L’appel à manifester a fait le tour des réseaux sociaux : aujourd’hui, devant le Palais de justice de Beyrouth, les journalistes et les militants de tous bords sont appelés à soutenir, dès 9h, le journaliste Moussa Assi, qui collabore à la chaîne régionale al-Mayadeen et au quotidien an-Nahar, et qui doit être entendu par le juge pénal unique ce matin.
Si le journaliste a été convoqué pour interrogatoire devant le juge pénal unique de Beyrouth, c’est en raison de deux plaintes déposées contre lui simultanément et séparément par le Conseil supérieur chiite et par Randa Berry, épouse du président du Parlement, en mars 2019, un mois après qu’il ait publié deux posts sur Facebook que les deux parties ont jugés « diffamatoires » et « attisant les dissensions confessionnelles ».
« Mon post sur le Conseil supérieur chiite portait sur la vente illégale de biens du wakf, explique Moussa Assi à L’Orient-Le Jour. Je dispose bien sûr de tous les documents qui corroborent mes dires, ils avaient d’ailleurs été présentés antérieurement sur la chaîne al-Jadeed. Et pour avoir révélé cela, le CSC a estimé que j’avais » attisé les dissensions confessionnelles… Et pour ce qui est de Randa Berry, elle s’insurge contre un post où elle n’était même pas directement visée. Dans ce message, je critiquais une déclaration du mufti jaafari qui plaidait contre le mariage civil, estimant qu’il portait atteinte à l’intégrité de la famille. Et j’ai fait le parallèle avec une déclaration de Mme Berry sur la corruption. Cela ne lui a apparemment pas plu. »
Pour deux posts sur Facebook, le journaliste se retrouve donc devant le parquet pénal. L’ordre des journalistes a publié hier un communiqué pour dénoncer cette convocation. Son président, Joseph Kossaïfi, affirme à L’OLJ que « la position de l’ordre est inchangée, les journalistes ne doivent comparaître que devant le tribunal des imprimés, et nous leur avons conseillé de ne pas accepter de comparaître devant d’autres tribunaux ». Il fait valoir l’acquis obtenu par les journalistes à travers la loi sur les imprimés, qui remplace l’emprisonnement ou la détention par une amende. Il insiste également sur le fait que « l’ordre offre ses services d’assistance légale aux journalistes en cas de poursuites ».
Pour sa part, Moussa Assi fait valoir que « ce sont des journalistes indépendants qui ont organisé le sit-in de soutien demain (aujourd’hui) devant le Palais de justice », jugeant la réaction de l’ordre des journalistes « tardive ». Pourquoi a-t-il accepté de comparaître devant le tribunal pénal ? « J’ai prévu de me rendre à la séance d’interrogatoire en compagnie de mon avocat et nous demanderons que l’affaire soit transférée au tribunal des imprimés », répond-il. Il dit s’attendre « que la juge se montre compréhensive ».
Dans l’absolu, le journaliste estime que ce genre de convocations, qui se sont récemment multipliées, sont des intimidations à l’encontre du métier. « J’ai fait l’objet d’une plainte pour des messages sur les réseaux sociaux, que j’avais publiés en ma qualité de journaliste, dit-il. Je considère aujourd’hui que ces réseaux sont autant de supports supplémentaires pour mes idées. Après tout, je n’ai pas pris à parti mon voisin de palier, mais des personnalités publiques qui sont supposées accepter les critiques. »
Il conclut : « Le pays s’effondre et tout ce que l’on trouve à faire, c’est de poursuivre des journalistes et des militants ? »
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Au Liban, on honore les corrompus et on emprisonne les lampistes. L'OLJ 5/2/2020 : Nabih Berry vient de révéler que cinq propriétaires de banques ont transféré 2,3 milliards de dollars de fonds personnels à l'Etranger. "A la Libanaise" Nabih Berry ne donne aucun nom. En France, Jérôme Cahuzac, ancien ministre du Budjet, condamné pour fraude fiscale est en prison. Patrick Balkany, ancien député-maire de Levallois-Perret, condamné pour fraude fiscale, est en prison. Je mets au défi Nabih Berry de donner les noms de ces larrons de notre République topinambourienne qui n'a plus même du tambour.
Un Libanais
17 h 55, le 05 février 2020