui il n'est plus crédible et la mémoire du peuple n'est pas si courte que sa vision en politique.

    Citoyen

    10 h 02, le 13 février 2020

  • Tant qu'il ne traitera pas du veritable problème, c'est à dire l'urgence d'établir une stratégie nationale de défense, il nagera à contre-courant. C'est ainsi que l'on marque son empreinte dans l'Histoire. Par des decisions courageuses.

    Tabet Karim

    09 h 20, le 13 février 2020

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