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Politique - Contestation

Mohammad Bzeih, un « militant qui dérange », libéré après 24 heures de détention

Après l’arrestation de cinq militants à Saïda, la contestation dénonce une tentative de confisquer les places de la révolution et menace d’escalade.

Le contestataire Mohammad Bzeih a été détenu plus de 24 heures, sans raison, à la caserne Hélou. Photo tirée de Facebook

L’activiste Mohammad Bzeih, arrêté mardi par les forces de l’ordre dans la région de l’Escwa à Beyrouth, alors qu’il participait aux manifestations organisées pour bloquer les accès au Parlement, a été libéré hier dans l’après-midi. Détenu à la caserne Hélou, le militant, l’une des figures emblématiques de la contestation populaire du 17 octobre 2019, membre de la section estudiantine du Parti communiste libanais, selon l’ANI, a été arrêté avec cinq autres manifestants. Dans les heures qui ont suivi cette arrestation, tous les autres détenus ont été libérés. Et aucune poursuite n’a été engagée contre eux. Mais le jeune homme, connu pour son franc-parler et ses critiques virulentes à l’égard du pouvoir, a été retenu pour la nuit. Il a été libéré peu avant le sit-in qui devait se tenir hier à 18 heures devant la caserne Hélou pour réclamer sa libération.


« Mesures non justifiées »

« Mohammad Bzeih est particulièrement ciblé par les forces de l’ordre. Mardi, il se trouvait sur place avec tous les manifestants, avec pour objectif de bloquer les routes du Parlement pour empêcher les députés de voter la confiance au gouvernement » de Hassane Diab, explique à L’Orient-Le Jour l’activiste et cinéaste Lucien Bourjeily, qui estime que « le militant dérange probablement » (le pouvoir), car « il fait partie de ces contestataires mobilisés contre les banques et prend souvent la parole dans les mégaphones ». Le cinéaste ne manque pas à ce propos de dénoncer les exactions commises par les forces de l’ordre contre les manifestants. « Certains manifestants isolés du groupe ont été sauvagement battus », dénonce-t-il, commentant la vidéo devenue virale qui circule sur les réseaux sociaux de membres de la police qui tabassent sans retenue un jeune contestataire.

Également contacté par L’OLJ, l’un des membres du comité d’avocats de défense des révolutionnaires, Me Ayman Raad, dénonce « la détention prolongée de 24 heures et sans raison » du militant Mohammad Bzeih. « Il a été gardé exprès dans le cadre de mesures non justifiées », regrette-t-il, qualifiant cette décision de « stupide », et affirmant que plus aucun manifestant n’est détenu à Beyrouth.


(Lire aussi : Malgré la répression et le vote, les manifestants reprennent confiance)



Cinq arrestations à Saïda

Me Raad révèle par contre qu’à Saïda, cinq nouvelles arrestations ont été enregistrées par le comité d’avocats de défense des contestataires, portant à huit le nombre de manifestants détenus dans cette ville depuis mardi. « Ces nouvelles arrestations par les services de renseignements de l’armée seraient liées, dit-on, au caillassage du convoi du député Salim Saadé, lequel a été blessé », note-t-il. Parmi les détenus, Mohammad Hathout, Farès Slika, Rabih el-Masri, tous trois de nationalité libanaise, et Ahmad Abdel Rahim, syro-palestinien. Les cinq hommes sont détenus à la caserne Zgheib dans la capitale du Liban-Sud.


(Reportage : À Zokak el-Blatt, les motards de Khandak caillassent les manifestants et... escortent les voitures des députés)



Les contestataires de Saïda n’ont pas tardé à réagir, menaçant d’escalade au cas où les révolutionnaires ne seraient pas incessamment libérés. Dans un appel aux protestataires, ils ont fait état de l’arrestation de plusieurs des leurs par les services sécuritaires. « C’est une tentative claire de nous empêcher de poursuivre notre mouvement et de nous intimider », dit l’appel, dénonçant une « tentative de confisquer les places de la révolution ». Un autre activiste, Ali Chebli, a par ailleurs été arrêté par les services de renseignements de l’armée à Zahlé et conduit à la caserne d’Ablah, selon notre correspondante dans la Békaa Sarah Abdallah. Les critiques liées à l’usage de la force contre les manifestants ont fait réagir le ministre de l’Intérieur, Mohammad Fahmi, qui a affirmé que « les forces de sécurité n’ont pas fait usage de la force contre les manifestants ». Mais selon un décompte de la Croix-Rouge libanaise, les échauffourées ayant marqué les manifestations de mardi ont fait plus de 370 blessés. Les contestataires espéraient empêcher les parlementaires d’accéder au Parlement et de voter la confiance au gouvernement dirigé par Hassane Diab. Mais le quorum a été atteint et le cabinet a finalement obtenu la confiance.


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