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Économie - Crise

Bank Audi favorable à la légalisation du contrôle des capitaux

Afin de sortir le pays de la crise, l’établissement bancaire appelle le gouvernement à solliciter l’aide du FMI, ainsi que des mesures permettant une baisse des déficits jumeaux.

Le siège de Bank Audi au centre-ville de Beyrouth. Photo D.R.

Bien que les indicateurs financiers libanais virent au rouge depuis plusieurs mois, un « atterrissage en douceur » est possible si certaines réformes sont mises en place, a soutenu Bank Audi dans son dernier rapport trimestriel consacré à la crise financière et économique que traverse actuellement le Liban. La banque estime que la croissance a été de -2 % en 2019 et qu’elle sera négative en 2020, sans toutefois s’avancer sur une prévision précise.

Bank Audi recommande tout d’abord l’instauration d’un contrôle légal des capitaux, en y voyant l’une des principales mesures devant être prises rapidement par l’exécutif pour répondre à la crise actuelle, estimant qu’une harmonisation des mesures de contrôle de capitaux protégera les banques et les déposants.


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Des mesures informelles de contrôle des capitaux, qui varient d’une banque à l’autre, et d’un client à l’autre, ont été progressivement mises en place depuis le début de la crise de liquidités en septembre, mais le fait qu’elles ne soient pas légales et harmonisées n’a fait qu’accentuer la panique et créer une inégalité de traitement entre les déposants. Les réserves en devises de la Banque du Liban ont diminué de 2,4 milliards de dollars en 2019. Ce qui a poussé la BDL à diminuer la circulation des dollars dans l’économie. La raréfaction du billet vert a haussé le cours du dollar sur le marché parallèle, où il a dépassé les 2 000 livres, et le taux interbancaire au jour le jour a atteint les 100 %. Officiellement, la valeur de la livre est ancrée sur le dollar depuis 1997 à 1507,5 livres pour un dollar.

En officialisant le contrôle des capitaux à travers une loi, Bank Audi espère que ces mesures permettront aussi d’assurer « la stabilité su système financier », qui a connu une baisse de ses dépôts de 8,8 % en glissement annuel à fin décembre 2019, soit une diminution de 15,4 milliards de dollars, dont 11,4 milliards uniquement durant le dernier trimestre de l’année. La baisse a été plus significative pour les dépôts en livres. La banque suggère de plafonner dans le même temps les taux d’intérêt à 3 % sur les dépôts en livres et en devises étrangères.

Bank Audi appelle également le gouvernement à solliciter l’aide financière du Fonds monétaire international (FMI), en lui recommandant de réclamer une enveloppe de 8,8 milliards de dollars, qui serait versée de manière trimestrielle à compter de 2021. Ce montant représente 10 fois celui de la quote-part du Liban au FMI, qui s’élève à 880 millions de dollars.

En parallèle, la banque exhorte le nouveau gouvernement à mener les ajustements budgétaires à travers des mesures d’austérité qui permettraient de réduire les dépenses d’au moins 20 % ; la lutte contre l’évasion fiscale et l’augmentation de la pression fiscale (considérée comme relativement basse) ; et la réforme du secteur de l’électricité en assurant le courant 24h/24 en 2021 tout en augmentant les tarifs de 45 %.


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Bank Audi recommande également de privatiser certains établissements publics et entreprises appartenant à l’État, tels que les télécoms, la Middle East Airlines (MEA) ou encore le Casino du Liban, ce qui rapporterait plus de 10 milliards de dollars. Cela permettra selon la banque de baisser le stock de la dette publique et in fine du service de la dette.

Le problème du déficit de la balance des paiements doit être l’une des priorités du gouvernement, selon Bank Audi, qui estime qu’il est possible de le résorber complètement à travers une baisse de 40 % des importations et une hausse de 20 % des exportations, même dans le cas où les entrées de capitaux diminuent de 25 % en 2020. Elle demande ainsi de mettre en place des restrictions sur les importations qui ont des substituts nationaux, de faciliter le financement de l’accès aux matières premières pour la production locale, et d’imposer un contrôle légal des capitaux incluant des mesures plafonnant les transferts « urgents » à l’étranger et ceux des travailleurs étrangers résidant au Liban. Le déficit de la balance commerciale a diminué en glissement annuel, grâce à une baisse de 3,7 % des importations, et une hausse des exportations de 26,5 %, impliquant une baisse du déficit commercial de 8,9 %.

Bank Audi revient sur l’année 2019 « chaotique » pour les marchés financiers au Liban à cause notamment de la dégradation de la note souveraine par les trois principales agences de notation. Fitch et Moody’s l’ont dégradée deux fois cette année, respectivement à « CC » et à « Caa2 », et Standard & Poor’s l’a abaissée à « CCC ». En conséquence, le prix des eurobonds sur le marché secondaire a baissé de 8 et 38,13 points pour les titres arrivant à maturité en 2020 et 2037. Les CDS, qui mesurent le coût d’une assurance contre un défaut de paiement, ont augmenté de 1 649 points, montrant ainsi une baisse de la confiance des investisseurs. Sur le marché boursier, le prix des actions à la Bourse de Beyrouth a diminué en moyenne de 16,9 % durant l’année, tandis que leur rendement moyen pondéré a abaissé de 30 % à fin 2019, et même de 40 % à fin janvier 2020.



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commentaires (5)

Si la Bank Audi et similaires n’avaient pas octroyé des intérêts excessifs pour attirer des nouveaux clients les contraignant à placer tous ces dépôts auprès de la BdL au lieu de les conserver auprès de leurs correspondants à l’étranger, on n’aurait pas abouti à la situation actuelle. Une fois de plus on demande aux citoyens d’assumer les erreurs des autres. Par ailleurs, je me demande si les dépôts des actionnaires et des dirigeants de Bank Audi ou similaires sont encore au Liban ou bien a l’abri dans des paradis fiscaux

Lecteur excédé par la censure

09 h 57, le 08 février 2020

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Commentaires (5)

  • Si la Bank Audi et similaires n’avaient pas octroyé des intérêts excessifs pour attirer des nouveaux clients les contraignant à placer tous ces dépôts auprès de la BdL au lieu de les conserver auprès de leurs correspondants à l’étranger, on n’aurait pas abouti à la situation actuelle. Une fois de plus on demande aux citoyens d’assumer les erreurs des autres. Par ailleurs, je me demande si les dépôts des actionnaires et des dirigeants de Bank Audi ou similaires sont encore au Liban ou bien a l’abri dans des paradis fiscaux

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 57, le 08 février 2020

  • Avant la thawra le blanchiment d'argent etait soit disant interdit et ceux qui faisaient du blanchiment oayaient 20 a 30% de commission pour blanchir leur argent ... maintenant le blanchiment est authorise les banques acceptent des montans cash enormes sans aucune preuve et ceux qui ont largent cash blanchissent leur argent en gagnat 20 et 30 % ..... de cette crise ressortiront gagnant une ou 2 banques et tout le monde sait deja lesquelles

    Liliane Boueri

    17 h 51, le 07 février 2020

  • Favorable à la cavalerie qui, au son du clairon et sabre au clair, accourra afin que ses concurrents à peine moins imprudents ne puissent pas tirer avantage de sa déconfiture plus rapide

    M.E

    14 h 37, le 07 février 2020

  • ILS VEULENT LEGALISER LA DEVALISATION DES DEPOSANTS LIBANAIS LOCAUX ET CEUX DE LA DIASPORA. LES VOLEURS !

    JE SUIS PARTOUT CENSURE POUR AVOIR BLAMER GEAGEA

    10 h 10, le 07 février 2020

  • Quand la politique et l'économie se mélangent difficile de voir la FMI venir aider la Liban qui a choisi de s'isoler du Monde .

    Antoine Sabbagha

    08 h 12, le 07 février 2020

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